Chapitre 3 Amour sauvage, Sang maudit

Chapitre 3

La promesse dans la pluie

La pluie continuait de tomber, fine et glacée, comme si elle voulait effacer la rencontre de Serena avec Lysandre.

Mais rien ne pourrait laver ce qu'elle avait ressenti.

Elle resta longtemps immobile au centre du marché désert.

Le cœur battant, la gorge serrée.

Tout en elle criait de fuir, d'oublier.

Mais elle savait déjà que c'était trop tard.

Elle était piégée.

Piégée par un regard d'argent.

Par des mots qu'elle n'aurait jamais dû écouter.

Elle reprit enfin le chemin de la maison.

Ses bottes trempées faisaient un bruit lourd sur les pierres.

Chaque pas la ramenait vers son rôle : fille loyale du tyran, espionne parfaite, soldat sans âme.

Mais son âme, justement, venait de s'éveiller.

Quand elle passa la porte de la grande maison, son père l'attendait, comme s'il avait deviné.

Assis dans son fauteuil, une coupe de vin à la main, il l'observa d'un œil froid.

- Alors ? demanda-t-il d'une voix sèche.

Serena ravala sa peur.

- Rien. Aucun signe des créatures.

Un mensonge.

Le premier qu'elle lui servait en face.

Et sûrement pas le dernier.

Son père haussa un sourcil, suspicieux, puis hocha lentement la tête.

- Continue ta surveillance. Ils finiront par se trahir eux-mêmes.

Il tourna la tête vers la fenêtre, signe qu'elle pouvait disposer.

Sans un mot de plus, Serena monta dans sa chambre.

Une fois la porte fermée, elle s'écroula sur son lit, les vêtements encore trempés.

La pluie battait contre la vitre.

Le monde semblait si loin, si froid.

Elle se souvenait du regard de Lysandre.

De sa voix calme.

De ses mots simples.

"Tu reviendras, Serena."

Elle se tourna sur le dos, fixant le plafond fissuré.

Pourquoi ce loup était-il différent ?

Pourquoi avait-elle envie de le revoir, alors que tout son monde la poussait à le trahir ?

Elle n'avait aucune réponse.

Juste une certitude qui grandissait dans son cœur : elle ne voulait pas être l'instrument de son père.

Pas cette fois.

Cette nuit-là, alors que l'orage grondait au loin, Serena fit une promesse.

Pas à haute voix.

Pas même en mots.

Mais une promesse silencieuse, profonde :

Elle choisirait son propre chemin.

Même si ce chemin devait la mener droit dans les bras d'un ennemi.

Même s'il devait la détruire.