Chapitre 4

Adrien n'a pas abandonné. Quelques semaines après la rentrée, il a commencé à apparaître à Lyon. Il prétextait des "voyages d'affaires", des rencontres avec des clients importants. C'était un mensonge transparent.

Il a appelé, insistant pour nous inviter à dîner, Mathéo et moi. J'ai refusé, mais il a trouvé mon numéro par nos parents et a harcelé Mathéo jusqu'à ce qu'il accepte, juste pour avoir la paix.

Le dîner a eu lieu dans un restaurant trois étoiles Michelin. Adrien portait un costume sur mesure et parlait fort de ses succès, de l'argent qu'il gagnait, des voitures qu'il conduisait. Il a commandé le vin le plus cher de la carte, un vin de notre domaine familial, en me regardant fixement.

« Tu te souviens, Félicie ? Le millésime de l'année de notre premier baiser. »

Mathéo est resté parfaitement calme. Il portait un simple pull et un jean, mais il dégageait une confiance tranquille qu'Adrien, avec tout son argent, ne pourrait jamais acheter.

« C'est un bon vin », a simplement commenté Mathéo. « Mais je préfère la bière après un match. »

Adrien a essayé de le rabaisser. « La bière, c'est pour les prolos. Quand on a du goût, on boit du vin. »

« Le goût, c'est subjectif », a rétorqué Mathéo avec un sourire. « L'important, c'est de partager un verre avec quelqu'un qu'on aime. »

Il a pris ma main sur la table. Adrien a vu le geste et son visage s'est durci. Il a changé de tactique, essayant de me reconquérir avec des cadeaux. Le lendemain, un livreur a apporté un collier de diamants à mon appartement. Je l'ai refusé. Le jour suivant, c'était un sac à main de grande marque. Je l'ai renvoyé.

Mathéo observait tout ça avec un mélange de pitié et d'amusement.

« Il ne comprend pas, n'est-ce pas ? », m'a-t-il dit un soir. « Il pense qu'il peut tout acheter. Même toi. C'est triste, en fait. Il est incroyablement seul. »

Il avait raison. Chaque tentative d'Adrien de nous impressionner ne faisait que révéler son insécurité et son désespoir. Il ne cherchait pas à me récupérer parce qu'il m'aimait. Il cherchait à gagner, à prouver qu'il était le meilleur, que j'étais sa propriété.