Chapitre 4

Au milieu de leur étreinte, Kyle a murmuré un nom.

« Juliette... »

Un lapsus. Un simple mot qui a tout changé.

Carole s'est raidie. Ses yeux se sont plissés de suspicion.

« Qu'est-ce que tu as dit ? »

Kyle a essayé de se rattraper, mais le mal était fait. Carole, toujours méfiante, a attrapé son téléphone discrètement et a commencé à enregistrer. Elle voulait une preuve, une arme à utiliser plus tard. Sa propre duplicité était aussi profonde que la sienne.

Après, Kyle a jeté un coup d'œil à la table de chevet. Il y avait une photo de moi, souriante, prise lors de nos dernières vacances. Il l'a prise, l'a regardée avec une expression indéchiffrable, puis l'a jetée à la poubelle.

« Fais le ménage, » a-t-il dit à la femme de ménage qui venait d'entrer. « Je ne veux plus voir cette chose. »

Quand il est rentré à notre appartement, il a agi comme si de rien n'était. Il m'a souri, m'a demandé comment s'était passée ma journée. Je l'ai regardé, le vide dans les yeux.

« Bien, » ai-je menti.

Il a essayé de m'embrasser, mais je l'ai repoussé.

« Je suis fatiguée, » ai-je dit, ma voix plate.

Mon corps entier le rejetait. Chaque cellule de ma peau criait au contact de cet homme.

Plus tard, en entrant dans la chambre, j'ai senti une odeur. Désodorisant. Trop fort, chimique. Les draps avaient été changés. Ils étaient frais, propres. Trop propres. J'ai compris. Ils avaient nettoyé les preuves de leur passage. Mon lit, mon espace, avait été souillé puis aseptisé, comme si je n'étais qu'une nuisance à effacer.

Je me suis souvenue de Carole, de son corps parfait, de sa confiance en elle. J'étais sa pâle copie, son double moins réussi. Le dégoût de moi-même m'a envahie, une vague amère et froide.

Kyle est entré dans la chambre.

« Si tu tombes enceinte, Juliette, nous nous marierons. Je te le promets. »

Sa manipulation était grossière, pathétique. Il pensait encore pouvoir me contrôler avec cette promesse vide.

Alors que je me retournais pour lui faire face, la boîte de mes médicaments est tombée de ma poche, se répandant sur le sol. Il a froncé les sourcils.

« Qu'est-ce que c'est ? »

Sa voix était soudainement dure, suspicieuse.

« Des vitamines, » ai-je menti.

Il m'a fixée, ses yeux perçants.

« Tu me caches quelque chose, Juliette. Je le sens. Je déteste les secrets. »

Son besoin de contrôle était absolu. Il voulait posséder mon corps, mon esprit, mes secrets. Mais il était trop tard. J'étais déjà partie.