La Trahison de l'Amour Aveugle
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Chapitre 1

La musique douce flottait dans notre appartement parisien, une mélodie que j'avais choisie avec soin. Les bougies projetaient des ombres dansantes sur les murs, et l'odeur du coq au vin que j'avais passé l'après-midi à préparer emplissait l'air. Ce soir, j'allais demander Kyle Moore en mariage. Dix ans. Dix ans que nous étions ensemble, et mon cœur battait toujours aussi fort pour lui.

Je cherchais le tire-bouchon spécial, celui qu'il m'avait offert pour notre anniversaire, un objet en bois de rose. En fouillant dans le tiroir du bas de son bureau, mes doigts heurtèrent une boîte en métal froid. Ce n'était pas le tire-bouchon. Poussée par la curiosité, je l'ai ouverte. À l'intérieur, un livret de famille. Je l'ai ouvert, les mains tremblantes. Une photo de mariage m'a sauté aux yeux. Kyle, souriant, tenait par la taille une femme qui me ressemblait étrangement. Carole Evans. Mon "amie" d'enfance. La date du mariage était inscrite en dessous : il y a trois ans.

Mon monde s'est effondré.

Un souvenir récent m'est revenu en mémoire, un appel d'un institut médical en Suisse.

« Mademoiselle Lloyd, nous vous remercions de participer à notre programme de traitement neurologique expérimental. Nous commencerons la procédure la semaine prochaine, avant que votre maladie ne progresse davantage. C'est une chance de guérison, votre famille sera si heureuse ! »

Famille ? J'ai souri amèrement. Quelle famille ? J'étais orpheline. Mon seul lien, l'homme que j'aimais depuis dix ans, était marié à une autre.

La bague que j'avais achetée pour lui, cachée dans ma poche, me semblait soudain lourde, brûlante. Sans réfléchir, je l'ai sortie et l'ai jetée par la fenêtre ouverte. Elle a disparu dans la nuit parisienne, un petit éclat d'espoir perdu à jamais.

Je regardais de nouveau la photo. Carole. La même Carole qui avait grandi avec moi au foyer. La même Carole qui avait ce grain de beauté si particulier près de la lèvre, exactement comme le mien. C'était une ressemblance frappante, presque dérangeante. J'avais toujours pensé que c'était une coïncidence. Maintenant, je comprenais que c'était peut-être la raison de tout ce mensonge.

Anéantie, je me suis précipitée hors de l'appartement. Je devais avoir des explications. Je suis allée directement à son domaine viticole en plein Paris, un endroit qu'il utilisait comme bureau. La porte de son bureau était entrouverte. J'ai entendu sa voix, mêlée à celle d'un ami. Je me suis arrêtée, le souffle coupé.

« Tu ne peux pas comprendre, » disait Kyle, sa voix pleine de mépris. « Juliette n'est qu'un utérus sur pattes. Carole ne peut pas avoir d'enfant, sa santé est trop fragile. Mais Juliette... elle lui ressemble. L'enfant qu'elle portera, tout le monde pensera que c'est celui de Carole. C'est parfait. »

L'ami a ri. « Et elle ? Tu comptes en faire quoi après ? »

« Elle ? C'est une petite orpheline sans attaches. Personne ne voudra d'elle après moi. Elle me sera reconnaissante de l'avoir gardée si longtemps. »

Mes jambes sont devenues molles. J'ai dû m'appuyer contre le mur pour ne pas tomber. Ma maladie neurologique, ce diagnostic qui me terrifiait, cette peur de ne pas vivre assez longtemps pour me marier... tout cela n'était rien comparé à cette douleur. Les dix dernières années n'étaient qu'une vaste supercherie. Il ne m'avait jamais aimée. Il voulait juste un enfant.

Je suis retournée à l'appartement comme une automate. J'ai arraché les guirlandes lumineuses que j'avais installées, j'ai renversé les bougies, j'ai jeté le coq au vin dans l'évier. La belle soirée romantique était devenue un champ de ruines, tout comme ma vie.

Puis, j'ai pris mon téléphone. J'ai composé le numéro de l'institut suisse. Ma voix était froide, méconnaissable.

« Bonjour, c'est Juliette Lloyd. Je confirme ma participation. Quand pouvons-nous commencer ? »

Je ne cherchais pas un traitement. Je cherchais une porte de sortie. Une façon de mourir, de disparaître de ce monde qui m'avait tout pris.

            
            

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