J'ai souri, un vrai sourire cette fois. Nous avons bu, dansé, et pour quelques heures, j'ai oublié le destin qui m'attendait.
Alors que nous étions assises au bar, j'ai aperçu une silhouette familière de l'autre côté de la salle. Une femme aux cheveux longs et bouclés, vêtue d'une robe rouge incroyablement courte, riait et buvait avec un homme d'âge mûr, visiblement riche. Elle avait des lèvres rouges pulpeuses et un maquillage prononcé.
Il m'a fallu un moment pour la reconnaître. C'était Chloé. La "pure" et "innocente" Chloé.
Emma a suivi mon regard et a laissé échapper un sifflement.
« Oh, la salope. Je savais bien que son air de sainte nitouche était bidon. »
« Qu'est-ce que tu veux dire ? » ai-je demandé, confuse.
« Tu ne sais pas ? Chloé, ou plutôt "Angelina" comme elle se fait appeler ici, est l'une des entraîneuses les plus connues du "Ciel Étoilé". Elle se spécialise dans les vieux riches. Elle leur fait croire qu'ils sont les premiers, qu'elle est une pauvre petite chose innocente... et ils tombent tous dans le panneau. »
J'étais sous le choc. La femme qui se blottissait contre un homme bedonnant, lui sussurrant des mots doux à l'oreille tout en acceptant un verre de champagne hors de prix, était la même femme que Marc présentait comme un modèle de pureté. L'ironie était à la fois amère et presque comique.
Alors que nous la regardions, Chloé a tourné la tête et nos regards se sont croisés. La surprise a traversé son visage, rapidement remplacée par une lueur de haine. Elle a dit quelque chose à son client, puis s'est dirigée vers nous, son déhanchement exagéré.
« Tiens, tiens, mais qui voilà ? Léa Dubois. » Sa voix était mielleuse, mais ses yeux étaient froids. « Je suis surprise de te voir ici. Je pensais que tu serais chez toi, à pleurer sur ton sort. »
L'homme d'âge mûr l'a rejointe, passant un bras possessif autour de sa taille.
« Angel, tu connais cette femme ? » a-t-il demandé d'une voix pâteuse.
« C'est juste l'ex de mon fiancé », a répondu Chloé avec un sourire suffisant. « Celle dont la réputation est complètement foutue. Personne ne veut d'elle maintenant. »
L'homme m'a dévisagée de haut en bas, un regard lubrique dans les yeux.
« Ah oui, j'ai entendu parler de toi. Dommage. Tu es plutôt jolie. Mais personne n'aime les marchandises endommagées. »
La colère a monté en moi, chaude et rapide.
« Et toi, tu aimes les marchandises qui prétendent être neuves alors qu'elles ont un sacré kilométrage ? » ai-je rétorqué en regardant Chloé.
Son visage s'est décomposé. Elle a attrapé mon bras, ses ongles s'enfonçant dans ma peau.
« Comment oses-tu ! Tu es juste jalouse ! »
J'ai essayé de me dégager, mais l'homme d'âge mûr est intervenu. Il m'a attrapée par les cheveux et a tiré ma tête en arrière.
« Tu ferais mieux de t'excuser auprès de ma petite Angel, salope. »
J'ai refusé. Il m'a giflée, une claque sonore qui a fait taire les conversations autour de nous. La douleur a explosé sur ma joue déjà sensible. Ma tête a heurté le mur derrière moi, et j'ai vu des étoiles.
C'est à ce moment-là que Marc est entré dans le bar.
Il a vu la scène : moi, échevelée et tenant ma joue, l'homme me menaçant, et Chloé, qui a immédiatement adopté une expression de victime terrifiée.
« Marc ! » a-t-elle crié en courant vers lui, les larmes aux yeux. « Dieu merci, tu es là ! Léa... elle est devenue folle ! Elle m'a attaquée ! Cet homme essayait juste de me protéger ! »