L'Héritage Brisée d'Hélène
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Chapitre 2

Le lendemain matin, Hélène appela le Professeur Laurent. C'était le plus vieil ami de son père, un homme qui l'avait vue grandir et qui était comme un oncle pour elle. Elle avait besoin de parler à quelqu'un de confiance, quelqu'un qui comprenait le monde de son père.

Elle le retrouva dans son bureau à l'université, un endroit rassurant rempli de livres anciens et d'odeurs de papier et de poussière. La lumière du matin filtrait à travers les hautes fenêtres, illuminant les cartes et les artefacts qui décoraient les murs.

« Hélène, ma chère enfant, » dit le professeur en se levant pour l'accueillir. « Tu as l'air troublée. Assieds-toi. Un thé ? »

Hélène hocha la tête, reconnaissante. Elle s'assit et attendit que le professeur lui serve une tasse fumante.

« Professeur, » commença-t-elle d'une voix un peu tremblante, « je dois vous parler de quelque chose. Ça concerne Marc. Et les recherches de mon père. »

Elle lui raconta l'obsession grandissante de Marc pour la carte, son changement de comportement, son ambition dévorante. Elle ne mentionna pas la scène de la veille ni sa décision de rompre, mais elle laissa transparaître son inquiétude.

« Il veut organiser une nouvelle expédition, » expliqua-t-elle. « Il a trouvé des investisseurs. Il dit que la carte est la clé pour une découverte majeure, une qui pourrait le rendre riche et célèbre. »

Le Professeur Laurent écouta attentivement, son visage se faisant de plus en plus grave. Il posa sa tasse et joignit ses mains sur son bureau.

« Hélène, ton père n'était pas un chasseur de trésors. C'était un scientifique. Si cette carte mène quelque part, ce n'est pas vers une montagne d'or, mais vers une connaissance. Une connaissance qui, entre de mauvaises mains, pourrait être dangereuse. »

Il se pencha en avant, son regard intense fixant celui d'Hélène.

« Ton père m'a parlé de ses dernières recherches avant de partir. Il était sur la piste de quelque chose de... complexe. Quelque chose qui remettait en question une partie de l'histoire que nous tenons pour acquise. Il m'a dit que certaines personnes très puissantes ne voulaient pas que cette vérité soit révélée. Sa disparition... Hélène, je n'ai jamais cru à la thèse de l'accident. »

Les mots du professeur firent écho à une peur qu'Hélène avait toujours refusé de formuler.

« Que voulez-vous dire ? »

« Je veux dire que Marc n'est peut-être pas le seul à convoiter cette carte. Et ses "investisseurs" pourraient être bien plus que de simples hommes d'affaires. Tu dois être prudente. Très prudente. »

Hélène sentit un frisson la parcourir. L'enjeu était bien plus grand qu'une simple trahison amoureuse.

« Je veux partir, » dit-elle soudainement. « Je veux m'éloigner de tout ça. J'ai vu une offre pour une mission de restauration de fresques en Italie. C'est l'occasion parfaite. »

Le professeur la regarda, surpris.

« Partir ? Maintenant ? Hélène, fuir n'est peut-être pas la meilleure solution. Tu laisses le champ libre à Marc. Il aura tout le loisir de mettre la main sur la carte. »

C'était le point crucial. La difficulté que le professeur soulevait était réelle. Mais Hélène avait déjà réfléchi.

« Je ne vais pas fuir, professeur. Je vais me retirer pour mieux préparer ma riposte. Je ne peux pas me battre contre lui ici, maintenant. Il a trop d'influence, il me manipule. J'ai besoin de prendre de la distance, de devenir plus forte. Et la carte... je vais m'assurer qu'il ne puisse jamais la trouver. »

Sa voix était ferme, remplie d'une résolution qui impressionna le vieil homme. Elle se leva et fit quelques pas dans le bureau, s'arrêtant devant une photo de son père, souriant, le visage buriné par le soleil du désert.

« Mon père m'a toujours dit de suivre mon instinct, » dit-elle doucement. « Et mon instinct me dit de partir. Il m'a appris à être une survivante, pas une victime. Je ne laisserai personne salir sa mémoire ou détruire son travail. »

Son téléphone sonna à ce moment-là. C'était Marc. Elle ignora l'appel. Il sonna une deuxième fois. Puis un message arriva.

« Hélène, où es-tu ? On a un dîner ce soir avec les investisseurs. Sois prête à 19h. Et sois présentable. On doit les convaincre. »

L'ordre était clair. Pas de question, pas de discussion. "Sois présentable". Comme si elle était un accessoire. La colère monta de nouveau, mais cette fois, elle était froide et contrôlée.

Elle montra le message au professeur.

« Voilà ce que je suis devenue pour lui. Un outil. »

Elle rangea son téléphone.

« Je vais aller à ce dîner. Je vais jouer le jeu, une dernière fois. Mais mon plan est fait. »

Alors qu'elle parlait, un autre message de Marc arriva, encore plus méprisant.

« Et n'oublie pas d'amener les notes de ton père. Pas les vieilleries illisibles, celles qui sont importantes. Fais le tri. »

Cette fois, il ne s'agissait plus seulement de la carte. Il voulait tout. Les notes, les journaux, l'âme de son père mise sur papier. Il les qualifiait de "vieilleries illisibles". Cette insulte fut la confirmation finale, le dernier clou dans le cercueil de leur relation.

Hélène sentit une étrange paix l'envahir. La décision était prise, le chemin était tracé. Elle n'avait plus de doutes, plus de regrets. Seulement une mission. Elle devait se sauver, et sauver l'héritage de son père. Elle regarda le Professeur Laurent, un faible sourire aux lèvres.

« Ne vous inquiétez pas pour moi, professeur. Je sais exactement ce que je dois faire. »

            
            

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