Je pensais que le pire était passé, que nous allions continuer notre vie de façade, chacun avec ses secrets. J'avais tort.
Une semaine plus tard, j'étais dans le salon, en train de lire, quand la sonnette a retenti avec insistance. Ma femme de ménage, Hélène, est allée ouvrir.
Des cris ont éclaté dans le hall.
« Où est-elle ? Où est cette salope qui couche avec mon homme ? »
Je me suis levée, le cœur battant. Une jeune femme blonde, celle de la photo, a fait irruption dans le salon. Elle était accompagnée de deux autres filles qui avaient l'air tout aussi agressives. C'était Chloé.
Elle m'a pointée du doigt.
« C'est elle ! La vieille maîtresse ! »
J'étais stupéfaite.
« Pardon ? C'est ma maison. Qui êtes-vous ? »
« Ta maison ? Antoine va bientôt te jeter dehors ! Il m'aime, moi ! Il va m'épouser ! »
Hélène a essayé de s'interposer.
« Mademoiselle, s'il vous plaît, partez ou j'appelle la police. »
Chloé l'a repoussée violemment.
« Touche-moi pas, la boniche ! »
Elle s'est avancée vers moi, le visage déformé par la haine.
« Tu crois que tu peux le garder juste parce que tu es mariée avec lui ? Il ne t'a jamais aimée ! Tu n'es qu'un arrangement commercial ! »
Ses amies ricanaient, filmant la scène avec leurs téléphones. Des voisins, alertés par le bruit, regardaient depuis le seuil de leur porte. L'humiliation était totale.
J'ai attrapé mon téléphone pour appeler la sécurité. Chloé me l'a arraché des mains et l'a jeté au sol, l'écran se brisant en mille morceaux.
« Tu n'appelleras personne ! »
Elle m'a attrapée par les cheveux et m'a tirée vers le sol. J'ai crié, essayant de me défendre, mais elles étaient trois. Les coups pleuvaient. Une douleur vive a éclaté sur ma joue.
« Arrêtez ! »
La voix d'Antoine a retenti dans le hall. Il venait de rentrer.
Le soulagement m'a envahie. Il allait me défendre. Il allait mettre fin à ce cauchemar.
Chloé a lâché mes cheveux et a couru vers lui, en larmes.
« Antoine ! Cette femme m'a attaquée ! Elle a dit que j'étais une voleuse d'hommes ! »
Antoine m'a jeté un regard glacial, puis il a pris Chloé dans ses bras, la réconfortant.
« Calme-toi, Chloé. C'est fini. »
Il m'a regardée, moi, à genoux sur le sol, les cheveux en désordre, la joue en sang.
« Juliette. Tu as presque trente ans. Comment peux-tu t'abaisser à te battre avec une gamine ? »
Le monde s'est écroulé autour de moi. Il ne me défendait pas. Il me blâmait.
« Elle m'a agressée... dans notre maison... » ai-je murmuré, la voix brisée.
« Chloé est jeune, elle est impulsive. Tu aurais dû être plus mature. »
Il a sorti un mouchoir de sa poche et a doucement essuyé une fausse larme sur la joue de Chloé. Puis il s'est tourné vers moi, son visage une nouvelle fois impassible.
« Ne porte pas plainte. En échange, je financerai le projet de modernisation du vignoble de ton père. Celui dont tu me parles depuis un an. »
Il me proposait un marché. Mon silence contre le rêve de mon père.
Il s'est détourné, a mis un bras protecteur autour des épaules de Chloé et l'a raccompagnée dehors, laissant ses deux amies ricaner en me regardant.
Je suis restée seule, au milieu de mon salon saccagé, le cœur en miettes. Ce n'était plus de la trahison. C'était une exécution publique.