Chapitre 5

Le regard de Marc s'est posé sur moi. Il n'y avait aucune question, aucune hésitation. Seulement une fureur froide et accusatrice. Il a traversé la pièce en quelques grandes enjambées.

Et il m'a giflée.

La deuxième gifle de la soirée, sur la même joue. La douleur était si intense que mes jambes ont fléchi. Si Emma ne m'avait pas rattrapée, je serais tombée.

« Tu n'as donc aucune dignité ? » a-t-il sifflé, sa voix basse et menaçante. « Harceler ma fiancée dans un bar... Tu es pathétique, Léa. »

« C'est faux ! » a crié Emma, se plaçant devant moi comme une lionne protégeant son petit. « C'est cette garce qui l'a provoquée ! Et ce vieux porc l'a frappée ! »

Marc a jeté un regard méprisant à Emma.

« Toi, la ferme. Vous êtes des vipères de la même espèce. Toujours à essayer de causer des problèmes. »

Chloé se cachait derrière Marc, sanglotant doucement. C'était une performance digne d'une actrice oscarisée.

« Marc, laisse tomber... Je ne veux pas d'ennuis. Elle est juste... blessée. »

« Blessée ? Elle est folle à lier ! » a rétorqué Marc.

Emma ne s'est pas laissée démonter.

« Folle ? Tu veux savoir ce qui est fou ? C'est de croire que ta "pure" Chloé est une sainte ! Ouvre les yeux, abruti ! C'est une entraîneuse ! Elle se fait appeler Angelina et elle se tape des vieux pour de l'argent ! »

Le visage de Marc s'est durci. Il a regardé Chloé, qui a secoué la tête avec véhémence, ses larmes redoublant.

« Ce n'est pas vrai ! Marc, ne l'écoute pas ! Elles mentent pour nous séparer ! »

Il l'a crue. Bien sûr qu'il l'a crue. Il a serré Chloé contre lui, la réconfortant.

« Je sais, mon amour. Je sais. Ne t'inquiète pas. »

Puis, il s'est tourné vers moi. La haine dans ses yeux était si intense qu'elle m'a fait frissonner.

« Léa. Jure-moi. Jure-moi que tu ne nous approcheras plus jamais, ni moi, ni Chloé. Jure que tu vas disparaître de nos vies. »

Je l'ai regardé. J'ai regardé l'homme que j'avais aimé, l'homme pour qui j'aurais tout donné. Et je n'ai rien ressenti. Pas de douleur, pas de tristesse. Juste un vide immense et une sorte de pitié.

Un léger rire m'a échappé.

« D'accord. »

Ma réponse l'a surpris. Il s'attendait à des larmes, à des supplications. Pas à ce calme, à ce détachement.

« Je le jure », ai-je poursuivi d'une voix claire et ferme. « Je ne vous dérangerai plus jamais. Vous n'entendrez plus jamais parler de moi. »

Je l'ai regardé une dernière fois, lui et la femme accrochée à son bras. Je n'avais plus aucun attachement, plus aucun regret.

« C'est le moment de partir », ai-je dit, plus pour moi-même que pour eux.

Avec Emma à mes côtés, j'ai quitté le bar, laissant derrière moi sept ans de ma vie et un homme qui n'en avait jamais valu la peine.