Au début, tout était parfait. Il me comblait de cadeaux, m'emmenait dans des restaurants chics, me disait que j'étais la plus belle. Il aimait ma "pureté", ma timidité. J'étais sa petite chose fragile, celle qu'il devait protéger. J'y ai cru. J'ai cru qu'il m'aimait pour ce que j'étais.
Puis, lentement, les choses ont changé. Il a commencé à critiquer mes vêtements, trop simples. Mes amis, trop bruyants. Mes passions, trop ennuyeuses. Pour lui plaire, j'ai commencé à me transformer. J'ai abandonné mes jeans et mes t-shirts pour des robes moulantes et des talons hauts. J'ai arrêté de voir mes amis pour passer toutes mes soirées avec lui et son cercle d'amis superficiels. J'ai rangé mes pinceaux et mes toiles, parce que "l'art, ça ne paie pas".
Je suis devenue une poupée parfaite, façonnée selon ses désirs. Mais plus je changeais, plus son mépris grandissait. Il me reprochait d'être devenue "comme les autres", d'avoir perdu cette "pureté" qu'il aimait tant au début. C'était un jeu cruel dont je ne pouvais jamais sortir gagnante.
Il y a un an, la tragédie a frappé. J'ai découvert que j'étais enceinte. Au début, j'étais terrifiée, mais une petite partie de moi espérait que ce bébé pourrait nous sauver, qu'il raviverait l'amour que nous avions perdu. Quand je lui ai annoncé, son visage s'est fermé. Il n'y avait pas de joie, seulement de l'agacement.
Quelques semaines plus tard, suite à une dispute violente où il m'avait bousculée, j'ai fait une fausse couche. J'étais anéantie. À l'hôpital, alors que je pleurais la perte de notre enfant, il s'est tenu au-dessus de mon lit, son expression glaciale.
« C'est de ta faute », m'a-t-il dit. « Tu es toujours si maladroite, si fragile. Tu n'es même pas capable de garder un enfant. Je ne peux pas continuer comme ça, Léa. C'est fini. »
Il m'a quittée là, seule dans cette chambre d'hôpital stérile, avec un vide immense dans mon ventre et dans mon cœur.
Mais je n'ai pas pu l'accepter. Poussée par la pression de ma famille et par mon propre désespoir, j'ai essayé de le reconquérir. Je l'ai appelé, je lui ai envoyé des messages, je me suis même présentée à son bureau en pleurant. Chaque tentative était une nouvelle humiliation. Il me regardait avec pitié, parfois avec colère. Cette poursuite est devenue une "blague" parmi ses amis, et j'étais la risée de tous.
Aujourd'hui, dans cette suite d'hôtel, face à lui et à sa nouvelle fiancée, j'ai compris que c'était vraiment la fin. Le voile de l'illusion s'était enfin déchiré.
« Marc », ai-je dit, ma voix étonnamment calme. « Chloé est si innocente, si pure. J'espère que tu ne la transformeras pas en une femme ennuyeuse et prévisible comme tu l'as fait avec moi. »
Son visage s'est contracté. Chloé m'a regardé avec de grands yeux, l'air blessé.
« Comment peux-tu dire une chose pareille ? » a-t-elle murmuré. « Marc m'aime pour ce que je suis. Il ne ferait jamais ça. »
Marc l'a serrée plus fort contre lui.
« Léa, arrête tes bêtises. Accepte juste que c'est fini. Chloé est différente. Elle est simple, elle ne demande rien. Comprends ça et laisse-nous tranquilles. »
J'ai eu un petit rire, un son sec et sans joie. J'ai sorti la bague en argent de ma poche. Je l'ai regardée une dernière fois, puis je l'ai posée sur la table basse devant eux.
« Tu as raison. C'est fini. »
Je me suis retournée, le dos droit, et j'ai marché vers la porte sans me retourner. En la refermant derrière moi, j'ai senti un poids immense se soulever de mes épaules. C'était douloureux, mais c'était aussi une libération. La Léa qui avait aimé Marc Leclerc pendant sept ans était morte dans cette chambre.