Trop tard pour fuir
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Chapitre 2 Chapitre 2

Les traits plutôt anguleux de Liz semblaient s'aiguiser, mais elle ravala ce qu'elle aurait manifestement aimé répliquer et prit le bras de Cassandra.

- Il est temps de partir, chérie, déclara-t-elle d'un ton aimable. Nous ne devons pas abuser de l'hospitalité.

- Vous n'auriez pas dû faire ça, répondit Damon avec galanterie. J'attends avec impatience de lire vos impressions. Oh... - il jeta un nouveau regard à l'homme à ses côtés - et ne soyez pas trop sévère avec Jay, d'accord ? Vous autres chroniqueurs lui en avez déjà fait voir de toutes les couleurs, d'une manière ou d'une autre.

- Peut-être qu'il n'a eu que ce qu'il méritait, observa Liz avec un sourire pincé. Au revoir, Damon. Merci pour le champagne. Il était délicieux !

La galerie Seely occupait le dernier étage d'un immeuble de South Molton Street. Les deux jeunes femmes émergèrent de la cage d'escalier sombre pour déboucher dans la lumière pâle d'un après-midi de novembre. Il ne faisait pas particulièrement froid, mais l'humidité rendait l'air pénétrant. Cassandra enfonça ses mains dans les poches de son manteau en daim et rentra les épaules sous un frisson passager.

- Salaud ! lança Liz avec une ferveur inattendue.

Cassandra la regarda, surprise.

- Qui ? s'exclama-t-elle, bien qu'elle pût aisément le deviner. Jay Ravek ? Pourquoi ? Qu'est-ce qu'il a dit qui t'a mise dans cet état ?

- Ce n'est pas ce qu'il a dit, c'est ce qu'il n'a pas dit, répliqua Liz avec venin. Ce porc arrogant ! Faire des insinuations sur mes amis, sur ma famille...

- Il a vraiment fait ça ? s'étonna Cassandra en secouant la tête. Tu ne l'aimes pas du tout, hein ? Qu'est-ce qu'il a fait, au juste ?

Liz la fixa, incrédule.

- Tu n'as jamais entendu parler de lui ?

- Non, je ne crois pas.

- J'ai pourtant cru que tu avais reconnu son nom. - Liz soupira. - Il est assez célèbre, ou plutôt notoire, tout dépend du point de vue. Il écrit pour The Post. C'est l'un de leurs correspondants, souvent à l'étranger, mais parfois à Londres... Ce qui lui permet de séduire toutes les filles friquées de la ville !

Le large front de Cassandra se plissa.

- Oh oui, il me semble avoir lu quelque chose à son sujet...

- Voilà, dit Liz d'un ton sombre. Je te le dis, c'est un poison. Alors ne te fais pas d'idées à son propos, parce que, crois-moi, tu le regretterais.

Cassandra sentit poindre un ressenti familier.

- Liz, j'ai plus de vingt et un ans. Et j'ai été mariée pendant cinq ans. Je sais prendre soin de moi.

- Mike Roland était un enfant de chœur à côté de Jay Ravek, rétorqua Liz en relevant le col de sa veste en fourrure. Fais-moi confiance, gamine. Tu n'as pas besoin d'une autre mauvaise expérience.

Sur le chemin du retour, dans un mews tranquille près de Great Portland Street où se trouvait leur studio, Cassandra eut tout le loisir de repenser aux paroles de Liz. Elle savait que son amie parlait avec de bonnes intentions, mais les dix années d'avance que Liz avait sur elle lui donnaient toujours une position dominante. Elles se connaissaient depuis plus de sept ans, depuis une exposition semblable à celle de ce soir. Pourtant, Cassandra ne pouvait s'empêcher de souhaiter que Liz ne la traite pas constamment comme si elle était incapable de gérer sa propre vie.

Certes, elle avait commis des erreurs. Son mariage désastreux avec Mike Roland restait une cicatrice bien visible. Mais Mike était mort, et avec lui tout le chagrin qu'il avait provoqué. Cette période de sa vie était close. Elle aspirait à l'oublier. Les rappels constants de Liz sur son mariage ne faisaient que rouvrir la plaie, lui rappelant sa résolution de ne plus se laisser berner. Ce que Liz ne semblait pas comprendre, c'est que ce n'était pas parce qu'elle avait vécu une relation difficile qu'elle devait pour autant renoncer à toute attirance pour le sexe opposé.

Elle en ressentait encore. Pour certains hommes, du moins. Et Jay Ravek en faisait clairement partie.

...

Lorsqu'elle entra dans les bureaux de Roallen Interiors une quinzaine de minutes plus tard, elle trouva Chris Allen penché sur sa planche à dessin. L'air était chargé de fumée de cigarette, et l'inévitable mégot pendait au coin de ses lèvres. Cassandra poussa un soupir de protestation et alla ouvrir grand les fenêtres malgré le froid humide de l'après-midi. Son partenaire se tourna vers elle, écrasant sa cigarette dans un cendrier déjà plein à ras bord.

- Tu vas finir par te tuer avec ces saletés ! s'exclama-t-elle en retirant son manteau pour l'accrocher à une rangée de crochets vissés au mur derrière son bureau.

- C'est ma vie, répondit Chris d'un ton sec, glissant de son tabouret. On ne peut pas tous être invités à des réceptions arrosées de champagne, à fréquenter la crème de la crème ! - Il fouilla sa poche, sortit un nouveau paquet de cigarettes, en glissa une entre ses lèvres. - Elles m'aident à me concentrer. Et là, j'ai besoin d'inspiration.

Assise à son propre bureau, Cassandra leva les yeux vers le jeune homme avec une affection teintée d'irritation. Elle savait combien il travaillait dur pour faire de leur entreprise un succès, et Liz n'avait pas exagéré : Chris avait un œil remarquable pour la couleur. Si Cassandra avait l'intuition des volumes et des ambiances, Chris avait le don de donner vie à leurs idées. Il savait marier le mobilier aux tissus, insuffler lumière et harmonie à leurs compositions.

            
            

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