Les préparatifs du mariage ont commencé à un rythme effréné. Mon père, ravi que j'aie enfin accepté de me "ranger", a mis les bouchées doubles.
Un après-midi, je me suis rendue à la boutique Chanel de l'Avenue Montaigne pour l'essayage final de ma robe sur-mesure.
En entrant dans le salon privé, je me suis figée.
Chloé était là, debout sur l'estrade, vêtue de MA robe de mariée.
Étienne se tenait à côté, un sourire admiratif aux lèvres.
« Tu es magnifique, Chloé. Bien plus belle qu'Amélie ne le sera jamais dedans. »
Le visage de Chloé est passé du triomphe à la panique en me voyant. Elle a porté une main à sa poitrine, feignant une soudaine faiblesse.
« Amélie ! Je... je voulais juste voir... Étienne a dit que ça ne te dérangerait pas... »
Mon sang n'a fait qu'un tour. Mais cette fois, la colère était froide, précise.
J'ai ignoré Chloé et me suis adressée à la directrice de la boutique, qui était pâle comme un linge.
« Enlevez-lui ma robe. Immédiatement. »
Puis, j'ai ajouté, d'une voix forte pour que tout le monde entende :
« Et faites-la désinfecter. Je ne veux pas de sa saleté sur moi. »
Chloé a éclaté en sanglots, courant se réfugier dans les bras d'Étienne, qui me foudroyait du regard. L'humiliation était publique, totale.
La veille du mariage, mon téléphone a sonné. C'était un Étienne furieux.
« Chloé est à l'hôpital ! Elle a fait une crise d'angoisse terrible à cause de toi ! Elle est tombée dans les escaliers en rentrant, elle aurait pu mourir ! »
Je savais qu'elle avait simulé. C'était sa tactique habituelle.
« Elle veut que tu viennes t'excuser. Maintenant. »
« Jamais », ai-je répondu calmement.
Un silence glacial a suivi. Puis, il est apparu à ma porte. Il avait dû m'appeler depuis la voiture.
Il est entré sans y être invité, son visage tordu par la rage.
« Tu as dépassé les bornes, Amélie. »
Il s'est approché, menaçant. J'ai reculé, mais il m'a attrapée par le bras.
« Tu vas aller la voir et t'excuser. »
« Lâche-moi. »
Sa poigne s'est resserrée. J'ai senti une douleur vive. La même douleur, au même endroit. Le souvenir de la trahison de ma première vie a refait surface, clair et net.
« Tu crois que tu peux tout te permettre parce que tu es une de Valois ? Je vais t'apprendre les bonnes manières. »
Il m'a secouée violemment. La marque de ses doigts était déjà visible sur ma peau.
J'ai levé les yeux vers lui, sans une larme, sans un cri. Juste un regard froid de mépris.
« Sors d'ici. Ou j'appelle la sécurité. La vraie, cette fois. »
Il m'a relâchée, surpris par mon calme. Il est parti en claquant la porte, me laissant avec un bras endolori et une certitude absolue.
Demain serait son dernier jour dans ma vie.