La Vengeance de la Duchesse
img img La Vengeance de la Duchesse img Chapitre 1
2
Chapitre 5 img
Chapitre 6 img
Chapitre 7 img
Chapitre 8 img
Chapitre 9 img
Chapitre 10 img
Chapitre 11 img
Chapitre 12 img
Chapitre 13 img
Chapitre 14 img
Chapitre 15 img
Chapitre 16 img
Chapitre 17 img
Chapitre 18 img
Chapitre 19 img
Chapitre 20 img
Chapitre 21 img
img
  /  1
img

Chapitre 1

La douleur aiguë dans mon bas-ventre, comme un souvenir gravé dans mes os, me réveilla brutalement. C'était la même douleur que j'avais ressentie juste avant de mourir, quand le sang s'échappait de mon corps, emportant avec lui la vie de mon enfant à naître.

Je haletais, mes mains se crispant sur les draps de soie. Mes yeux s'ouvrirent en grand, fixant le plafond orné de moulures dorées. Ce n'était pas l'au-delà froid et sombre que j'avais imaginé. C'était ma chambre. La chambre que je partageais avec mon mari, Antoine Leclerc.

Une voix douce et professionnelle se fit entendre à côté de moi.

« Félicitations, Madame Leclerc. Vous êtes enceinte. Le fœtus est en bonne santé. »

Ces mots. C'étaient exactement les mêmes mots que le médecin m'avait dits dans ma vie antérieure. Le jour où ma grossesse avait été confirmée. Le jour qui avait marqué le début de ma fin tragique.

Je tournai lentement la tête. Le médecin, un homme d'âge mûr au visage bienveillant, me souriait. Je me souvenais de lui. Dans ma vie passée, il avait été le témoin impuissant de ma fausse couche provoquée.

Mon esprit était un tourbillon. Je suis revenue. Je suis revenue à ce point de départ.

Les souvenirs de ma vie passée défilèrent devant mes yeux comme un cauchemar éveillé. Ma demi-sœur, Mireille Dubois, belle et raffinée, avait refusé un mariage arrangé avec Antoine, un aristocrate influent, prétendant vouloir poursuivre un amour véritable. Par devoir familial, j'avais pris sa place. Je l'avais épousé, et contre toute attente, j'étais tombée amoureuse de cet homme ambitieux et charmant.

Puis, je suis tombée enceinte. C'est à ce moment-là que Mireille est revenue. Son amant secret l'avait abandonnée. Elle est revenue en pleurant, se disant repentante. Je l'ai accueillie à bras ouverts, aveuglée par la pitié et l'affection fraternelle.

Quelle idiote j'avais été.

Elle a séduit Antoine sous mon propre toit. Mon mari, si facilement influençable et obsédé par les apparences, est tombé dans son piège. Ils m'ont trahie, ensemble. Leurs actions ont mené à ma mort et à celle de mon bébé. Je me souviens encore des derniers mots de Mireille, prononcés avec un mépris glacial alors que je perdais conscience.

« Toi et ton enfant, vous bloquez mon chemin. »

Une rage froide et pure s'empara de moi, chassant la confusion. Cette fois, les choses seraient différentes. Je ne serais plus la victime naïve. Je serais la marionnettiste.

Le médecin partit, me laissant seule avec mes pensées. Peu de temps après, la porte s'ouvrit en grand. C'était Antoine. Il était aussi beau que dans mon souvenir, grand, avec des cheveux sombres et des yeux qui brillaient d'ambition.

« Jeanne ! Le médecin m'a tout dit ! »

Il se précipita à mon chevet, son visage rayonnant d'une joie exubérante. Il me prit les mains, ses yeux fixés sur mon ventre encore plat.

« Un enfant ! Enfin ! Un héritier pour la famille Leclerc ! C'est merveilleux ! »

Sa joie était si intense, si bruyante. Mais je savais ce qu'elle cachait. Il ne se réjouissait pas pour l'enfant, mais pour ce que l'enfant représentait : la consolidation de son statut, un pas de plus vers le pouvoir qu'il convoitait tant. Dans ma vie passée, cette démonstration d'affection m'avait émue aux larmes. Aujourd'hui, elle me donnait la nausée.

Je forçai un sourire doux et fragile, jouant le rôle de l'épouse comblée.

« Je suis si heureuse, Antoine. »

« Nous devons organiser une grande fête ! Annoncer la nouvelle à tout l'empire ! » s'exclama-t-il, déjà perdu dans ses rêves de grandeur.

C'était le moment. Le premier coup.

« Non, Antoine, pas encore, » dis-je d'une voix faible, posant une main sur son bras. « C'est encore si tôt. J'ai peur que quelque chose arrive. »

Il fronça les sourcils, déçu.

« Mais Jeanne... »

« S'il te plaît, » le suppliai-je, les yeux brillants d'une fausse inquiétude. « Gardons-le secret pour l'instant. Ne le disons qu'à nos familles proches. Je voudrais que ma sœur, Mireille, soit la première à le savoir. Elle serait si heureuse pour nous. »

En prononçant le nom de Mireille, je sentis un goût amer dans ma bouche. Le plan commençait à prendre forme dans mon esprit, clair et précis. Dans ma vie antérieure, leur désir l'un pour l'autre était né de l'interdit, de ce qu'ils ne pouvaient pas avoir. Mireille convoitait mon mari, mon statut. Antoine désirait l'idéal inaccessible que Mireille représentait.

Très bien. Cette fois, je ne serai pas un obstacle. Au contraire, je vais leur paver la voie. Je vais les pousser l'un vers l'autre. Car je sais une chose : ce qui est inaccessible est un idéal, mais une fois obtenu, le désir s'éteint. Et quand ils se lasseront l'un de l'autre, je serai là pour assister à leur chute.

Antoine, touché par ma prétendue considération pour ma sœur, accepta.

« Comme tu voudras, ma chérie. Ta douceur me touche toujours. Nous irons voir ta famille demain. »

Il m'embrassa sur le front et quitta la pièce, probablement pour commencer à planifier discrètement les avantages que cet héritier lui apporterait.

Je restai seule, mon sourire s'effaçant pour laisser place à une expression glaciale.

Mireille. Antoine. Le jeu commence. Et cette fois, c'est moi qui fixe les règles.

            
            

COPYRIGHT(©) 2022