En sortant du restaurant, Rena insista pour la raccompagner.
« Je vais appeler Léo pour qu'il vienne te chercher, » dit Juliette par réflexe.
Rena s'arrêta net.
« Juliette, tu as oublié ? Vous avez divorcé. »
Juliette parut gênée un instant.
« Oui. J'ai oublié. »
Mais Rena n'était pas dupe. Elle voyait bien le trouble dans les yeux de son amie.
Juliette refusa l'offre de Rena et prit sa propre voiture. Sans vraiment savoir pourquoi, elle se dirigea vers la villa de Fourvière. La maison qu'elle avait cédée à Léo.
Devant la porte, elle s'arrêta. Elle se souvint du jour où ils avaient changé la serrure. Léo avait insisté pour une serrure à empreinte digitale, enregistrant la sienne et celle de Juliette. « Comme ça, tu n'auras jamais besoin de clé pour rentrer chez toi, » avait-il dit avec un sourire timide. Un détail qu'elle avait trouvé ridicule à l'époque.
Elle posa son pouce sur le capteur. La porte se déverrouilla avec un clic. Elle entra. L'obscurité et le silence l'accueillirent. Un vide anormal.
Une odeur familière manquait. L'odeur de beurre et de sucre caramélisé qui flottait toujours dans la maison, l'odeur des créations de Léo. Cette absence l'irrita.
Elle alluma la lumière. La maison était impeccable, mais vide. Elle monta à l'étage, alla dans leur ancienne chambre. Le placard était ouvert. Tous les vêtements de Léo avaient disparu. Elle se dirigea vers la cuisine, son sanctuaire. Ses ustensiles, ses livres de pâtisserie, ses tabliers... tout était parti. C'était comme s'il n'avait jamais existé.
« Il est vraiment parti, » murmura-t-elle, une frustration étrange la saisissant. La propreté méticuleuse, l'absence totale de ses affaires, tout cela criait la finalité de leur séparation.
Le lendemain matin, alors qu'elle arrivait devant le siège de son entreprise, deux femmes l'attendaient. C'était Carole Murray, et une autre jeune femme qu'elle ne connaissait pas.
« Juliette Gordon ! »
Carole se jeta sur elle, la giflant violemment.
« Où est Léo ? Qu'est-ce que tu lui as fait ? »
Juliette, chancelante, la repoussa. La sécurité intervint.
« Il est mort ! » hurla Carole, ses mots déchirant l'air matinal. « Tu l'as tué ! »