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Velmara, Espagne – 23h15
Le dîner était terminé, et Naïa pouvait enfin respirer.
Les investisseurs avaient quitté le restaurant après une dernière poignée de main et quelques compliments sur leur "magnifique relation". Elle aurait dû être soulagée d'avoir passé cette première épreuve sans faux pas, mais une étrange tension continuait de lui nouer l'estomac.
Elio s'avança vers elle en dehors du restaurant, les mains dans les poches, toujours aussi impassible.
- Bonne prestation, Vesper.
Elle se tourna vers lui, croisant les bras.
- Une prestation ? Je viens de jouer ma crédibilité pendant deux heures, et tout ce que tu trouves à dire, c'est "bonne prestation" ?
Elio arqua un sourcil, un léger sourire en coin.
- Je pensais que tu savais dans quoi tu t'engageais.
Naïa soupira, exaspérée. Il était trop calme, trop maître de lui-même.
- Et cette histoire de demande en mariage ? Tu aurais pu me prévenir !
- Tu t'en es bien sortie.
- Ce n'est pas la question !
Il s'approcha légèrement, et pendant une fraction de seconde, elle sentit son parfum boisé, chaud et envoûtant.
- Si on veut être crédibles, on doit être prêts à ces surprises.
Elle ouvrit la bouche pour répliquer, mais s'arrêta. Il avait raison.
Elle inspira profondément, puis jeta un regard à la mer.
- Tout ça est tellement irréel...
- Alors rends-le réel.
Elle tourna la tête vers lui.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
Elio la fixa, son regard sombre perçant.
- Si tu veux que les autres y croient, tu dois y croire aussi.
Un frisson lui parcourut l'échine. Y croire... Était-ce seulement possible sans perdre pied ?
Le lendemain – 9h00
Naïa s'était jurée de garder ses distances, mais son contrat stipulait clairement qu'elle devait jouer son rôle en permanence, surtout lorsque des collaborateurs ou des proches d'Elio étaient présents.
Et ce matin-là, il l'avait convoquée dans son bureau.
Elle entra dans le siège de Vasquez Industries, un immense gratte-ciel de verre surplombant la ville. Lorsqu'elle arriva à l'étage de la direction, elle croisa plusieurs employés qui la saluèrent avec une curiosité non dissimulée.
- Mademoiselle Vesper ? Monsieur Vasquez vous attend.
Naïa hocha la tête et entra dans le bureau spacieux d'Elio.
Il était là, assis derrière son immense bureau en bois massif, parcourant un dossier. Il leva à peine les yeux en l'accueillant.
- Installe-toi.
Elle s'assit en face de lui, croisant les bras.
- Pourquoi je suis ici ?
Il referma son dossier et posa ses coudes sur la table.
- Parce que nous devons préparer notre première apparition publique en tant que couple officiel.
Naïa haussa un sourcil.
- Le dîner d'hier ne comptait pas ?
- Non. Il nous faut une exposition médiatique.
Il sortit son téléphone et lui montra un article en ligne. Une photo d'eux au restaurant, capturée discrètement par un journaliste.
Titre de l'article :
"Elio Vasquez en couple ? Qui est la mystérieuse femme à ses côtés ?"
Naïa sentit son estomac se nouer.
- Ça commence déjà... murmura-t-elle.
Elio reposa son téléphone et la fixa avec sérieux.
- Demain soir, nous irons à un gala de charité. Il y aura la presse, des photographes... Ce sera l'occasion de rendre notre relation officielle.
Elle déglutit.
- Un gala ? Avec encore plus de monde ?
- Exactement.
Elle secoua la tête, un peu dépassée.
- Tu réalises que je ne fais pas partie de ce monde, pas vrai ?
Elio esquissa un sourire.
- C'est pour ça que tu auras un coach.
Naïa cligna des yeux.
- Un quoi ?
- Tu vas suivre une formation express pour apprendre à te comporter comme la petite amie d'un homme de mon statut.
Elle écarquilla les yeux, abasourdie.
- Tu veux me transformer en actrice de ma propre vie ?
- Exactement.
Un entraînement sur-mesure
L'après-midi même, Naïa se retrouva dans un immense loft appartenant à Elio, face à Mirella Donovan, une spécialiste en image publique.
- Bien, commençons.
Mirella s'approcha, la détaillant d'un œil critique.
- Posture : trop crispée. Sourire : trop nerveux. Regarde-moi marcher.
Elle fit quelques pas élégants, puis se tourna vers Naïa.
- À toi.
Naïa soupira, leva la tête et tenta de l'imiter... sauf qu'elle faillit trébucher sur le tapis.
Mirella secoua la tête.
- On a du travail.
Les heures suivantes furent un véritable parcours du combattant : apprendre à marcher avec grâce, sourire au bon moment, poser son regard avec assurance...
Et le pire ? Apprendre à être tactile avec Elio en public.
- Tu dois le toucher naturellement, sans hésitation. Un contact léger sur son bras, un regard complice... Il faut que ça paraisse spontané.
Naïa souffla, se passant une main dans les cheveux.
- Et si je me trompe ?
- Alors tout le monde verra que ce n'est qu'un mensonge.
Elle frissonna.
Son rôle était plus difficile qu'elle ne l'avait imaginé.
Mais ce qu'elle ignorait encore, c'était que le plus compliqué restait à venir.