Le lendemain matin, le cauchemar a continué. Mon téléphone explosait de notifications. La photo était devenue virale.
Les commentaires étaient un déferlement de haine et de vulgarité. Des inconnus m'envoyaient des messages obscènes, des menaces.
Quand je suis sortie de chez moi, les regards de mes voisins étaient lourds de jugement. Des ordures avaient été déversées devant ma porte, avec un mot griffonné sur un carton : « PUTE ».
Je suis allée travailler, espérant trouver un peu de normalité à la librairie. Mais là aussi, le poison s'était répandu. Les clients habituels, qui me souriaient la veille, me dévisageaient avec mépris. Certains chuchotaient en me montrant du doigt.
Ma meilleure amie, Léa, a essayé de me défendre, mais c'était inutile.
À la fin de la journée, le propriétaire de la librairie, un homme âgé et craintif, m'a appelée dans son bureau.
« Amélie, je suis désolé. Je ne peux pas prendre le risque. Les gens parlent, les affaires baissent. Je dois vous laisser partir. »
J'ai été licenciée.
Je suis rentrée chez moi, marchant comme un automate dans les rues de Paris. Le harcèlement s'est intensifié. Un groupe d'hommes m'a suivie dans une ruelle sombre.
« C'est la sœur du violeur ! » a crié l'un d'eux.
Ils m'ont encerclée, m'ont poussée contre un mur. Ils m'ont frappée, m'ont craché dessus. La douleur physique n'était rien comparée à l'humiliation.
« Tu aimes ça, hein ? Comme ton frère ! »
Alors que je pensais que tout était fini, une silhouette est apparue au bout de la ruelle.
C'était Julien.
Il est resté là, dans l'ombre, à regarder. Il n'a pas bougé, n'a pas dit un mot. Il a simplement observé mes agresseurs me rouer de coups.
Quand ils sont partis, me laissant en boule sur le sol, il s'est approché.
Je l'ai regardé, espérant une once de pitié.
« C'est la juste punition pour les péchés de ton frère », a-t-il dit d'une voix neutre. « Maintenant tu sais ce que c'est que de souffrir. »
Il a tourné les talons et est parti, me laissant seule dans le froid et la douleur.