Renaissance sous les Cendres
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Chapitre 4

Le dîner fut une torture. Assise à la table familiale, je devais supporter le spectacle de Chloé charmant mes parents. Elle les complimentait sur la maison, sur la cuisine de ma mère, posait des questions intelligentes à mon père sur son travail. Elle jouait le rôle de la fille parfaite, humble et reconnaissante.

« Madame Dubois, votre bœuf bourguignon est incroyable. Ma mère ne cuisine jamais comme ça. »

Ma mère rougissait de plaisir.

« Appelle-moi Hélène, ma chérie. Et sers-toi encore, tu es trop maigre. »

Je la regardais, le cœur lourd. Je voyais clair dans son jeu. Chaque mot était calculé pour gagner leur sympathie, pour s'insinuer dans leur vie. Marc, lui, semblait heureux d'avoir une nouvelle amie à la maison, inconscient du danger qu'elle représentait. Il parlait de son examen, de ses espoirs pour l'université, et Chloé l'écoutait avec une attention feinte, les yeux brillants d'une lueur que je reconnaissais maintenant comme de la pure jalousie.

Le moment que je redoutais est arrivé après le dessert. Mon père, bienveillant et naïf, a dit :

« Bon, il se fait tard. Marc, tu devrais aller te reposer, tu as une grosse journée demain. Chloé, nous t'avons préparé la chambre d'amis. Elle est juste à côté de celle de Marc, tu seras tranquille. »

Mon sang se glaça. C'était le même scénario. Exactement le même. La chambre d'amis. La proximité avec Marc. C'était de là que tout partirait. Dans ma vie précédente, c'est cette nuit-là que Chloé s'était introduite dans sa chambre pour mettre son plan à exécution.

La panique a menacé de m'envahir, mais je l'ai repoussée. Je devais agir. Maintenant.

Alors que ma mère se levait pour débarrasser, je me suis levée aussi, un grand verre d'eau à la main. En passant derrière la chaise de mon père, j'ai fait semblant de trébucher.

« Oh ! »

Le verre d'eau s'est renversé, son contenu se déversant entièrement sur le coussin de la chaise la plus proche... qui se trouvait être celle destinée à la chambre d'amis. En réalité, j'ai "trébuché" en direction du lit de la chambre d'amis, vidant le contenu d'une bouteille d'eau que j'avais cachée dans ma manche. Le matelas était maintenant trempé.

« Oh non ! Je suis tellement désolée ! Quelle maladroite ! »

J'ai joué la confusion et la honte à la perfection.

Ma mère s'est précipitée.

« Ce n'est rien, ma chérie, ça arrive. »

Elle a touché le matelas.

« Oh là là. C'est complètement trempé. Ça ne séchera jamais d'ici ce soir. »

Mon père a soupiré.

« Bon, que fait-on ? »

Chloé regardait le matelas mouillé avec une contrariété à peine dissimulée. Son plan était contrarié.

Mes parents ont échangé un regard.

« Il n'y a pas d'autre solution, » a dit ma mère. « Chloé, tu dormiras sur le canapé dans le salon. Il est très confortable, ne t'inquiète pas. Je vais t'apporter des couvertures et un oreiller. »

Le salon. Au rez-de-chaussée. Loin de la chambre de Marc, à l'étage.

Chloé a dû accepter, forçant un sourire.

« Ce n'est pas grave du tout, Hélène. C'est déjà très gentil de m'accueillir. »

Mais j'ai vu la lueur de frustration dans son regard quand elle a croisé le mien.

Plus tard, avant d'aller me coucher, je suis allée dans la chambre de Marc.

« Bonne nuit, Marc. Concentre-toi bien pour demain. Je suis si fière de toi. »

« Merci, Léa. »

Il a souri, l'air un peu fatigué mais excité.

En sortant, j'ai fait quelque chose que je n'avais jamais fait auparavant. J'ai discrètement poussé le petit verrou de sa porte. Il ne remarquerait probablement rien, mais cela m'offrait une sécurité supplémentaire.

Je suis allée me coucher, le cœur toujours en alerte, mais avec un petit sentiment de victoire. J'avais gagné un peu de temps. J'avais empêché le pire de se produire cette nuit. Mais je savais que Chloé ne renoncerait pas si facilement. La nuit n'était pas encore terminée.

                         

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