Novembre 1997.
༄Mayron༄
C'est l'effervescence sur le parking des docks se soir. Comme tout les samedis soirs, on organise des courses illégales de motos et de voitures. Tout le monde peut y participer du moment qu'ils ont un beau lot à mettre en jeu. Certains sont d'ici et d'autres de la ville à quelques kilomètres.
Mon tour viens de se finir, j'ai encore l'adrénaline qui parcours mon corps. Je suis au top de ma forme, dans mon élément. Mon adversaire, un petit gosse de riche venu chercher des sensations fortes, est furieux d'avoir perdu sa mise et je le comprends ! Je suis désormais l'heureux propriétaire d'une Subaru Impreza. Un petit bijoux que je vais revendre une petite fortune.
- Putain mec t'as triché ! Tu m'as fait une queue de poisson dans le virage et j'ai faillit finir dans le décor merde.
Le petit jeune, qui doit avoir le même âge que moi soit dit en passant, est retenu par ses amis. Il gesticule et hurle à tout va, croyant que ça va m'intimider. En temps normal, je n'aurais pas hésiter à lui fracasser la tronche mais ce soir, je suis clément. À la place je lui offre un sourire qui se veut diabolique.
Il dit vrai, mais dans des courses comme celle-là, tout les coups sont permis. Qu'ils soit dangereux ou non, peu importe. Le but étant de gagner par n'importe quel moyen. Enfin, c'est comme ça que je vois les choses et tous ici savent que concourir avec moi, c'est perdu d'avance. Il n'a pas l'air de savoir qui je suis et c'est peut-être la seule chose qui le sauvera cette nuit.
- Écoute mec, commencé-je, à aucun moment on t'as dit de miser le petit cadeau si gentiment offert par ta maman. T'as voulu jouer, t'as perdu ! Tu l'as remerciera de ma part.
Le gringalet s'énerve alors que je lui tourne déjà le dos pour rejoindre mes frères, Peter et Alex, poster un peu loin. Alex est le fils du raod capitaine du club. On a grandit ensemble lui, Peter et moi. Je donnerai ma vie pour eux. On a fait les quatre cents coups ensemble et bien plus encore. Entre les petites missions, les soirées arrosées et les filles qu'on se partage ou non, ils connaissent tout de moi et moi d'eux.
Se sont mes frères, même si pour Alex aucun lien de parenté ne nous lie. Il fait partis du Club, donc il est autant de la famille que Peter. C'est le beau gosse du groupe, avec ses cheveux longs blond toujours attachés, rasé sur les côtés faisant apparaître des tatouages. Un corps travaillé comme le nôtre, Alex possède les yeux les plus translucides que j'ai jamais vu, d'un gris métallique, froid, inspirant la crainte chez les mecs et lui donnant un certain pouvoir de séduction étonnant sur les gonzesses.
Rien qu'un regard et elles lui tombent toutes dans les bras. C'est un quetard invétéré faisant de notre trio un véritable cauchemar pour nos semblables. Quand je les rejoins, une bière fraîche m'attend pour fêter ma victoire. Je hèle Zander, un petit jeune qui traîne avec nous de temps en temps, qui discute un peu plus loin avec une petite brune. Il arrive en trottinant content que je l'appelle.
- Ramène là avec la caisse et sali pas ok ! Je lui balance les clés de mon butin alors que ses yeux marrons brillent comme d'eux diamants.
- Trop cool ! Putain merci mec. Il détale comme un lapin, impatient de retrouver l'heureuse élue de ce soir, quand un corps chaud vient se coller à moi dans mon dos et que des mains, aux ongles manucurés d'un rouge vif, me serre la taille.
Je sais parfaitement de qui il s'agit et je ne suis pas d'humeur à la supporter.
- Bravo champion, me susurre t-elle à l'oreille.
Son parfum bon marché vient titiller mes narines et me file la gerbe. Je me dégage de son étreinte un peu brusquement la faisant tituber. En même temps elle a qu'à mettre des chaussures normales au lieu de ces choses à talons !
- Soit gentille Nina, va jouer ailleurs, lui intimè-je d'une voix tranchante.
Cette meuf est un bon coup, j'en sais quelque chose !
J'ai tellement exploré son corps, que je pourrais situer les yeux fermés le moindre grain de beauté. On peut lui faire n'importe quoi, elle est toujours partante. Ça ne la rend que pathétique à mes yeux, mais depuis un moment j'ai remarqué qu'elle devenait un peu plus désireuse d'autre chose. Comme quand elle essaye de me retenir pour que je reste passer la nuit avec elle, ou de faire des câlins post coït.
Moi tout ce que je veux, c'est la baiser rien de plus ! Ces conneries, l'amour, former un couple etc... c'est pas ma came. Je l'ai déjà prévenue quand on a commencé nos petits jeux salaces et ma réputation en dit long. Mais apparemment va falloir que je le lui rappelle ou lui montre. Peut-être en baisant une copine à elle ! Autant se faire du bien non ? Oui je suis connard et je l'assume complètement.
Et puis ce n'est pas ma faute si elles s'accrochent comme une moule sur un rocher. Je suis clair avec elles dès le début. Il n'est question que de plaisir, pas d'attache. C'est pourtant simple non ? Elle a l'air vexée vu la tronche qu'elle tire, et les rires graveleux de mes comparses n'arrangent pas son faciès. Elle finit par tourner les talons, avec le peu de dignité qu'elle peut avoir face à nous, vu ce qu'on lui a mit chacun.
Parce que bien sûr, Nina fait partie de celles que seul le train n'y est pas passé dessus. Je la regarde s'éloigner roulant du cul comme la chienne en chaleur qu'elle est. Ouais va falloir que je me trouve un autre plan cul parce que elle, elle est OUT.
- Bon on s'arrache ou quoi ? déclare soudain mon cousin me tirant de mes réflexions.
Il a l'air pressé de partir se soir, chose inhabituelle. Les docks c'est chez nous. Notre deuxième maison où l'on joue au chat et à la souris avec les flics locaux depuis notre plus tendre enfance. On y connaît chaque recoin, chaque planque.
Alors pourquoi se balance t-il d'un pied à l'autre ? Impatient, nerveux.
Je fronce les sourcils en le dévisageant :
- Pourquoi t'es pressé de partir mon frère ? T'as rencard avec une petite meuf ou quoi ? - J'aurais préféré ! Mais malheureusement le vieux m'a appelé pendant que tu faisais joujou et nous demande d'aller régler une petite course en ville. Un mauvais payeur du Starlight.
Encore un gros con qui croit pouvoir sans sortir sans honorer ses dettes. Malheureusement pour eux, quand t'as une ardoise chez nous, c'est soit tu payes, soit tu crèves. Ils le savent. Ceux qui viennent profiter dans notre bar et de certains de nos privilèges, savent ce qui se passe si tu es réglo, ou non.
Nous faire déplacer n'est jamais bon signe, et la plupart des gens en ont conscience. Alors pourquoi persistent-ils à croire qu'on peut nous la faire à l'envers ? Dans ces cas là, même supplier ne peut pas les sauver, au contraire, ça me fout les nerfs encore plus. Les entendre pleurnicher, geindre ou demander un nouveau délai, ne fait qu'attiser le feu qui brûle en moi. Même si nous sommes jeunes, nous n'en restons pas moins des Hadès !
Et ce n'est pas pour rien qu'on m'appelle Psyko. J'ai toujours tendance à perdre la raison dans des situations telles que celle-là. La plupart du temps c'est comme des absences, des trous noirs et quand je reprends pieds, j'ai les mains couvertes de sang. Entre la course qui coule encore dans mes veines, la tension qui règne sur les docks et l' annonce de mon cousin, j'ai besoin de me défouler, alors je grogne de contentement. Manque plus qu'un plan baise et la soirée aurait été parfaite.
༄༄༄༄
Pour venir jusqu'au lieu de la course, nous avons pris la caisse d'un des membres. Un pick-up GMC. Je déteste les bagnoles à part quand il s'agit de faire hurler le moteur lors d'une course. Je me sens enfermé dans ces boites de conserves et comme je n'aime pas perdre le contrôle, c'est toujours moi qui conduis.
Bien sûr ce con de Peter a pris cette bagnole sans regarder la jauge et si on ne veut pas pousser, il faut qu'on s'arrête dans une station service faire le plein. Ce qui va nous retarder pour notre petit rendez-vous surprise. Arrivé sur place, mes doigts enroulés autour du volant se crispent, reconnaissant la silhouette d'une fille un peu trop rondelette à mon goût. Elle est en train de mettre de l'essence dans sa voiture quand je me gare à la pompe.
- Regardez ce que nous avons là ? s'exclame Alex depuis la banquette arrière. Bizarrement, à ce moment précis j'ai envie d'y foutre mon poing dans la gueule.
Les frères savent, pour la plupart, l'aversion que je ressens pour elle.
Je grogne un 'ouais' tout droit sortit de mon ventre. Cataleya Cooper, cette petite meuf qui est arrivée dans ma ville il y a deux mois de ça, m'agace prodigieusement. Pourquoi ? Je ne sais pas trop en fait.
C'est inexplicable parce qu'elle ne m'a rien fait en soit, mais chaque fois que je suis dans la même pièce qu'elle, y a cette putain de tension qui me vrille le ventre, sans savoir quel effet exactement ça me fait. C'est désagréable, limite douloureux. Ça monte toujours en puissance. Au début, c'est juste une petite phrase pour la faire chier, et je reconnais que j'y prends un malin plaisir.
Elle a un caractère mordant que je n'ai pas l'habitude de trouver chez un petit cul, même si cette définition ne caractérise pas du tout le sien. Je ricane de mes conneries. Mais avec elle, ça devient très vite incontrôlable et le jeu que j'ai instauré devient blessant. La colère que j'ai en moi, tapie comme un monstre, demande à sortir à faire mal.
Le jour où mon paternel a voulu jouer au voisin charmant en faisant les présentations avec les Cooper, laissant mon bijoux entre ses petits doigts, j'ai cru que j'aillais la tuer. C'était la première fois que je l'a rencontrais et il était hors de question que je ne supervise pas les opérations. Alors je suis resté au garage, surveillant chacun de ses gestes, professionnels j'en conviens.
Je ne peux pas dire qu'elle ne sait pas ce qu'elle fait. Au contraire ! Elle maitrise parfaitement le domaine, mais bordel c'est une meuf merde ! Et mon bébé tourne parfaitement. Sauf que pour madame, plein de chose n'allaient pas, comme le débit d'essence un peu en retard.
- Si tu veux je peux la garder et lui faire un check-up ? m'avait-elle proposé.
Une proposition des plus banales et demandé gentiment mais je suis un con alors...
- Hors de question putain ! Je crois que j'avais presque crié en me décollant de mon poste de surveillance.
- Ok... alors pourquoi venir dans un garage si c'est pour rien faire sur ta moto ?
Sa voix était devenue non pas méfiante comme ils le font tous quand j'élève un peu la voix. Non elle était devenue hargneuse.
- Ma bécane va très bien. T'as qu'à dire que tout est en règle et basta.
Elle s'était redressée en fronçant les sourcils, sans ciller, son regard étrange dans le mien. Mon regard a glissé vers sa bouche pulpeuse qui affichait une grimace de réprimande :
-Je vois ! Tu crois que parce que je suis une fille j'y connais rien c'est ça ? Désolée de te décevoir cro-magnon, mais je sais parfaitement ce que je dit. Ton petit engin manque de débit et c'est pour ça qu'elle est un peu décalée, maintenant si tu veux un autre avis, libre à toi d'aller voire ailleurs.
Très bien elle voulait pas se taire et mon sang commençait à pulser.
- Ou alors, tu peux regarder celui-là d'engin et tu verras qu'il n'a rien de petit !
Je n'ai pas pu m'empêcher de joindre le geste à la parole. Ma main placée sur mon entrejambe, ces yeux écarquillés, ses joues teintées de rose, m'arrachent un rire de gorge qui raisonnât dans la pièce où nous nous trouvions.
- Tu sais ce qu'on dit ? Regarde la moto et tu sauras qui la conduit !
Mon rire s'est effacé pour laisser place à un grognement. Elle a sourit et c'était barrée, me laissant comme un con dans le garage. Putain mais pour qui elle se prend cette connasse ! Personne ne me parle comme ça ! Je crois que c'est de là, que tout est parti en vrille dans mon cerveau. Charly, de son petit nom, a réveillé inconsciemment mon instinct de joueur.
Sa bouche insolente méritait que quelqu'un la corrige et ça faisait bien longtemps que je n'avais pas jouer à ce jeu là. Il était temps que l'on lui apprenne les bonnes manières !
༄༄༄༄
༆Cataleya༆
- J'adoooore cette chanson ! crie Kalisha pour couvrir la musique qui hurle des baffles de la voiture. Elle gesticule dans tous les sens sur le siège passager, improvisant une danse qu'elle croit sûrement synchronisée. Je retiens à grand peine mon hilarité.
Kali est mon amie depuis que je suis arrivée ici, il y a deux mois. Je baisse un peu le volume pour pouvoir communiquer :
- Faut mettre de l'essence et après je vous ramène toi et l'autre poche derrière.
- Quoi ! Nooon la soirée n'est pas fini ! se lamente-t-elle.
- Kali, t'es complètement bourrée ! Il est temps de rentrer. la sermonne-je.
- Attends, il y avais une soirée de prévue chez Matt, on devrait y allez ! s'exclame Zara-la-poche qui à l'origine ronflait sur la banquette arrière.
- Super programme !
Je lui jète un regard qui se veut hostile, mais elle recommence à gesticuler et remonte le son. Je crois que je n'aurais pas le dessus cette fois-ci. Je secoue la tête, un sourire timide aux lèvres.
- Ouais ce soir je suis Taxi-sitter. marmonnè-je en appuyant sur l'accélérateur. Un quart d'heure plus tard nous arrivons devant la station service déserte.
- Ok ravitaillement pour nous et toi tu fais boire ma merveille! déclare mon amie. Je n'ai pas le temps de répondre qu'elle entraîne Zara, tout aussi éméchée qu'elle, vers l'entrée de la boutique.
Zara est une fille plutôt sympa que Kalisha m'a présenté il y a quinze jours à peine. Elle est toute petite et me fait penser à ma petite sœur avec son visage enfantin. Je ne sais pas si nous serons de grandes amies, elles et moi, mais j'apprécie vraiment leur compagnie. Je souffle d'exaspération en regardant mes deux et seules copines, bras dessus, bras dessous, se diriger en titubant vers la porte vitrée du magasin.
Elles pouffent de rire. Sûrement qu'elles savent de quoi elles ont l'air, se qui me fait sourire. Ces filles sont complètement folles, mais je les aime bien. Ma vie ne serait clairement pas la même sans elles. Je sors de la voiture et commence à faire le plein de la Golf quand une musique, enfin plutôt des basses résonnent au loin. Je me tourne pour chercher du regard d'où cela provient, tout en continuant à remplir le réservoir, quand des phares apparaissent sur le bitume.
Un pick-up noir se profile sous les réverbères de la route et je le reconnais de suite.
Merde ! Manquait plus qu'eux !
Leur voiture s'arrête à la hauteur de la pompe qui se trouve derrière moi. Je comprends qu'ils en descendent quand la musique encore étouffée dans l'habitacle est libérée de sa boîte. Puis c'est le silence qui nous enveloppe.
Un silence écrasant, me vrillant le ventre. Des frissons désagréables serpentent le long de ma colonne vertébrale et je sais que le regard de l'un d'eux en est à l'origine. Mayron. Je déglutie difficilement, et ose jeter un regard dans la vitre de ma voiture pour voir ce qu'ils font. Mon regard se pose sur une silhouette déformée par le verre, la dessinant encore plus effrayante. Il faut dire que les Hadès sont plutôt impressionnants.
Je ne les connais pas encore plus que ça, mais pour leurs âges, ils ont des carrures impressionnantes, digne de joueurs de football américain. Mais ce n'est pas ça qui me dérange le plus. C'est cette aura sombre qu'ils dégagent. Surtout lui. Il a beau avoir une gueule d'ange, je crois que c'est lui le pire. Notre première rencontre à clairement donné le ton à notre future relation, parce que depuis, il me fait chier chaque fois que l'on se trouve dans la même pièce.
Il me déteste pour une raison que j'ignore et c'est réciproque ! Dans la vitre, je le vois se déplacer dans ma direction. Nonchalamment il s'approche et reste dans mon dos ce qui me semble être une éternité. J'ai l'impression de l'entendre respirer plus fort, comme pour... me humer ? Puis, d'un geste fluide, il s'appuie contre la voiture. Son regard me transperce et me brûle tout le côté gauche de mon visage.
- Allez chercher ce qu'il nous faut, ordonne t-il de sa voix rauque.
Son souffle chaud me fait réaliser qu'il est très proche de moi. Beaucoup trop proche. J'essaye à grand peine de contrôler ma respiration et de jouer l'indifférente. Comme je le fais à chacune de nos rencontres avec lui, ou bien leur gang de dégénérés.
Mais c'est dur !
Il me pousse tellement à bout, que je finis toujours par céder à ses provocations, mon caractère et ma fierté m'y obligeant. Je finis mon plein et vais reposer le pistolet dans son logement le plus dignement possible. Puis je retourne à la voiture et ferme le réservoir d'un mouvement sec. Lui n'a pas bougé d'un pouce, suivant les mouvements que j'effectue, m'observant, m'epiant.
Je me force pourtant à ne pas lui donner la moindre attention, de plus en plus mal à l'aise. Ce genre de type, aime avoir tout les regards portés sur lui. Je l'ai compris à mes dépends il y a quelques semaines. Son regard insistant et son silence me glace le sang. D'habitude il me lance une pique ou deux, mais ce soir, il reste silencieux et c'en est complètement déroutant.
Je jète un coup d'œil vers le magasin à la recherche des filles, et prie intérieurement pour qu'elles se dépêchent. Elles sont en pleine conversation avec le caissier. Mon regard croise celui de kali et elle me sourie en secouant des paquets de chips. Cette folle perd l'équilibre et disparaît de ma vue comme au ralenti. Elle essaye de se rattraper à tout ce qu'elle peut, entraînant un étalage de chips avec elle.
C'est la chute la plus longue que j'ai jamais vue de ma vie. Zara, elle, est hilare, alors que le caissier est furieux. J'entends ses cris d'ici, en brandissant les bras dans les airs. Une fois que mon amie c'est redressée et se complaint en escuses à moitié morte de rire, il ouvre la porte et les poussent à l'extérieur. - Putain mais c'est pas possible !! Dégagez d'ici bande de ponchtronne.
Je ne peux pas me retenir plus longtemps et éclate de rire. Je perçois un mouvement sur la gauche et ose enfin poser mes yeux sur Mayron. Mon rire se meurt quand mon regard se pose sur lui. Il s'est complètement tourné, se trouvant maintenant face à moi. Je ne peux voir sa tête dans son intégralité, son regard étant plongé dans l'obscurité de sa capuche qu'il a rabattue sur le crâne.
Mais je distingue quand même sa mâchoire, carrée, ombragée d'une petite barbe. Son nez, ni trop fin, ni trop gros, mais légèrement bossu. Peut-être un peu trop de coups reçus lors de ces bagarres. Une bouche pleine, d'où s'étire un léger rictus que je devine amer. J'aimerais pourtant voir ses yeux, pour voir si son sourire fait illuminé son regard, mais j'en doute.
Mes yeux descendant d'eux même pour partir à l'assaut de son cou et là aussi je ne peux distinguer qu'un petit bout de peau qui semble être recouvert d'encre. De cet angle je ne peux voir ce qu'il représente. Je continue mon exploration sachant pertinemment que je ne devrais pas le détailler de cette manière. C'est d'ailleurs la première fois que je me l'autorise. Mais ce soir, cet homme que je déteste, m'intrigue trop pour que je détourne mes yeux curieux.
Très vite je me rends compte qu'il doit être taillé dans la roche, car sous son sweat, se dessine des muscles saillants. Je comprends mieux pourquoi toutes les filles lui tombent dans les bras. Il est magnifique, et rien que pour ça, je sais qu'il ne faut pas s'approcher de lui.
Non mais qu'est-ce que je raconte !
Les cris de mes copines m'arrachent à mes pensées incroyables :
- Oh ça va j'ai pas fait exprès ! s'indigne kali. À coter d'elle, Zara est pliée en deux tellement elle rigole.
Une fois à ma hauteur, mes deux amies se calment enfin quand elle découvrent le garçon se tenant là, absorbant tout l'espace.
Il n'a toujours pas décroché ne serait ce qu'un mot. Ouais il est peut être beau, mais flippant quand même !! De toute manière engager la conversation avec lui n'était pas du tout dans mon programme. Il est hors de question que je me prenne la tête encore une fois avec lui et ce soir encore moins.
J'ai passé une très bonne soirée avec mes copines, je suis de bonne humeur, alors il ne gâchera rien. Soudain un crissement de pneus retenti, et une voiture rouge s'engage sur le parking à vive allure, nous faisant nous retourner.
- Qui s'est ce malade ! demande Zara la bouche pâteuse.
La voiture se gare derrière celle des Hadès et le passager en descend. Il semble furieux.
- Putain ! souffle Mayron qui se décolle de la voiture.
Tout chez le nouvel arrivant transpire la malveillance et me font comprendre qu'un règlement de compte va se jouer ici et que malgré nous, nous allons y assister.
- Psyko, on a un truc à régler toi et moi ! beugle le nouvel arrivant en levant les mains en l'air.
Le jeune homme impassible qui se tenait à mes coter il y a quelques minutes, est maintenant devant moi, m'offrant son large dos comme tableau. Et quel tableau ! Même le plus grand des peintres n'aurait pu dessiner cette œuvre d'art. Non mais qu'est ce que je fais là à le bader comme une folle ! Je le déteste merde !
- Ah ouais ! Et c'est quoi le problème ? gronde t-il.
Tout en parlant il a fait un pas dans sa direction et je vois littéralement ces muscles se tendre. Mon dieu ! Ça va dégénère et je ne veux surtout pas être là quand ces deux bombes exploseront.
Une petite main fraîche me tire de ma réflexion. C'est Kali. Elle me tire de façon à ce que l'on soit accroupies derrière la voiture : - Faut qu'on se casse et vite, chuchote t-elle. Elle aussi a dû sentir le danger qui sature l'air. Mais il est déjà trop tard ! À partir de là, tout s'enchaîne à une vitesse folle.
C'est comme si j'assistais à la scène vu de l'extérieur, en étant tout de même actrice. Le fracas d'une vitre accompagné d'un grognement de colère. Les petits cris de stupeur de mes amies et ce grognement d'ours m'atteignent, mais je ne bouge pas de ma position. Comme ancrée au sol. L'homme de la voiture rigole en brandissant un pistolet, me pétrifiant davantage, avec lequel il vient de fracasser la vitre arrière du pick- up des bikers à l'aide de sa crosse.
Je ne connais pas leurs histoires et je ne veux pas les connaître. Kali me tire par le bras et nous rejoignions Zara qui s'est réfugiée elle aussi, derrière notre voiture. Je penche la tête pour regarder la scène, ma curiosité malsaine prenant le dessus sur mes actes. Mayron se jète alors sur son adversaire, le plaquant au sol d'une force inouïe et s'apprête à se remettre debout quand le conducteur de la voiture charge comme un taureau à son tour sur lui.
Il lui assème un violent coup de pied dans les côtes. Dans un grognement, il est projeté sur le côté et tombe au sol, sur le dos dans un bruit sourd. Je plaque ma main sur ma bouche pour étouffer un cri, mon cœur palpitant à vive allure dans ma cage thoracique. Soudain une ombre passe devant nous et des bouteilles se brisent au sol.
Peter et un autre type se lancent alors à toute allure sur les deux hommes qui s'en prennent à Psyko.
- Bande d'enflures lâchez-le ! hurlent-ils. J'assiste impuissante à une déferlante de coups de poings, de pieds et je crois même entendre des os se briser tellement leurs portées est puissantes.
- Montons dans la voiture et barrons nous d'ici !
La voix implorante de Kalisha me fait quitter la scène des yeux. Mon amie, qui semble avoir décuvé grâce à l'adrénaline, commence à ouvrir la portière de la voiture quand une détonation fend l'air, suivit par nos cris de peur. Mais c'est aussi la peur qui m'incite a me redresser assez pour regarder dans la direction des hommes qui se battent.
Il faut que je sache si personne n'a été blessé et heureusement c'est le cas. Je constate que crâne rasé tient en joue celui qui me fait mettre en colère depuis mon arrivée ici. Celui-ci lève les mains en l'air. Mayron ressemble à une statue de sel, seul sa respiration frénétique dû aux efforts qu'il vient de fournir, informe qu'il est encore en vie et mess yeux le scannent à la recherche d'une éventuelle blessure.
J'ai l'impression d'être connectée à lui et de retenir moi-même mon souffle. Mon cœur et mon ventre se tordent d'une drôle de façon. J'ai peur, peur pour mes amies, pour moi, mais étrangement pour eux aussi. L'acolyte de crâne rasé s'est déplacé à la droite de celui-ci. Ses lèvres remues, mais je suis trop loin pour entendre ce qu'ils disent.
Soudain, Peter bondit sur lui dans un rugissement, tel un fauve sur sa proie. Déstabilisé, l'homme tombe à la renverse et l'arme glisse sous la voiture noire des bikers, les hostilités reprennent entre les cinq brutes. Mon dieu de vrai sauvages ! Comme une intuition, ma tête se tourne en direction de la petite boutique et je remarque que le caissier a le téléphone scotché à son oreille et qu'il gesticule dans tous les sens les bras.
Il est sûrement en train d'appeler les flics. Merde !
- Non c'est pas vrai ! marmonnè-je
Si jamais les flics rappliquent on se fera arrêter, tous. Je devrais m'en foutre, me barrer. Je ne risque rien après tout et les laisser se démerder avec tout ça, mais je ne sais pas pourquoi je décide d'agir comme je vais le faire. Je n'ai pas envie d'être mêlée à leurs histoires pourries voilà pourquoi ! Pas envie d'être interrogée en tant que témoin. Et qui dit témoin ... dit emmerdes.
Alors je me redresse et me faufile jusqu'à la voiture des Hadès. Kalisha essaye de me retenir mais je suis déjà loin. Arrivée à la hauteur de leur voiture, je m'allonge au sol et cherche l'arme des yeux que j'ai vue glisser. Elle gît là, à quelques centimètres de moi. Les cinq sauvages se tapent toujours dessus et ne font absolument pas attention à ce que je fabrique.
C'est comme une force invisible qui me pousse à la prendre alors que je n'ai jamais tenue une arme à feu de ma vie. Je me redresse, lève ma main armée et tire. Sous la détonation je ferme les yeux et la puissance du coup de feu m'arrache presque l'épaule. Bordel ça fait mal ! Ma main tremble et j'essaye de la maîtriser au mieux.
Les cinq paires d'yeux qui me fixent me déstabilise, mais je tiens bon, voulant montrer qui commande. Après tout c'est moi qui est le flingue ! Dans les films c'est comme ça que ça marche non ?
- Maintenant, toi et ton copain, vous allez vous barrez ok ! Parce que au cas où tu l'aurais pas remarquer je suis à cran.
Je ne sais pas pourquoi j'ai fait cela. Mais cette action, aussi folle qu'elle puisse être, a eu l'effet sûrement recherché, car un silence assourdissant fait maintenant place dans la station service. Ils me regardent, tous, ahuris et je me rends compte que j'ai appuyer sur la gâchette sans même viser.
J'aurai pu tuer quelqu'un !
Je suis tétanisée bordel. C'est alors que la voix de mon amie me tire de ma transe :
- T'es complément barge ! Putain on se tire dépêche toi !
Ce n'est qu'à ce moment précis que je réalise complètement ce que je viens de faire.
Je lache mon arme et mon regard est happé par un autre que je n'avais pas pu voir toute à l'heure. Des yeux sombres, dilatés par la haine, qui n'aspirent que de voir le sang couler. Où est-ce autre chose ? J'ai l'impression de tomber du haut d'une falaise, que rien que son regard me prive de tous mes autres sens. Je suis en apnée face à la noirceur de Mayron Sullyvan.
- Allez bouge ! Le crie de mon amie m'arrache à ma torpeur une nouvelle fois et je reprends soudain vie, cours vers notre voiture comme si la mort me pourchassait. Au même moment le caissier sort en gueulant qu'il a appelé les flics et je m'engouffre dans l'habitacle suivie par kali, Zara étant déjà au volant, et nous démarrons dans un crissement de pneus comme si nous étions réellement poursuivies par quelques choses.
Mon cœur bat tellement vite que c'en est douloureux. Par instinct, ou folie, peut-être même les deux, je regarde par la fenêtre derrière moi. Mayron n'a pas bougé, il nous regarde nous éloigner alors que son cousin le tire par le bras pour rejoindre leur voiture. Celle de crâne rasé, quand à elle, démarre en trombe et s'enfui du côté opposé au nôtre. Un soupir de soulagement passe par mes lèvres tremblantes.
Au fur et à mesure des secondes, je n'arrive plus à les distinguer et ils finissent par disparaître complètement. Je m'installe confortablement contre le dossier du siège. L'adrénaline produit par mon corps se dissipe peu à peu, mes mains tremblent encore un peu et mon palpitant retrouve un rythme presque normal.
- Bordel ! soirée de malade ! s'exclame notre chauffeur.
- Qu'est-ce qui t'a pris ? T'es complètement siphonnée du bulbe ou quoi ? me hurle Kalisha en se retournant vers moi.
Je la regarde comme si je la voyais pour la première fois, redescendant à peine de ma transe. Je hausse les épaules et ma tête roule en arrière tapant contre le haut de la banquette. Je ferme les yeux et lui réponds dans un souffle :
- J'en sais rien du tout.
À suivre...