En sortant du bureau, je tombe nez à nez avec eux.
Éléonore de Courcy et Antoine, le peintre sans le sou.
Ils sont dans le couloir, se disputant à voix basse. Comme dans ma vie antérieure.
« Antoine, sois patient ! Mon père n'acceptera jamais notre union si je ne saisis pas cette opportunité, » murmure-t-elle.
« Opportunité ? Tu appelles ça une opportunité de te vendre à ce toutou de la Première Dame ? » rétorque-t-il, plein de mépris.
Leur conversation s'arrête net quand ils me voient. Éléonore change instantanément d'expression. Elle m'offre un sourire éblouissant, plein de charme et de calcul.
« Julien ! Quelle coïncidence. Je venais justement prendre de tes nouvelles. »
Dans ma première vie, ce sourire m'aurait fait fondre. Aujourd'hui, il me laisse de glace.
Je vois Antoine derrière elle, le regard noir. La jalousie et la haine se lisent sur son visage.
« Éléonore, » dis-je d'un ton neutre.
Elle s'approche, son parfum coûteux flottant dans l'air.
« J'ai entendu dire que Brigitte t'aidait à choisir une épouse. J'espère que tu feras le bon choix. »
Sa voix est douce, suggestive. Elle est persuadée que je suis toujours le même homme, fou d'elle.
Je la regarde droit dans les yeux.
« Le choix est déjà fait. »
Un éclair de triomphe passe dans son regard.
« Vraiment ? »
« Oui. Et ce n'est pas toi. »
Je la contourne, ainsi qu'Antoine, et je continue mon chemin dans le couloir, les laissant tous les deux figés sur place. J'entends à peine le début de leur nouvelle dispute.
Je n'ai ressenti aucune satisfaction. Seulement le soulagement d'une chaîne qui se brise.