Le lendemain était l'anniversaire de Juliette. Dans sa vie passée, elle l'aurait attendu seule. Cette fois, elle avait invité ses deux seules vraies amies, rencontrées dans un cours de poterie, pour un simple dîner dans son futur local à Montmartre. Le lieu était encore en travaux, mais elles avaient installé une table au milieu, mangé des pizzas et bu du vin bon marché.
Pour la première fois depuis des années, Juliette riait. Un rire franc, libéré. Elle leur parla de son projet, de ses recettes, de son rêve qui prenait enfin forme.
Soudain, la porte s'ouvrit à la volée. Alan et Carole se tenaient sur le seuil, le visage d'Alan sombre, celui de Carole triomphant.
« Alors c'est ça, ton grand projet ? » lança Alan, balayant la pièce d'un regard méprisant. « Une petite boutique minable à Montmartre ? C'est pour ça que tu veux divorcer ? »
Carole ricana. « C'est tellement... pittoresque. On dirait que tu joues à la marchande. » Elle s'approcha de la table et renversa délibérément une bouteille de vin sur les croquis des gâteaux que Juliette avait dessinés.
« Oh, pardon. Quelle maladresse. »
« Arrête ! » cria Juliette, se levant pour protéger ses dessins.
Alan l'attrapa par le poignet. « Laisse-la. Ce ne sont que des gribouillis. »
« Ce sont mes rêves ! » hurla-t-elle, essayant de se dégager. Dans la bousculade, sa tête heurta violemment le coin d'une étagère métallique. La douleur fut fulgurante, puis tout devint noir.
Elle se réveilla dans une chambre d'hôpital. Ses amies étaient à son chevet, leurs visages inquiets.
« Juliette, ça suffit, » dit l'une d'elles, les larmes aux yeux. « Tu dois finaliser ce divorce. Cet homme va te tuer. »
Juliette toucha le bandage sur sa tête. Elle hocha lentement la tête. « Je sais. C'est fini. »
La porte s'ouvrit. Alan entra, seul cette fois. Son visage était dur.
« Tu vois où tes caprices te mènent ? Tu m'as fait passer pour un monstre devant tes amies. »
Juliette le regarda, un sourire étrange sur les lèvres. « Un monstre ? Non, Alan. Tu es juste... insignifiant. Et tu sais quoi ? Quand je serai sortie d'ici, je vais construire un empire. Un empire si grand que ton nom, Moore, ne sera plus qu'une note de bas de page dans mon histoire. »
Il la fixa, abasourdi par son audace.