Je me consolais en me disant qu'Antoine, malgré sa froideur, était un mari fidèle. Une rareté dans notre monde où les maîtresses sont un accessoire de mode. Je croyais en cette fidélité comme on croit en une promesse, naïvement.
Jusqu'à aujourd'hui.
Il m'avait dit qu'il partait pour un voyage d'affaires urgent à Genève. Mais sur Instagram, une publication de l'une de ses relations d'affaires a tout fait basculer. Une photo de groupe à Saint-Tropez, sur un yacht. Et là, à côté de lui, une jeune femme blonde, radieuse, accrochée à son bras.
Mon cœur s'est arrêté de battre. La trahison était si brutale, si publique.
Ce soir-là, j'ai enfilé une robe que je n'avais jamais osé porter et je suis allée dans un bar chic du Marais. J'ai commandé verre après verre, laissant l'alcool anesthésier la douleur.
C'est là que je l'ai vu. Un jeune homme, incroyablement beau, avec un regard intense et un sourire insolent. Il s'est approché.
« Vous avez l'air d'avoir besoin d'un verre de plus. »
Je ne sais plus combien de verres nous avons bus. Je me souviens juste de son rire, de la chaleur de sa main sur la mienne, et de la sensation d'être enfin vivante.
Le lendemain matin, la lumière crue de Paris filtrait à travers les rideaux de ma chambre d'amis. Il était là, endormi à côté de moi, sa jeunesse insolente même dans le sommeil. La panique m'a saisie.
Je me suis levée, j'ai pris de l'argent dans mon portefeuille et je l'ai posé sur la table de chevet. Une liasse de billets.
Il s'est réveillé à ce moment-là, ses yeux s'ouvrant lentement. Il a regardé les billets, puis moi, un sourire amusé aux lèvres.
« C'est pour le petit-déjeuner ? Ou c'est le prix de ma performance ? »
Sa voix était rauque, moqueuse. Je me suis sentie humiliée.
« Prends-le et pars. »
Il a ri, s'est levé, nu, sans aucune gêne. Il s'est approché de moi, a pris un billet et l'a glissé dans la poche de son jean.
« Je m'appelle Kyle. Et toi ? »
Je n'ai pas répondu. Il a haussé les épaules et est parti, me laissant seule avec ma honte et ma vengeance.
Plus tard dans la journée, j'ai jeté les draps, nettoyé la chambre. Puis je suis allée à la pharmacie et j'ai acheté une boîte de préservatifs, exactement la même que celle qu'Antoine gardait dans sa table de nuit. J'ai remplacé ceux que nous avions utilisés. Un geste froid, calculé.
Antoine est rentré deux jours plus tard, bronzé, détendu. Il m'a tendu une boîte orange. Un sac Hermès. Le cadeau impersonnel par excellence.
« Pour me faire pardonner mon absence. »
Mon regard est tombé sur son cou. Juste derrière son oreille, une petite marque rouge, presque invisible. Un suçon.
Il a suivi mon regard et a froncé les sourcils, passant une main dessus.
« Un moustique à Genève. Ils sont féroces cette année. »
J'ai souri, un sourire vide.
« Bien sûr. »
Cette nuit-là, alors qu'il dormait à côté de moi, son souffle régulier, je l'ai regardé. La douleur avait disparu, remplacée par un calme étrange. Il m'avait trompée. Je l'avais trompé. Nous étions quittes.