Chapitre 3

Le lendemain matin, Kyle est parti tôt.

« Je dois voir un client important, » a-t-il dit en m'embrassant sur le front.

Je savais qu'il allait la rejoindre. Carole. Sa vraie femme. L'abandon ne me faisait plus mal. C'était juste une confirmation de plus.

Je me suis souvenue de cette fois dans son bureau. La façon dont il m'avait arrêtée. Ce n'était pas de la sollicitude, c'était de l'obéissance. Il ne m'avait jamais vue, moi. Il voyait Carole. Chaque caresse, chaque mot d'amour était pour elle, à travers moi. J'étais un fantôme dans ma propre vie, un corps vide qu'il utilisait.

Plus tard dans la journée, je devais aller à la pharmacie pour renouveler mes médicaments. En sortant, je les ai vus. Kyle et Carole, sortant d'une clinique de fertilité juste en face. Carole pleurait.

« Ça n'a encore pas marché, » sanglotait-elle. « Je ne pourrai jamais te donner d'enfant. »

Kyle l'a prise dans ses bras, la consolant.

« Ne t'inquiète pas, mon amour. Je t'ai dit que j'avais une solution. Juliette nous donnera bientôt un enfant. Un enfant qui te ressemblera. Ce sera le nôtre. »

Il a caressé son visage, essuyant ses larmes avec une tendresse que je n'avais jamais connue.

Mon téléphone a sonné. C'était l'hôpital.

« Mademoiselle Lloyd, juste pour vous rappeler que votre temps est compté. Nous devons agir vite. »

La réalité de ma maladie m'a frappée de plein fouet. J'étais en train de mourir, et ces deux-là planifiaient de voler la seule chose que je pouvais encore créer : une vie.

Poussée par une impulsion morbide, je les ai suivis. Ils sont allés dans un appartement luxueux, non loin du nôtre. Leur nid d'amour. La porte n'était pas complètement fermée. J'ai regardé à travers l'entrebâillement. Ils étaient dans la chambre. Mon lit. Notre lit.

J'ai entendu le rire cruel de Carole.

« C'est tellement drôle de penser à elle, dormant dans ce lit, ne se doutant de rien. Cette idiote croit vraiment que tu l'aimes. »

Le son de leurs ébats a commencé, un bruit obscène qui profanait mon sanctuaire.

Je me suis sentie souillée, violée dans mon intimité la plus profonde. La nausée est revenue, plus forte que jamais. Je me suis accroupie dans le couloir, vomissant bile et sang. Le contraste entre leur plaisir et ma souffrance était insoutenable. Ils faisaient l'amour sur mon lit, tandis que je me vidais de ma vie sur le sol froid du couloir.