Chapitre 4

La dernière chose que j'ai vue avant de perdre connaissance, c'est le visage d'Alan, horrifié, se retournant enfin vers moi. Trop tard.

Je me suis réveillée à l'hôpital. Ma jambe était dans le plâtre, brisée. La première chose que j'ai entendue, c'est la voix d'Alan, rauque de douleur, dans la chambre voisine.

« Carole... Où est Carole ? »

Il était blessé aussi, des brûlures aux jambes. Mais même dans la douleur, il ne pensait qu'à elle.

Une infirmière est entrée dans ma chambre. « Votre mari est très agité. Sa... mère a signé les autorisations pour ses soins. »

Sa mère. Carole avait pris ma place, effaçant mon existence même en tant qu'épouse secrète.

Plus tard, elle est venue me voir. Son visage rayonnait de triomphe.

« Tu vois, Juliette ? Il ne pensera jamais à toi. Sais-tu pourquoi il t'a épousée ? Pour me protéger. Pour que son père ne se doute de rien. Tu n'as été qu'un bouclier, une couverture pour notre amour. »

Chaque mot était un poison. Je la regardais, vide.

Elle a continué, savourant sa cruauté. « Faisons un autre pari. Quand il se réveillera complètement après son opération, quel nom crois-tu qu'il prononcera en premier ? Le tien, ou le mien ? »

Je n'ai pas répondu. Je connaissais déjà la réponse.

Et bien sûr, après son opération, la première chose qu'il a murmurée a été son nom. « Carole. »

Mon dernier espoir s'est éteint.

Quelques jours plus tard, Alan est venu me rendre visite dans un fauteuil roulant. Il semblait fatigué, mais son regard était plus doux.

« C'est bientôt ton anniversaire, » a-t-il dit. « Je t'ai préparé un cadeau. Voici la clé. »

Il m'a tendu une petite clé ornée. « Quand tu sortiras, nous le fêterons ensemble. Je te le promets. »

L'ironie était amère. Mon anniversaire était aussi le jour de mon départ définitif.