Le jour du mariage, le château était en effervescence. Des fleurs partout, des centaines d'invités prestigieux, des journalistes à la grille.
Dans sa suite, Étienne attendait. Il regardait son téléphone, un sourire suffisant aux lèvres.
« Elle va m'appeler », se disait-il. « Elle ne peut pas se marier sans moi. Elle va supplier. »
Pendant ce temps, j'enfilais ma robe Chanel, parfaitement désinfectée.
Julien est arrivé, mal à l'aise dans son costume impeccable. Il avait l'air d'un loup magnifique pris au piège.
« Je suis prêt », a-t-il dit, pensant qu'il allait simplement m'accompagner jusqu'à l'autel pour me "donner" à un autre.
Mon père m'a prise par le bras. Il a jeté un regard approbateur à Julien.
« Vous formez un beau couple. »
Julien a souri poliment, sans comprendre.
La musique a commencé. Les portes de la chapelle privée se sont ouvertes.
J'ai avancé dans l'allée au bras de mon père. Tous les regards étaient tournés vers moi. J'ai vu les murmures, les questions. Où était Étienne ?
Arrivée devant l'autel, mon père s'est tourné vers Julien.
« Je vous la confie. »
Julien a froncé les sourcils, confus, mais a pris ma main. C'est à ce moment, en voyant le prêtre lui sourire, qu'il a compris.
Il était le marié.
Son regard a croisé le mien. J'y ai lu le choc, l'incrédulité, puis une lueur de joie pure et intense qu'il n'a pas pu cacher.
Le prêtre a commencé. « Nous sommes réunis aujourd'hui pour célébrer l'union d'Amélie de Valois et de... »
Il a marqué une pause dramatique.
« Julien Moreau. »
Un murmure a parcouru l'assemblée.
C'est à ce moment précis que les portes se sont ouvertes à la volée.
Étienne était là. En sueur, décoiffé, le visage blême. Il avait attendu mon appel jusqu'à la dernière minute.
Il a vu la scène. Moi, au bras de Julien, devant le prêtre.
Son visage s'est vidé de toute couleur.
Mais le spectacle ne faisait que commencer.
J'ai fait un signe discret à mon nouvel chef de la sécurité.
Un écran géant, dissimulé derrière l'autel, s'est allumé.
Une vidéo a commencé à jouer. Une vidéo que Chloé m'avait envoyée la veille pour me narguer, pensant que j'étais anéantie.
On y voyait Étienne et Chloé, dans la chambre d'hôpital de cette dernière.
« Ne t'inquiète pas, mon amour », disait Étienne en l'embrassant. « Demain, j'épouse cette idiote. Et dans un an, une fois le contrôle de l'entreprise assuré, je divorcerai et nous aurons tout. Son argent, son nom, tout. »
Le scandale a éclaté comme une bombe. Les flashs des journalistes crépitaient.
Mon père, le visage pourpre de fureur, s'est avancé vers Étienne.
Une gifle a claqué, résonnant dans toute la chapelle.
« Tu es une honte ! » a-t-il hurlé. « Tu es rétrogradé au poste le plus bas de la filiale la plus éloignée ! Et pour réparer l'honneur de cette famille que tu as souillé... »
Il a attrapé Chloé, qui tentait de se cacher.
« Tu vas l'épouser. Maintenant. Pour sauver ce qui peut l'être. »
Étienne et Chloé se sont regardés, horrifiés. Leur rêve venait de se transformer en cauchemar.
Julien a resserré sa prise sur ma main. Je me suis appuyée contre lui, enfin en paix.
La vengeance était un plat qui se mangeait froid, mais le servir le jour de son propre mariage avait une saveur toute particulière.