La Vengeance de la Duchesse
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Chapitre 2

Le lendemain matin, le soleil filtrait à travers les rideaux. J'étais assise devant ma coiffeuse, laissant ma femme de chambre personnelle, Sylvie, brosser mes longs cheveux. Sylvie était la nièce de la gouvernante en chef, Madame Leclerc. Dans ma vie passée, ces deux-là avaient été les yeux et les oreilles de Mireille dans ma propre maison. Sylvie, en particulier, m'avait trahie sans scrupules, espérant grimper l'échelle sociale en servant ma sœur.

Je la regardai dans le miroir. Elle était jeune, avec des yeux vifs et une expression avide qu'elle tentait de dissimuler.

Je pris une décision soudaine qui la fit sursauter.

« Sylvie, » dis-je d'un ton calme. « Tu es douée et intelligente. C'est un gaspillage que tu restes à mon service. »

Elle arrêta de brosser, confuse. « Madame ? »

« Mon mari, Antoine, a besoin d'une assistante personnelle de confiance près de lui, quelqu'un qui puisse s'occuper de ses affaires quotidiennes. Je pense que tu serais parfaite pour ce rôle. »

Le choc sur son visage fut vite remplacé par une lueur d'excitation. Servir directement le maître de la maison ? C'était une promotion inimaginable. Mais la méfiance prit le dessus.

« Mais, Madame... Je suis votre servante. »

« Et tu le resteras dans ton cœur, » dis-je avec un sourire rassurant. « Mais avec ma grossesse, je vais devoir me reposer. Antoine, lui, travaille sans relâche. J'ai besoin de quelqu'un de loyal près de lui pour veiller sur sa santé. Quelqu'un qui me rapportera s'il se surmène. Je te fais confiance, Sylvie. »

Chaque mot était un mensonge parfaitement ciselé. Je me souvenais très bien de la façon dont Sylvie avait rapporté mes moindres faits et gestes à Mireille. Comment elle avait aidé ma sœur à orchestrer des "accidents" qui m'avaient affaiblie pendant ma grossesse. La mettre au service d'Antoine était comme placer une bombe à retardement au cœur du camp ennemi. Elle était ambitieuse, et Antoine était facilement charmé. Je savais qu'elle n'hésiterait pas à utiliser cette position pour son propre gain, et peut-être même pour séduire mon mari.

Parfait. Qu'ils se dévorent entre eux.

Un peu plus tard, je fis part de ma suggestion à Antoine. Comme prévu, il fut d'abord réticent.

« Une simple femme de chambre ? Jeanne, j'ai besoin de gens compétents, pas d'une servante. » Sa voix était teintée de snobisme.

« C'est précisément pour ça qu'elle est parfaite, » répliquai-je doucement. « Elle n'a pas d'ambitions politiques. Elle est la nièce de notre gouvernante, loyale à cette maison. Elle sera discrète. Pense-y, Antoine. Tu seras entouré d'espions de tes rivaux. Avoir quelqu'un de totalement dévoué à notre foyer à tes côtés, ce n'est pas un atout ? »

Je jouai sur sa paranoïa, une faiblesse que je connaissais bien. Il réfléchit un instant, son regard se faisant plus calculateur. L'idée d'avoir une espionne personnelle qui ne dépendait que de lui, et non d'une faction politique, commença à lui plaire.

« Tu as peut-être raison, » admit-il. « Ta prévenance est un trésor. »

L'affaire fut conclue.

Peu après, Madame Leclerc, la gouvernante, vint me voir, le visage rouge de gratitude et de fierté.

« Madame, je ne sais comment vous remercier ! Promouvoir ainsi ma nièce... Vous êtes d'une bonté infinie. Nous vous serons éternellement loyales. »

Je la regardai, un sourire bienveillant figé sur mes lèvres. Éternellement loyales. Quel mot amusant. Leur loyauté allait là où se trouvait le pouvoir. En donnant à Sylvie une chance d'ascension, je venais de m'acheter l'allégeance de sa tante. Madame Leclerc, qui avait autrefois aidé Mireille à me nuire, deviendrait mon pion. Elle surveillerait Sylvie pour moi, et Sylvie, pensant travailler pour Antoine, me donnerait sans le savoir toutes les informations dont j'avais besoin.

« C'est naturel, Madame Leclerc, » dis-je. « Nous sommes une famille. »

Elle quitta ma chambre, le dos un peu plus droit, le pas plus assuré. J'avais planté la première graine de la discorde. Maintenant, il était temps d'aller voir ma chère sœur.

            
            

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