Chapitre 4 Chapitre 4 : La Tentation

Je ne savais pas pourquoi je m'étais mise à courir. Comme une folle, comme une adolescente amoureuse qui tente de fuir une réalité qui la rattrape à chaque pas. Mais la vérité, c'est que je ne pouvais pas le nier plus longtemps : Ace me faisait perdre le contrôle. Il avait cette façon de faire, ce regard, ce sourire qui ne m'avait pas quitté depuis notre première rencontre.

Ce soir-là, je m'étais retrouvée à marcher dans les rues sombres de la ville, un peu comme un automate. Mes pensées tournaient en boucle autour de lui, autour de cette étrange attirance que je ressentais. La peur, le désir, tout s'entremêlait dans ma tête comme une tempête qui me dévastait de l'intérieur.

Je pensais que ma rencontre avec lui n'était qu'un accident, une parenthèse que je pourrais facilement refermer. Mais plus le temps passait, plus je réalisais que ce n'était pas aussi simple. Il y avait quelque chose d'inévitable dans cette connexion que je ne pouvais plus ignorer.

Je me souvins soudainement de ce qu'il m'avait dit la dernière fois, avec ce ton grave qui m'avait glacée : "Ne viens pas ici, Naya. Ce n'est pas pour toi."

Mais au fond de moi, je savais que je ne pouvais pas m'empêcher de le chercher. Le frisson que j'avais ressenti dans ses bras, la chaleur de son corps, la promesse de quelque chose de plus. De quelque chose de dangereux.

Je m'arrêtais devant la ruelle. Là où je l'avais vu pour la première fois, là où nos destins s'étaient croisés dans la pénombre. Je pouvais encore sentir l'odeur de l'alcool, du sang, et de l'air lourd qui m'enveloppait. Et puis, je le vis. Ace. Il était là, assis contre le mur, le regard fixe, comme si le monde autour de lui n'avait plus d'importance.

C'était lui. Le même. Mais en même temps, il était tellement différent. Il semblait plus vulnérable ce soir, quelque chose dans son regard était changé, adouci, presque brisé.

Je me tenais là, figée, ne sachant plus si je devais m'approcher ou faire demi-tour. Mais mes jambes m'avaient déjà trahie. Sans que je ne puisse m'en empêcher, j'avançais lentement vers lui.

"Tu n'as pas peur de moi, Naya ?" Sa voix brisa le silence, grave et rauque, comme un murmure qui faisait écho dans mon esprit.

Je m'arrêtais à quelques pas de lui, mon cœur battant à tout rompre. "Pourquoi j'aurais peur de toi ?" Ma voix était presque un défi, mais elle tremblait malgré moi.

Il leva les yeux vers moi, et ses pupilles sombres m'engloutirent dans un regard intense. "Parce que tu ne sais pas à quoi tu t'exposes en étant ici. Ce monde... il n'est pas pour toi."

Je l'observais, incertaine, cherchant une réponse, une solution. Mais il n'y avait rien. Je me sentais comme une prise dans un piège, et chaque mouvement que je faisais ne faisait qu'enfoncer un peu plus mes griffes dans les chaînes invisibles qui m'enserraient.

"Pourquoi es-tu ici ?" Il se redressa lentement, son regard fixé sur moi. "Tu sais ce que je fais, n'est-ce pas ? Tu sais avec qui tu te mets en contact."

Je hochai la tête, mais il n'attendait pas de réponse. Il le savait déjà. Tout le monde savait. La question n'avait jamais été de savoir quoi il faisait, mais plutôt pourquoi je me retrouvais là.

"Parce que tu n'as pas pu t'empêcher, n'est-ce pas ? Tu voulais voir de tes propres yeux à quoi ça ressemblait. La réalité." Il s'approcha de moi, et l'air autour de nous sembla se faire plus lourd. "Tu penses que c'est excitant. Mais la rue, Naya, ce n'est pas un jeu."

Il s'arrêta à un centimètre de moi. Je pouvais sentir sa chaleur, cette tension palpable entre nous. Mon cœur battait plus fort, chaque fibre de mon être tiraillée entre l'envie de m'éloigner et celle de me laisser aller.

J'essayais de trouver ma voix, mais mes mots se perdaient dans ma gorge. "Je... je veux juste comprendre."

"Comprendre quoi ?" Son sourire se fit plus sombre, comme un avertissement. "Comprendre pourquoi la violence règne ici ? Comprendre pourquoi des gens comme moi se battent pour survivre ?"

"Non," répondis-je, bien que je ne sois pas sûre de ce que je disais. "Je veux juste comprendre toi."

Il se figea, ses yeux plongeant dans les miens avec une intensité qui me fit perdre mes repères. C'était comme si toute la douleur qu'il avait cachée pendant des années se déversait sur moi d'un seul coup. Comme s'il voulait me dire tout ce qu'il avait enfoui au fond de lui, mais qu'il n'y arrivait pas.

"Tu ne veux pas comprendre ça, Naya," dit-il enfin, sa voix presque un murmure. "Tu ne veux pas savoir ce qu'il y a derrière ce masque que je porte."

Je secouai la tête. "Si. Si, je veux savoir."

Il me dévisagea longuement, puis se détourna. "Tu ne sais même pas à quoi tu t'attaques. Mais je te conseille de partir, Naya. Ce n'est pas un monde où tu veux vivre. Tu crois que je suis ce genre d'homme. Mais tu ne vois que l'extérieur."

Je ne bougeais toujours pas. Il avait raison, et c'était précisément pour ça que je ne pouvais pas m'éloigner. Il y avait quelque chose dans sa voix, dans ses yeux, qui me disait qu'il y avait encore des parts de lui à découvrir. Des parts qu'il ne voulait pas montrer, mais qu'il ne pouvait pas m'empêcher de chercher.

"Pourquoi ?" demandai-je, soudainement plus vulnérable que je ne l'aurais voulu.

Il tourna la tête, me jetant un dernier regard avant de s'éloigner. "Parce que tu n'es pas prête. Et un jour, tu verras... ce monde te rattrapera."

Je restai là, figée, le regard perdu dans la nuit qui m'entourait. Il avait disparu, et avec lui, une partie de moi. Je savais qu'il avait raison. Je n'étais pas prête. Mais cette vérité ne faisait que renforcer mon désir de tout comprendre, de tout affronter.

            
            

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