Chapitre 2

Cinq ans ont passé.

Le domaine a été sauvé, grâce à l'aide financière et aux relations de Juliette. Je suis devenu un vigneron respecté, et notre mariage semblait parfait.

J'étais tombé amoureux de Juliette. Profondément. Sa force, son intelligence, sa présence à mes côtés m'avaient reconstruit. Je la croyais, je lui faisais une confiance aveugle.

L'enquête sur la mort de mes parents ? Elle m'avait dit qu'elle avait suivi toutes les pistes, mais qu'il n'y avait aucune preuve de crime. L'affaire était officiellement classée. J'avais fini par accepter cette terrible fatalité.

Ce soir-là, je suis rentré plus tôt que prévu. La maison était silencieuse. J'ai entendu la voix de Juliette venant de son bureau.

Elle était au téléphone, sa voix basse, pressante.

« Non, je te dis que c'est sous contrôle. Joseph ne se doute de rien. Il croit toujours à l'accident. »

Mon cœur s'est arrêté.

« L'enquête ? Je l'ai étouffée moi-même, il y a cinq ans. Les preuves contre Kyle étaient accablantes, mais je les ai fait disparaître. J'ai réécrit le rapport. »

Kyle. Kyle Larson. Le mari de sa sœur.

Une sueur froide a parcouru mon dos.

« Pourquoi je l'ai fait ? Tu le sais très bien. Je l'aime. Je l'ai toujours aimé, bien avant qu'il ne rencontre Cécilia. Le voir heureux, même avec ma propre sœur, c'est tout ce qui compte. Je ne laisserai jamais personne, et surtout pas Joseph, détruire sa vie. »

La voix à l'autre bout du fil a dû dire quelque chose, car Juliette a ri, un rire sans joie.

« Mon mariage avec Joseph ? C'est une assurance. Le meilleur moyen de le surveiller, de m'assurer qu'il ne creuse pas trop. Il m'aime, il me fait confiance. Il est inoffensif. »

Chaque mot était un coup de poignard.

Mon mariage, ma vie, mon bonheur... tout était un mensonge.

Une mise en scène élaborée pour protéger l'assassin de mes parents.

Je me suis appuyé contre le mur, le souffle coupé, le monde tournant autour de moi. L'amour que je ressentais pour elle s'est transformé en une douleur glaciale.

Elle n'était pas mon ange gardien.

Elle était le gardien de mon bourreau.