Chapitre 2 Chapitre 2 : Le Fantôme dans la remise

Chapitre 2 : Le Fantôme dans la remise

Le lendemain matin, je suis retournée là-bas. Mon cœur battait trop fort, et je ne savais même pas pourquoi. Peut-être parce que je voulais m'assurer qu'il allait bien. Peut-être parce que j'espérais ne pas le retrouver. Ou peut-être... parce qu'une partie de moi, une que je ne comprenais pas encore, avait envie de le revoir.

La remise derrière l'église était silencieuse. Trop silencieuse.

Je poussai doucement la porte grinçante, le cœur au bord des lèvres. Le matelas était encore là, les draps froissés, tachés de sang séché. L'odeur était plus forte que la veille. Une odeur de fer, de douleur, de quelque chose de trop réel.

Mais lui... il n'y avait plus personne.

Je fis un pas. Puis deux. Il avait disparu. Juste comme ça.

Un frisson me parcourut. Était-il mort ? Avait-il rampé hors de là, seul, en pleine nuit, blessé comme il était ? Et s'il était mort quelque part, dehors, froid, seul ?

J'aurais dû appeler quelqu'un. Peut-être la police. Peut-être mon père. Peut-être n'importe qui d'autre qu'un homme dont je ne connaissais même pas le nom.

Je me sentais idiote. Idiote d'être revenue. Idiote d'avoir espéré.

Et puis je le vis.

Un petit papier plié, coincé sous une bouteille d'eau vide, sur la table de fortune.

Je tendis la main, les doigts tremblants.

"Merci, Princesse. T'as pas idée de ce que t'as fait pour moi. - A."

"A." ?

Je relus trois fois. Il avait écrit ça... pour moi ?

Je restai là, debout au milieu de cette pièce vide, avec un mot dans la main et un millier de questions dans la tête. Pourquoi m'avait-il appelée Princesse ? Pourquoi ne m'avait-il pas réveillée ? Où était-il parti ? Et surtout... pourquoi est-ce que j'avais l'impression que ma vie venait de changer ?

Je sortis, comme dans un rêve. Dehors, le soleil brûlait, mais j'avais froid. Un froid qui naissait à l'intérieur. Celui de l'absence. Celui du doute.

Le reste de la journée, j'ai erré comme une fantôme dans ma propre maison. Maman me demanda si j'allais bien, je répondis un vague "oui". Papa rentra tard, comme toujours, et ne remarqua rien.

Mais moi, je ne pensais qu'à lui.

À "A".

À son souffle court, à son regard presque sauvage, à la chaleur de sa main malgré la douleur.

Et surtout, à cette sensation bizarre et presque honteuse que j'avais ressentie quand nos peaux s'étaient frôlées.

Je me suis allongée ce soir-là avec son mot sous mon oreiller. Comme une gamine. Comme une idiote. Comme une fille déjà trop loin dans un jeu qu'elle ne maîtrise pas.

Un jeu où on ne gagne jamais quand on tombe amoureuse d'un fantôme.

            
            

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