Ma Liberté, Ton Remords
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Chapitre 2

Ses paroles m'ont transpercé le cœur.

La pitié.

C'était donc tout ce qui restait de notre amour.

Une douleur sourde s'est installée dans ma poitrine.

Mais avec la douleur, une résolution nouvelle.

Ferme. Inébranlable.

Je devais le quitter.

Peu importe le prix.

Ma dignité valait plus que sa pitié.

Mon vieux téléphone a vibré sur la table de nuit.

Un message.

De l'Antoine de dix-neuf ans.

« Amélie ! J'ai fait quelque chose ! L'incendie à l'université... je n'y suis pas allé ! J'ai évité l'accident. Tu ne devrais plus avoir de cicatrice ! Dis-moi que ça a marché ! »

Mon cœur a raté un battement.

Modifier le passé ?

Était-ce possible ?

Je me suis précipitée vers le miroir.

Ma main tremblait en touchant mon visage.

Là où la cicatrice hideuse avait marqué ma peau pendant dix ans...

Plus rien.

Ma peau était lisse. Intacte.

J'ai haleté.

C'était un miracle.

J'ai regardé autour de moi.

Des petits détails avaient changé dans la chambre.

La couleur d'un coussin. Un livre déplacé.

Le passé avait été modifié.

Une nouvelle réalité.

La porte de la chambre s'est ouverte.

Antoine est entré.

Pas l'Antoine de dix-neuf ans, plein d'espoir.

Mon mari. L'architecte arrogant.

Il m'a à peine regardée.

Il s'est dirigé vers le dressing.

« J'ai besoin d'une chemise propre, » a-t-il marmonné.

Je me suis approchée de lui, timidement.

Mon visage... il n'avait rien remarqué ?

« Antoine... »

Il s'est retourné, impatient.

« Quoi encore ? »

Il m'a dévisagée. Une longue seconde.

Puis il a soupiré.

« Tu es toujours aussi collante, même sans ta cicatrice. Tu crois que parce que ton visage est normal, je vais soudainement te désirer ? Pathétique. »

Il m'a repoussée.

Humiliation. Rejet.

Mon cœur, qui avait brièvement espéré, s'est brisé à nouveau.

L'absence d'amour.

Elle persistait.

Plus forte, plus cruelle encore.

La cicatrice n'avait jamais été le vrai problème.

Le problème, c'était moi.

C'était son mépris pour moi.

La désillusion était totale.

Amère.

Plus tard dans la soirée, je passais devant son bureau.

La porte était entrouverte.

Je l'ai entendu parler.

Une voix douce, presque tendre.

Une voix qu'il n'utilisait jamais avec moi.

J'ai jeté un coup d'œil.

Il était en appel vidéo.

Avec Chloé.

Elle était en nuisette, allongée sur son lit.

« Tu me manques, mon amour, » roucoulait-elle.

« Toi aussi, ma puce, » a répondu Antoine, un sourire lubrique aux lèvres. « J'ai hâte de te retrouver. Sans elle dans les parages. »

Le choc. Le dégoût. La colère.

Tout se mélangeait en une nausée violente.

J'ai poussé la porte.

« Antoine ! »

Il a sursauté, fermant rapidement son ordinateur portable.

Trop tard. J'avais tout vu. Tout entendu.

« Amélie ! Qu'est-ce que tu fiches ici ? »

« Je pense qu'il est temps de parler sérieusement de séparation, Antoine. »

Il s'est levé, furieux.

« Séparation ? Tu rêves ! Tu dépends de moi pour tout. Tu n'as rien. Tu n'es rien sans moi. »

Son contrôle. Sa tyrannie.

J'étouffais.

Il m'a attrapée par le bras.

Violemment.

« Sors de mon bureau ! »

Il m'a poussée dehors.

« Et ne t'avise plus jamais d'entrer sans ma permission ! »

La porte a claqué.

Rejet violent. Humiliation.

J'étais une étrangère dans ma propre maison.

Le lendemain matin, il m'a réveillée brutalement.

« Lève-toi. Chloé a besoin d'un autre don de sang. Urgent. »

La "santé fragile" de ma sœur.

L'excuse éternelle.

J'ai protesté.

« Je ne me sens pas bien, Antoine. »

Il m'a ignorée.

« Habille-toi. Maintenant. »

Il m'a forcée à monter dans la voiture.

Il conduisait comme un fou.

Le trajet jusqu'à la clinique privée parisienne a été un supplice.

Mon bien-être ne comptait pas.

Seule Chloé importait.

À la clinique, après le don, j'étais faible, étourdie.

Une infirmière m'a aidée à m'allonger sur un lit dans une petite pièce.

Puis elle est partie.

Antoine, mes parents, Chloé... ils étaient tous dans la chambre de Chloé.

Riant. Parlant.

M'oubliant.

La solitude. L'abandon.

C'était mon lot quotidien.

Mon vieux téléphone a sonné.

Un appel vidéo.

L'Antoine de dix-neuf ans.

Son visage inquiet est apparu sur l'écran.

« Amélie ? Ça va ? Tu as l'air pâle. »

Avant que je puisse répondre, la porte s'est ouverte.

Chloé.

Rayonnante de santé.

Elle s'est approchée de mon lit, un sourire narquois aux lèvres.

« Alors, grande sœur ? Le don s'est bien passé ? Merci encore. Sans ton sang si spécial, je ne sais pas ce que je deviendrais. »

Provocation. Manipulation.

Elle savait que le jeune Antoine était à l'autre bout du fil.

Elle jouait la comédie.

Soudain, Chloé a poussé un cri.

Elle s'est griffé le bras avec ses propres ongles.

Profondément.

Le sang a coulé.

« Amélie ! Comment as-tu pu ! » a-t-elle hurlé.

Antoine et mes parents ont accouru.

« Qu'est-ce qui se passe ? » a demandé Antoine, affolé.

« C'est Amélie ! Elle m'a attaquée ! Elle est jalouse ! » a pleuré Chloé.

Fausse accusation. Auto-mutilation.

J'étais abasourdie.

Avant que je puisse dire un mot, la main d'Antoine s'est abattue sur ma joue.

Une gifle. Violente. Sonore.

La douleur a explosé dans mon visage.

Le choc. L'injustice.

« ESPÈCE DE SALAUD ! »

La voix a éclaté du téléphone, posé sur la table de nuit.

Une voix jeune, pleine de rage.

La voix de l'Antoine de dix-neuf ans.

Tout le monde s'est figé.

Surprise. Intervention inattendue.

Le son était si fort qu'il emplissait la petite pièce.

L'effet était dramatique.

            
            

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