Chapitre 3

Trois semaines plus tard, la nouvelle est tombée.

L'action d'Innov-Tech Solutions a grimpé en flèche. Mon petit investissement s'était transformé en une fortune. J'étais riche. Assez riche pour ne plus jamais avoir à dessiner un touriste ou à servir un café de ma vie.

J'ai discrètement transféré les fonds sur un nouveau compte, dans une banque en ligne qu'ils ne connaîtraient jamais. J'ai loué un appartement dans une autre ville, loin de Marseille, et je me suis inscrite dans une nouvelle école d'art, bien plus prestigieuse.

Ma nouvelle vie était prête. Mais avant de partir, il me restait une dernière chose à faire.

La vengeance.

L'anniversaire de Léo approchait. C'était l'occasion parfaite.

J'ai dit à ma mère que j'avais reçu mon premier « salaire » de l'usine.

« Maman, je veux faire une surprise à Léo pour son anniversaire. J'ai trouvé un truc génial pour lui. »

J'ai sorti une brochure.

« Un camp d'été de programmation. Deux semaines, en pension complète. C'est intensif, mais ça lui ouvrira des portes. C'est mon cadeau pour lui. »

Sylvie était aux anges. Son fils allait devenir un génie de l'informatique grâce au sacrifice de sa fille. C'était son rêve.

Léo a protesté, bien sûr. Deux semaines loin de son lit, de ses jeux vidéo et... de son Thermomix. Mais face à l'enthousiasme de Sylvie et à la pression de mon « sacrifice financier », il a dû céder.

Pendant son absence, j'ai préparé la fête.

J'ai appelé tous nos oncles, tantes, cousins, et même les voisins les plus bavards.

« C'est une surprise pour le retour de Léo ! Il a été tellement brillant à son camp. On va fêter ça et son anniversaire en même temps. Venez tous samedi à 18h. »

J'ai acheté un énorme gâteau à la crème, des ballons, des boissons. J'ai transformé notre petit salon en salle de fête. Sylvie était si fière. Elle paradait, racontant à tout le monde à quel point ses enfants étaient merveilleux.

Le samedi est arrivé. La maison était pleine. L'ambiance était joyeuse.

À 17h55, j'ai reçu un SMS de Léo. « J'arrive. »

J'ai fait un signe à ma mère.

« Maman, tout le monde se cache ! On lui fait la surprise quand il entre ! »

Les lumières se sont éteintes. Tout le monde s'est caché derrière les canapés, les rideaux, dans la cuisine. Le silence était total, seulement brisé par quelques chuchotements excités.

La clé a tourné dans la serrure. La porte s'est ouverte.

Léo est entré. Croyant la maison vide, il n'a même pas allumé la lumière. Il a jeté son sac par terre et s'est dirigé directement vers sa chambre, le pas pressé.

J'ai compté jusqu'à dix.

Puis j'ai crié.

« SURPRISE ! »