L'Héritière Blessée : Une Renaissance en Californie
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Chapitre 1

La fête des vendanges battait son plein au château. La musique et les rires remplissaient l'air frais de la nuit, mais pour moi, tout cela n'était qu'un bruit de fond. Mon monde, c'était Roderick.

Dans l'ombre du grand chai à barriques, loin des regards, ses bras m'entouraient. L'odeur du chêne et du vin se mêlait à la sienne, une odeur qui me rendait folle.

« Juliette », a-t-il murmuré contre mes lèvres, sa voix un souffle chaud.

Chaque baiser était une promesse, chaque caresse un secret partagé. Nous étions demi-frère et sœur aux yeux du monde, mais ici, nous n'étions que deux amants. Six ans que ce secret brûlait entre nous.

Il s'est écarté, ses yeux sombres brillant dans la pénombre.

« Un jour, Juliette, on quittera cet endroit. On ira loin, juste toi et moi. On se mariera, et personne ne pourra plus nous séparer. »

Mon cœur a bondi dans ma poitrine. C'était tout ce que je voulais entendre.

« Je te suivrai n'importe où, Roderick. Tu le sais. »

Il a souri, un sourire qui pouvait faire fondre n'importe qui.

« Je sais. Mais pour l'instant, nous devons être prudents. Retourne à la fête, ma chérie. Souris, fais comme si de rien n'était. Je te rejoins dans un instant. »

Je l'ai embrassé une dernière fois, le goût de ses promesses sur mes lèvres. J'ai réajusté ma robe et suis sortie du chai, le cœur léger.

Pour vérifier que tout était en ordre, j'ai décidé de faire un dernier tour vers une vieille parcelle isolée, mon projet personnel. Le chemin était mal éclairé.

Soudain, un bruit de moteur a vrombi derrière moi. Je me suis retournée, surprise. Un tracteur fonçait droit sur moi, sans phares.

Je n'ai pas eu le temps de crier.

Le choc a été d'une violence inouïe. Une douleur fulgurante a traversé mon corps, et j'ai été projetée au sol. Mes mains, mes précieuses mains de vigneronne, ont heurté la pierre. J'ai entendu un craquement sinistre avant de sombrer dans l'obscurité.

À l'hôpital de Bordeaux, j'étais dans un brouillard de douleur. Des voix flottaient autour de moi, confuses. J'ai reconnu celle de Roderick, mais elle était différente. Froide. Dure.

« Le travail est fait ? Parfait. Ses mains sont fichues. Elle ne pourra plus jamais tailler une vigne. »

Un silence. Puis la voix a repris, chargée d'une haine que je ne lui avais jamais connue.

« Cette salope et sa mère vont enfin payer. Six ans. Six ans que j'attendais ce moment. Détruire son rêve, c'était la seule façon de venger ma mère. Elle va comprendre ce que c'est de tout perdre. »

Le monde s'est effondré. Chaque mot était un coup de poignard. Notre amour, mes rêves, tout n'était qu'un mensonge. Une vengeance.

Je me suis souvenue de notre première rencontre. J'avais seize ans, j'étais timide et fascinée par ce garçon charismatique et tourmenté. Il m'avait offert ma première coupe de grand cru, m'avait parlé de la terre, des vignes. J'étais tombée amoureuse de l'homme et de sa passion. Une passion qu'il avait feinte pendant six longues années.

Quand je me suis réveillée, il était à mon chevet. Son visage était un masque de chagrin.

« Juliette, mon amour. Ne t'inquiète pas. Je trouverai les meilleurs chirurgiens du monde. Tes mains, on va les sauver. Je te le promets. »

Il a pris ma main bandée. Son contact me brûlait. J'ai eu une nausée. J'ai fermé les yeux, incapable de supporter son hypocrisie.

Ma mère est entrée, le visage ravagé par l'inquiétude. Elle a vu mon silence, mon regard vide. Elle a compris que quelque chose était brisé, bien plus que mes os.

« Juliette, je... j'ai appelé les Evans, en Californie. Tu te souviens de Kyle ? »

Kyle Evans. Mon ami d'enfance. Nos familles, autrefois rivales puis amies, nous avaient "fiancés" pour rire quand nous étions enfants.

« Il est devenu un grand œnologue. Un spécialiste. Il peut t'aider, ma chérie. Pour tes mains. »

Partir. Loin de lui. Loin de ce poison.

J'ai hoché la tête, un simple mouvement.

« Oui. »

Ma voix était un murmure rauque.

« Mais, Maman... il ne doit pas le savoir. Personne ne doit le savoir. »

Juste à ce moment, Roderick est entré dans la chambre, un bouquet de fleurs à la main. Il a souri.

« De quoi parlez-vous en secret ? »

Ma mère a pâli.

« Rien, mon chéri. Juliette disait juste qu'elle était fatiguée. »

            
            

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