Juliette a suivi le Père Alan. Elle savait qu'il allait bientôt recevoir l'appel de la police. C'était sa chance.
« Père, » a-t-elle murmuré, sachant qu'il l'entendrait même s'il ne la voyait pas. « Quand vous irez prier pour cette âme perdue, puis-je vous accompagner ? Je... je veux prier pour elle aussi. »
Elle voulait voir son propre corps. Elle voulait être là quand il prierait pour elle, même sans savoir que c'était elle. C'était une façon tordue de chercher une forme de clôture.
Le Père Alan a soupiré, agacé.
« Très bien. Mais ne cause aucun problème. Reste silencieuse. »
Son acceptation était froide, conditionnelle. Mais c'était une acceptation.
Alors qu'ils se préparaient à partir, Cécilia est apparue, l'air faible et fragile.
« Oh, Juliette, ma chère sœur, » a-t-elle dit d'une voix tremblante. « Je suis si heureuse de te voir. J'ai préparé ton plat préféré pour me faire pardonner. »
C'était une manipulation évidente. Juliette la détestait.
Cécilia a insisté pour qu'ils mangent ensemble avant de partir. Le Père Alan, toujours soucieux du bien-être de Cécilia, a ordonné à Juliette de s'asseoir à table. Juliette n'avait pas de plat préféré. Sa mère ne lui avait jamais rien préparé avec amour. Elle a regardé le Père Alan couper la nourriture de Cécilia en petits morceaux, avec une tendresse qui lui était autrefois réservée. La douleur était si vive qu'elle était presque physique.
Soudain, une nausée violente l'a saisie. Son esprit a été secoué par des spasmes. Cécilia a haleté, feignant le choc.
« Mon Dieu ! Juliette, tu... tu vomis ? Serais-tu... enceinte ? »
L'accusation était absurde, mais dans la pénombre de la pièce, elle était conçue pour choquer et salir.
Avant que quiconque puisse réagir, Cécilia a sorti un morceau de papier de sa poche. C'était un dessin. Un dessin grossier mais explicite d'une femme nue dans les bras d'un homme. Le visage de la femme était sans aucun doute celui de Juliette.
« J'ai trouvé ça dans ses affaires, Père, » a dit Cécilia, les larmes aux yeux. « Je ne voulais pas y croire... Elle a dû rencontrer un homme en Corse... C'est pour ça qu'elle a mis tant de temps à revenir ! »
Le Père Alan a arraché le dessin des mains de Cécilia. Son visage s'est transformé. Le dégoût et la colère ont remplacé sa froideur habituelle. Il a regardé Juliette avec une révulsion totale.
« Dégénérée, » a-t-il sifflé. « Tu as non seulement des pensées impures, mais tu agis aussi de manière honteuse. Tu as déshonoré tout ce que je t'ai appris. »
Cécilia a choisi ce moment pour s'effondrer, simulant une crise de faiblesse.
« Père... je... je ne me sens pas bien... La trahison de ma sœur... c'est trop pour mon cœur fragile... »
Le Père Alan s'est immédiatement précipité à ses côtés, la soutenant.
Il l'a soulevée dans ses bras et s'est dirigé vers la porte, passant devant Juliette sans un regard.
« Tu me dégoûtes, » a-t-il lâché en partant. « Ne t'approche plus jamais de moi. »
Les mots l'ont frappée avec la force d'un coup physique. Son esprit, déjà affaibli, s'est presque dissipé sous le poids de cette trahison finale.