L'Écho du Second Rôle
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Chapitre 2

La fête de charité battait son plein, mais Pierre était coincé dans le couloir stérile de l'hôpital. Sophie lui avait ordonné de ne pas bouger, et il obéissait, non par soumission, mais par une sorte de curiosité morbide. Il voulait voir jusqu'où irait cette farce.

Après une heure, une douleur sourde commença à pulser dans son ventre. C'était son vieil ulcère, qui se manifestait toujours en période de stress intense. La douleur s'intensifia rapidement, devenant une crampe aiguë qui le plia en deux.

Il vit un des gardes du corps de Sophie posté au bout du couloir. S'appuyant au mur, il s'approcha lentement.

"S'il vous plaît," haleta-t-il, la sueur perlant sur son front. "J'ai besoin de voir un médecin. Je ne me sens pas bien."

Le garde du corps le regarda avec un mépris à peine voilé. "Mademoiselle Leclerc a dit que vous deviez attendre ici. N'essayez pas de causer des problèmes."

"Je ne cause pas de problèmes, je suis malade," insista Pierre, la voix faible.

L'homme se contenta de croiser les bras, lui barrant le passage. "Ce ne sont pas mes ordres."

La douleur devint insupportable. Des taches noires dansèrent devant ses yeux. Il glissa le long du mur et s'effondra sur le sol froid du couloir. La dernière chose qu'il vit avant de perdre connaissance fut la porte de la chambre de Marc, fermée, indifférente. Encore une fois, il était abandonné.

Quand il se réveilla, il était sur un brancard dans un coin du couloir. Personne ne s'occupait de lui. La douleur dans son ventre s'était calmée, laissant place à une sensation de vide et de froid. À travers la porte entrouverte de la chambre de Marc, il entendit des voix. C'était Sophie et Marc.

"Sophie, tu n'aurais pas dû faire ça," disait Marc d'une voix faible mais affectueuse. "Donner ton sang... C'est trop."

"Ce n'est rien," répondit Sophie, sa voix douce et pleine d'une adoration qu'il n'avait jamais entendue. "Tu es anémique. Tu avais besoin d'une transfusion et mon groupe sanguin est compatible. Je ferais n'importe quoi pour toi, Marc."

Pierre sentit son cœur se serrer. Elle lui avait donné son propre sang. Pour un simple caprice, Marc avait obtenu ce que lui, Pierre, n'aurait jamais pu espérer : une preuve d'amour tangible et sacrificielle. Sophie avait dit à tout le monde que Marc s'était effondré à cause d'une simple fatigue, mais la vérité était bien plus dramatique, et elle la cachait pour le protéger.

Il comprit alors. Il comprit la différence écrasante entre être aimé et ne pas l'être. Pour Marc, Sophie déplaçait des montagnes en secret. Pour lui, elle ne pouvait même pas faire venir un médecin quand il s'effondrait à ses pieds.

Plus tard, Marc eut une envie soudaine. "J'aimerais tellement un bol de soupe de nouilles du petit restaurant près de ton ancien appartement," dit-il avec une innocence enfantine.

Ce restaurant était à l'autre bout de la ville et fermait bientôt.

"Ne bouge pas, je reviens tout de suite," dit Sophie sans la moindre hésitation.

Elle sortit de la chambre, passant devant Pierre sans même lui jeter un regard, comme s'il n'était qu'un meuble dans le couloir. Elle partit, la magnat de l'art, la femme d'affaires impitoyable, pour traverser la ville en pleine nuit afin de satisfaire le caprice de son amant.

Pierre se redressa péniblement. Il n'y avait plus de douleur, seulement une clarté glaciale.

Quand Sophie revint une heure plus tard, un thermos à la main, elle s'arrêta devant lui.

"Tu es toujours là," constata-t-elle, son ton plat. "Écoute, Pierre. Je suis sérieuse. C'est fini entre nous. Je ne veux plus jamais te voir près de Marc, ni près de moi. Prends l'argent que je te dois et disparais de ma vie."

Pierre la regarda dans les yeux. Pour la première fois, il ne vit pas la femme qu'il aimait, mais une étrangère. Une étrangère qui ne lui apporterait que de la souffrance.

Il hocha lentement la tête.

"D'accord, Sophie," murmura-t-il, plus pour lui-même que pour elle. "Je vais disparaître. C'est promis."

Elle le dévisagea, surprise par son manque de résistance, puis haussa les épaules et entra dans la chambre de Marc, lui apportant sa soupe chaude. Pierre resta seul dans le couloir, une promesse silencieuse scellée dans son cœur brisé.

            
            

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