Plus tard dans la journée, alors que je tentais de reconstituer mes notes de mémoire, mon téléphone a sonné. C'était un numéro masqué. J'ai décroché. C'était la voix de mon père.
« Juliette, j'ai envoyé un e-mail anonyme aux Evans. Je leur ai parlé de l'épidémie à Lourdes. Fais attention. »
Il a raccroché avant que je puisse dire quoi que ce soit. Mon père, un homme discret mais toujours protecteur.
Une heure plus tard, Alexis et Darlene ont fait irruption dans ma chambre sans frapper. Le visage d'Alexis était rouge de colère.
« C'est toi ! » a-t-il crié. « Tu as appelé mes parents ! Ils ont bloqué toutes mes cartes de crédit ! »
Darlene pleurait à chaudes larmes à côté de lui. « On ne peut plus prendre le train... Tout est de ta faute, Juliette. Tu veux juste nous empêcher d'être ensemble. »
J'ai continué à écrire, les ignorant.
Alexis a balayé mes livres de mon bureau. « Arrête de m'ignorer ! On doit aller à Lourdes. C'est important ! »
J'ai levé les yeux. « Et en quoi cela me concerne ? »
« Tu vas nous prêter ton hélicoptère, » a-t-il ordonné.
L'hélicoptère que mes parents m'avaient offert pour mes 18 ans. Mon bien le plus précieux.
« Non. »
Le visage d'Alexis s'est tordu de fureur. Il a sorti quelque chose de sa poche. Une seringue.
« Tu sais ce que c'est ? » a-t-il dit, la voix basse et menaçante. « C'est un échantillon du virus de la méningite. Un ami de mon père travaille dans un laboratoire. »
Mon sang s'est glacé. J'ai une phobie terrible des aiguilles. C'était un placebo, je le savais, mais la vue de la seringue a réveillé le traumatisme de ma mort passée. Le souvenir de la douleur, de l'impuissance.
« Soit tu appelles ton pilote, soit je te pique avec ça. Et on verra si tu pourras passer ton Bac. »
Je tremblais. Les larmes me montaient aux yeux. J'ai attrapé mon téléphone, mes doigts engourdis. J'ai composé le numéro du pilote.
« Il sera là dans une heure, » ai-je murmuré, la gorge sèche.
Alexis a souri, victorieux. Il a rangé la seringue.
Alors qu'ils se tournaient pour partir, Darlene s'est penchée vers moi.
« Merci, Juliette, » a-t-elle chuchoté, son visage rayonnant d'un triomphe cruel. « Ce voyage est très important pour moi. Je compte bien tomber enceinte d'Alexis. Une fois que je porterai l'héritier des Evans, tu ne seras plus qu'un mauvais souvenir. »
Elle a ri doucement et a suivi Alexis, la laissant seule avec le poids de sa révélation.