Chapitre 3

La nouvelle de ma rupture "officielle" avec Marc s'est répandue comme une traînée de poudre. Quand je suis rentrée à la maison, mon père et ma belle-mère m'attendaient. Leurs visages étaient des masques de fureur.

« Comment as-tu osé ? » a crié mon père. « Je t'ai dit de le récupérer, pas de rompre définitivement ! »

Il m'a ordonné de m'agenouiller sur le sol dur du salon, une punition qu'il m'infligeait depuis l'enfance. J'ai obéi, le corps vide de toute résistance. Je suis restée là, à genoux, pendant des heures, écoutant leurs reproches et leurs insultes. Ils ne se souciaient pas de mon cœur brisé, seulement de l'alliance lucrative qu'ils avaient perdue.

Les jours suivants ont été un enfer. Les journaux locaux et les magazines people étaient remplis de photos de Marc et Chloé. Ils étaient décrits comme le couple parfait. Chloé était "la nouvelle Cendrillon de la ville", une jeune femme simple et charmante qui avait conquis le cœur du célibataire le plus convoité. Personne ne mentionnait mes sept ans de relation avec lui. J'avais été effacée de l'histoire.

Mes anciens "amis", ceux du cercle de Marc, m'ont bombardée de messages.

« Alors Léa, ça fait quoi d'être jetée comme une vieille chaussette ? »

« J'ai entendu dire que Chloé est incroyable. Pas étonnant que Marc en ait eu marre de toi. »

« Tu devrais voir la bague ! Il ne t'a jamais rien offert d'aussi beau, n'est-ce pas ? »

Je les ai ignorés, bloquant leurs numéros un par un. Ma meilleure amie, Emma, était furieuse. Elle voulait aller confronter Marc, mais je l'en ai dissuadée. À quoi bon ? Cela ne ferait qu'aggraver les choses.

Quelques semaines plus tard, mon père m'a convoquée dans son bureau. Son visage était sombre.

« Les banques nous mettent la pression. Nous avons besoin d'une injection de capital, et vite. J'ai essayé de trouver un autre parti pour toi, mais ta réputation est ruinée. Personne ne veut d'une femme que Marc Leclerc a publiquement rejetée. »

Il a fait une pause, me regardant comme si j'étais un déchet.

« Tu es inutile maintenant. Mais ta sœur, Clara... elle est jeune, jolie. La famille Moreau s'est montrée intéressée par une alliance. »

Mon sang s'est glacé. La famille Moreau était l'une des familles les plus riches et les plus puissantes du pays, bien au-dessus des Leclerc. Mais le parti en question était Thomas Moreau, l'oncle de Marc. Les rumeurs à son sujet étaient terrifiantes. On disait qu'il était un homme cruel et impitoyable. Pire encore, il y a quelques mois, il avait eu un terrible accident de voiture. Depuis, il était dans le coma, en état de mort cérébrale. Un "légume", comme le disaient cruellement les gens.

« Ils veulent marier Clara à Thomas Moreau ? À un homme dans le coma ? » ma voix tremblait d'incrédulité et d'horreur.

« C'est une alliance symbolique », a expliqué mon père froidement. « Les Moreau veulent juste une épouse pour leur héritier, même s'il est... dans cet état. En échange, ils sauveront notre entreprise. Clara est assez jolie pour plaire à la vieille dame Moreau. »

Je ne pouvais pas le croire. Ils étaient prêts à sacrifier ma petite sœur, à la lier à vie à un homme en état végétatif, juste pour de l'argent. Clara n'avait que dix-huit ans. Elle avait toute la vie devant elle.

J'ai regardé mon père, l'homme qui était censé nous protéger, et je n'ai vu qu'un monstre avide.

Une décision s'est formée dans mon esprit, claire et inébranlable. J'avais déjà tout perdu. Ma réputation, mon amour, ma dignité. Je n'avais plus rien à perdre. Mais Clara, elle, avait tout à gagner.

Je me suis redressée, mon regard rencontrant le sien sans ciller.

« Non. »

Il a froncé les sourcils, surpris par mon ton.

« Quoi ? »

« Ne touchez pas à Clara. » Ma voix était ferme, sans aucune trace de la fille brisée que j'étais il y a quelques semaines. « Ma réputation est peut-être ruinée, mais je suis toujours une Dubois. Si les Moreau ont besoin d'une épouse, alors ils en auront une. »

J'ai pris une profonde inspiration.

« C'est moi qui vais l'épouser. J'épouserai Thomas Moreau. »