Le Milliardaire Humilié
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Chapitre 1

Huit ans. Huit ans que je suis le mari de Juliette Moore. Huit ans que le nom Evans, autrefois synonyme de prestige dans le vignoble bordelais, n'est plus qu'une façade pour l'empire Moore Vins & Spiritueux.

Ce soir, Juliette a convoqué une réunion dans le grand salon du domaine. Mon domaine. Enfin, son domaine.

Elle se tenait près de la cheminée, élégante et froide comme toujours, son regard ne me croisant jamais. Antoine, son amant, se tenait à ses côtés, un sourire suffisant aux lèvres.

« Loïc, j'ai une nouvelle. »

Sa voix était neutre, comme si elle annonçait la météo.

« J'ai décidé de construire une nouvelle cave ultramoderne sur le domaine. Pour Antoine. Il va lancer sa propre marque. »

Je n'ai rien dit. J'ai simplement attendu la suite.

« J'ai besoin de la parcelle numéro sept. Celle que ton grand-père a plantée. C'est la meilleure terre, le meilleur ensoleillement. Parfait pour le projet d'Antoine. »

Mon cœur s'est serré. La parcelle numéro sept. Le cœur de notre histoire, le berceau de notre savoir-faire.

Juliette a dû voir quelque chose sur mon visage, car elle a sorti un jeu de clés de son sac.

« Pour te dédommager, bien sûr. »

Elle a jeté les clés sur la table basse entre nous.

« Un appartement à Paris. Vue sur la Seine. Tu pourras y aller quand tu veux. »

Un cadeau. Comme toujours. Chaque trahison, chaque humiliation, était scellée par un cadeau. Une montre Patek Philippe quand je l'ai surprise avec un autre homme à Monaco. Un tire-bouchon en argent massif quand elle a manqué l'anniversaire de la mort de mes parents pour un gala avec Antoine.

J'ai regardé les clés. J'ai regardé Antoine, qui me fixait avec un air de triomphe. J'ai regardé Juliette, qui attendait ma soumission habituelle.

J'ai essayé de me battre par le passé. J'ai essayé de lui parler, de lui rappeler nos vœux, la promesse qu'elle m'avait faite de respecter l'héritage de ma famille. Chaque fois, elle m'a repoussé avec mépris, me rappelant que sans elle, le domaine Evans serait en faillite. Que sans elle, je ne serais rien.

Mais ce soir, quelque chose s'est brisé.

« Non. »

Le mot est sorti, bas mais ferme.

Juliette a haussé un sourcil, surprise. Antoine a cessé de sourire.

« Pardon ? »

« Non. Tu ne toucheras pas à cette parcelle. »

J'ai pris les clés sur la table et je me suis levé.

« Et je quitte le domaine. »

Un rire froid a éclaté de la gorge de Juliette.

« Tu quittes le domaine ? Loïc, ne sois pas ridicule. Où irais-tu ? Tu n'as pas un sou. Tu es trop dépendant de moi. Et au fond, tu es trop amoureux pour vraiment partir. »

Son arrogance était insupportable. Elle avait raison sur un point : je l'avais aimée. Désespérément. Mais l'amour ne survit pas à huit ans de mépris.

Je n'ai pas répondu. Je me suis dirigé vers l'escalier, les clés de l'appartement parisien serrées dans ma main.

Dans ma chambre, j'ai sorti une vieille valise. J'ai commencé à faire mes bagages. Pas mes vêtements. Juste les souvenirs. J'ai ouvert le tiroir de ma table de chevet. La Patek Philippe. Je l'ai prise. J'ai ouvert mon bureau. Le tire-bouchon en argent. Je l'ai pris. Une collection de stylos de luxe, des boutons de manchette en or, une voiture de sport dont la clé était dans un coffret. J'ai tout rassemblé.

Je suis descendu à la cave. Pas la sienne, la nôtre. L'ancienne. J'ai ouvert une vieille barrique vide, l'odeur du chêne et du temps m'a envahi. Un par un, j'ai jeté tous ses cadeaux à l'intérieur. La montre. Le tire-bouchon. Les clés de la voiture. Tout. Le bruit de ces objets de luxe heurtant le bois était la seule musique de la fin de notre mariage.

Avant de remonter, j'ai sorti mon téléphone. J'ai cherché un numéro. Carole Lawrence. Mon amie d'université. Celle qui dirigeait maintenant un domaine viticole prospère en Californie. Celle qui m'avait toujours dit que sa porte était ouverte.

Mon cœur battait fort. Et si elle avait changé d'avis ?

Elle a répondu à la deuxième sonnerie.

« Loïc ? »

Sa voix était chaude, inquiète.

« Carole... Ta promesse... est-ce qu'elle est toujours valable ? »

Il y a eu un silence. Puis, j'ai entendu son souffle, un peu tremblant.

« Bien sûr, Loïc. Toujours. Quand arrives-tu ? »

Un poids immense s'est enlevé de mes épaules. Je me suis redressé.

« Bientôt. »

J'ai raccroché et je suis remonté, ma valise légère à la main. Il ne restait que quelques affaires personnelles et une seule chose précieuse.

Alors que j'atteignais la porte d'entrée, Juliette m'a barré le passage.

« Tu ne peux pas partir comme ça. »

Son visage était dur, incrédule.

J'ai essayé de la contourner.

« Laisse-moi passer, Juliette. »

« Tu es sûr que tu ne prends rien qui appartient à l'entreprise ? »

J'ai soupiré.

« Il n'y a rien ici qui m'appartienne, à part mes vêtements. Je te laisse tout. Sois heureuse avec Antoine. »

J'ai dit ces mots sans amertume. Juste avec une immense lassitude.

Juliette a plissé les yeux. Elle n'arrivait pas à croire que je partais vraiment.

« Antoine ! » a-t-elle appelé.

Il est apparu derrière elle.

« Fouille sa valise. Je veux être sûre qu'il ne vole pas nos secrets de vinification. »

C'était l'humiliation de trop. Mais j'étais trop fatigué pour me battre.

            
            

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