Il m'a attrapée par les épaules, me secouant violemment.
« Tu m'as trahi ! Tu as trahi nos vœux ! Tu te souviens de nos promesses ? Devant Dieu ! »
Accusation injuste. Douleur émotionnelle.
L'hypocrisie de ses paroles me donnait la nausée.
J'ai trouvé la force de répliquer.
Ma voix tremblait, mais elle était ferme.
« Tes promesses, Antoine ? Où sont-elles ? La promesse de m'aimer, de me chérir ? Tu l'as piétinée chaque jour ! »
Son visage s'est durci.
Il allait me frapper à nouveau.
Je l'ai vu dans ses yeux.
« Antoine, mon chéri... »
La voix faible de Chloé s'est fait entendre.
Elle s'est levée de son lit, chancelante, le bras ensanglanté tendu vers lui.
« J'ai mal... J'ai besoin de toi... »
Manipulation continue.
Antoine s'est détourné de moi.
Il s'est précipité vers Chloé, la prenant dans ses bras.
« Ça va aller, ma puce. Je suis là. »
Il m'a jeté un regard noir par-dessus son épaule.
« Toi, on règlera ça plus tard. »
Abandon. Menace.
Il est parti avec Chloé, me laissant seule avec les débris de mon téléphone et de mon cœur.
Dès qu'ils ont quitté la pièce, j'ai ramassé les morceaux de mon vieux téléphone.
Avec des mains tremblantes, j'ai essayé de le réparer.
Miraculeusement, après quelques minutes, l'écran s'est rallumé.
Des messages du jeune Antoine.
Des dizaines de messages.
« Amélie, je suis désolé ! Je suis tellement désolé ! Dis-moi ce que je peux faire ! »
« Si je me coupe un bras, est-ce que ça l'arrêtera ? Si je me crève un œil ? Dis-le moi ! »
Ses propositions étaient extrêmes. Choquantes.
Il était désespéré.
Je ressentais son angoisse, son fardeau.
J'ai tapé une réponse rapide.
« Non, Antoine. Ne fais rien de stupide. S'il te plaît. »
« Alors, que puis-je faire ? »
J'ai hésité.
Puis j'ai écrit : « Signe les papiers du divorce. Dans le passé. S'il te plaît. Ou alors... disparais de ma vie. De ton propre passé. Laisse-moi tranquille. »
Mon désir de liberté était plus fort que tout.
Modifier le passé pour sauver mon présent.
La réponse du jeune Antoine a été immédiate.
« Te quitter ? Jamais, Amélie. Je t'aime. Même si le futur moi est un monstre, mon amour pour toi est réel. Il est inébranlable. »
Son obstination. Son amour persistant.
C'était à la fois touchant et désespérant.
Je ne savais plus quoi faire.
Je suis rentrée à la maison, épuisée.
La porte de ma chambre était ouverte.
Antoine était là. Assis sur mon lit.
Mon espace personnel. Violé.
« Alors, tu es enfin rentrée, » a-t-il dit, sa voix dangereusement calme.
« Où étais-tu ? Avec ton amant ? »
Accusation. Menace.
Il s'est levé, s'approchant de moi lentement.
Comme un prédateur.
Il m'a giflée. Encore.
Plus fort cette fois.
Ma tête a heurté le mur.
J'ai crié.
Il a couvert ma bouche de sa main.
« Tais-toi. »
Il m'a jetée sur le lit.
J'ai supplié. J'ai pleuré.
Il m'a ignorée.
Il a déchiré mes vêtements.
Pendant ce temps, mon téléphone réparé, posé sur la table de nuit, s'est allumé.
Un appel vidéo entrant.
Le jeune Antoine.
Son visage est apparu sur l'écran.
Horrifié. Impuissant.
Il assistait à la scène.
Violence conjugale. Humiliation extrême.
L'horreur était multipliée par ce témoin du passé.
J'ai enduré.
Mon corps était meurtri. Mon esprit était engourdi.
Quand il a eu fini, il s'est levé, s'est rhabillé.
Sans un mot. Sans un regard.
Il est sorti de la chambre.
J'étais seule. Brisée.
J'ai attrapé mon téléphone.
L'appel était toujours actif.
Le visage du jeune Antoine était déformé par la douleur, la rage, les larmes.
J'ai tapé un message.
Mes doigts tremblaient tellement que c'était à peine lisible.
« Il m'a... il m'a fait mal. Très mal. »
Appel à l'aide silencieux. Désespoir.
L'image à l'écran a changé.
Le jeune Antoine n'était plus dans sa chambre d'étudiant.
Il était sur un toit.
Le toit de sa résidence universitaire.
Le vent agitait ses cheveux.
Il regardait en bas.
Puis il a levé les yeux vers la caméra de son téléphone.
Vers moi.
« Amélie, » a-t-il dit, sa voix brisée. « Je ne peux plus supporter ça. Si je meurs... si je saute... est-ce que ce monstre disparaîtra ? Est-ce que tu seras libre ? »
Il était au bord du vide.
Menace de suicide. Tentative dramatique.
Choc. Horreur.
Le point culminant de son intervention temporelle.