Chapitre 5 Chapitre 5

Luna chancela quand les lourdes chaînes se détachèrent de ses poignets. Le poids de l'humiliation ne venait pas seulement des fers, mais du regard noir de la foule qui l'accompagnait jusqu'aux portes. Chaque pas hors de la meute était un coup porté à son âme. Derrière elle, le murmure glacial du bannissement pesait plus lourd que le métal qui avait scellé ses pouvoirs. Une marque brûlante sur sa peau annonçait clairement : traîtresse.

La voix rauque du doyen claqua une dernière fois dans l'air oppressant. « Nul ne doit t'accueillir. Nul ne doit te tendre la main. Tu es seule, Luna. Seule jusqu'à ton dernier souffle. »

Elle n'avait plus rien. Ni maison, ni nom, ni magie. Le sceau noir sur son poignet étouffait chaque étincelle de vie mystique en elle. Un silence lourd tomba, comme un tombeau.

À peine eut-elle franchi la frontière de la meute que le danger surgit. Une ombre mouvante bondit du creux des arbres, une créature d'ombres et de griffes, aux yeux rouges comme la colère même. Luna sentit son cœur s'emballer. Elle ne pouvait plus compter sur la magie, mais la peur aiguisa ses sens.

- Tu ne passeras pas, murmura la bête d'une voix sifflante.

Le premier coup l'obligea à rouler sur le côté. Le souffle court, elle attrapa une branche cassée au sol. Le bois vibrait d'une énergie fragile, mais suffisante pour repousser l'assaillant.

- Je ne suis plus la proie, cracha-t-elle.

Un second assaut déchira l'air. Luna bondit, esquiva, ses muscles en feu malgré la fatigue. Son esprit s'ouvrait à la douleur, à la rage. Elle se redressa d'un bond, et avec la dernière force qu'il lui restait, planta la branche dans l'œil du monstre. Un hurlement déchirant la fit reculer, vaincu.

À bout de souffle, le regard enfiévré, elle se tourna vers la forêt maudite qui s'étendait devant elle. Le seul refuge possible. Là où les anciennes légendes parlaient de malédictions, de cris étouffés, mais aussi d'un espoir improbable.

- Pas question de mourir ici, murmura-t-elle.

Le silence fut son seul compagnon alors qu'elle s'enfonçait entre les troncs tordus, laissant derrière elle l'enfer de la meute et un avenir incertain. Chaque bruissement de feuilles, chaque craquement la faisait sursauter, mais elle avançait, car rester immobile serait se condamner.

Au cœur de cette solitude glaciale, une vérité plus dure encore se forma : bannie, traquée, dépouillée de tout, Luna était seule face à un monde prêt à l'écraser. Mais au fond d'elle, une étincelle fragile refusait de mourir. Une promesse muette de survie, de revanche, de renaissance.

- Je ne suis pas finie, pensa-t-elle, les dents serrées. Pas encore.

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