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Chapitre 7 : L'Ombre du Passé
Les jours suivants étaient emplis de silence, un silence lourd et épais, comme si la ville elle-même retenait son souffle, attendant de voir ce qui allait se passer. Léo et Maya s'étaient retirés de tout, coupés de la vie extérieure. Leurs vies, autrefois simples, étaient désormais marquées par des ombres qu'ils ne pouvaient ignorer, des souvenirs qu'ils ne pouvaient effacer.
Maya se sentait perdue. La douleur du rituel, la lumière aveuglante qui les avait frappés, l'incompréhension qu'elle ressentait en se réveillant dans le même monde, mais changé à jamais... C'était comme si tout autour d'elle avait pris une teinte nouvelle, plus sombre. Plus profonde.
Elle n'en parlait pas à Léo. Elle n'avait même pas encore osé lui demander ce qu'il ressentait, ce qu'il pensait. Et même s'il était toujours là, à ses côtés, un vide s'était installé entre eux. Un vide qu'aucun mot ne pouvait combler.
Léo, de son côté, évitait de croiser son regard trop longtemps. Chaque fois qu'il se posait sur elle, il avait l'impression de voir quelque chose d'étrange, de nouveau... Un fragment de l'âme de Maya qu'il ne reconnaissait plus tout à fait. Et c'était son choix. Il l'avait choisi, lui, ce lien, cette douleur partagée. Mais tout avait un prix.
La ville continuait de tourner, indifférente à leur tourment, mais quelque chose d'autre se passait en coulisses. Léo sentait que la menace n'était pas encore écartée. Le pacte avait été brisé, oui, mais ce n'était pas une victoire. C'était juste un sursis. L'Entité, malgré son silence, n'avait pas disparu. Elle n'avait fait que s'endormir.
Et la brèche qu'ils avaient laissée en elle... elle ne la refermerait pas seule.
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Ce soir-là, alors que la brume se levait sur la ville, Léo décida d'aller se promener seul. Il avait besoin de respirer, de vider son esprit des tourments qui l'assiégeaient. Maya, elle, était restée dans l'appartement, en train de feuilleter des livres anciens, sans but précis, perdue dans ses pensées.
Il déambula dans les rues, sans destination, jusqu'à ce qu'une silhouette le fasse s'arrêter net.
Orion.
Le vampire se tenait là, sous l'éclat d'un réverbère, une lueur étrange dans les yeux. Il n'avait pas changé, à part l'aura sombre qui l'entourait, plus présente que jamais.
- Tu n'es pas en sécurité, Léo, dit Orion, sa voix aussi calme et posée que toujours. Ni toi, ni elle.
Léo ne répondit pas tout de suite, mais la colère monta en lui. Le vampire avait fait tout ce qu'il pouvait pour détruire ce qu'il avait. Pour manipuler les événements. Pour les pousser dans ce rituel.
- Pourquoi ne pas juste nous laisser tranquilles, Orion ? Pourquoi ne pas simplement partir ?
Orion fixa Léo, un sourire triste sur ses lèvres.
- Parce que je suis lié à toi, Léo. Et ce lien, tu ne peux pas l'effacer. Pas comme ça.
Léo s'approcha, son poing serré.
- Tu veux encore quoi, alors ?
- La vérité, murmura Orion, tout en s'avançant. Je ne t'ai jamais menti. Mais il y a quelque chose que tu n'as pas compris. Quelque chose que tu n'as pas vu.
Léo se figea.
- De quoi parles-tu ?
Orion s'approcha de lui, lentement, avant de baisser la voix.
- Cette Entité... elle ne t'a pas laissé partir si facilement. Tu crois qu'en brisant le pacte, tu as tout réglé, mais ce n'est pas ça. Elle veut quelque chose de bien plus grand. Quelque chose que ni toi, ni moi, ni même elle ne comprennent encore tout à fait. Et le temps qu'il te reste... il est compté.
Léo recula, son cœur battant à tout rompre.
- Tu mens.
Orion baissa les yeux, puis se tourna. Il y avait un éclat d'avertissement dans son regard.
- Non, Léo. Je ne mens jamais. Et si tu veux comprendre, tu n'as qu'une seule option : retourner là où tout a commencé. Là où le lien a été forgé. Le sanctuaire. Ce que nous avons réveillé ce soir-là... ça n'a pas seulement affecté nos vies. Il y a des forces que tu ne peux pas contrôler, des forces qui remontent des profondeurs.
Avant que Léo n'ait eu le temps de répondre, Orion s'éclipsa dans la brume, comme une ombre qu'on oublie avant même de l'avoir vue.
Léo resta là, seul, les mots d'Orion résonnant dans sa tête. Retourner là où tout a commencé. Cela signifiait seulement une chose : la forêt. Le cercle. Le sanctuaire.
Il savait que, quoi qu'il arrive, il n'aurait plus le choix.
Chapitre 8 : L'Écho des Ombres
La nuit était tombée, mais Léo n'arrivait pas à trouver le sommeil. La brume dans les rues semblait plus dense que d'habitude, comme si la ville elle-même étouffait sous un voile de secrets anciens. Les mots d'Orion tournaient en boucle dans son esprit. Retourner là où tout a commencé.
Il ne pouvait pas ignorer cela. Pas après tout ce qu'ils avaient vécu. Pas après ce qu'il avait vu. Ce que Maya avait vu.
Elle avait aussi senti le poids de l'ombre, la sensation qu'une porte fermée n'attendait que d'être rouvertes. Ils avaient brisé un pacte, mais ils n'avaient pas détruit la brèche. Et la brèche... elle attendait.
Maya était dans le salon, plongée dans ses pensées. Le silence entre eux était plus lourd que jamais, mais elle n'avait pas dit un mot depuis leur retour de la forêt. Elle sentait elle aussi qu'il y avait quelque chose qui clochait. Quelque chose qu'ils ne comprenaient pas encore.
Léo entra doucement dans le salon, s'approcha d'elle. Son regard se fixa sur le livre qu'elle tenait entre ses mains, les pages légèrement froissées.
- Maya...
Elle tourna lentement la tête, une lueur de fatigue dans les yeux.
- Léo, tu sais ce que tu dois faire, n'est-ce pas ?
Il se figea, son cœur battant plus fort. Elle savait. Elle savait qu'il ne pouvait pas fuir ce qu'ils avaient réveillé.
- Je dois retourner là-bas, dit-il, la voix pleine de résignation. Le sanctuaire. Le cercle. Orion a raison. C'est là que tout a commencé. Là que tout finira.
Maya se leva alors, posant le livre sur la table. Elle s'approcha de lui, son visage marqué par une détermination nouvelle.
- Je viens avec toi. Il n'y a pas de raison pour que tu y ailles seul.
Léo la regarda dans les yeux. Il avait cette envie de la protéger, de la garder loin de tout ça. Mais il savait aussi qu'il n'avait pas le choix. Si le sanctuaire devait être l'endroit où le cycle se terminerait, alors il ne pouvait pas la laisser derrière.
- Non. Ce n'est pas ton combat, Maya. C'est le mien. Je ne veux pas que tu sois impliquée davantage.
Elle secoua la tête, un sourire triste sur les lèvres.
- Depuis le moment où on s'est rencontrés, tout ça est devenu mon combat aussi. Je ne vais pas te laisser faire ça seul, Léo. Nous sommes liés. Qu'on le veuille ou non.
Il la fixa, cherchant une lueur de doute dans ses yeux. Mais il n'en trouva aucune. Elle était prête à tout, même à risquer sa vie pour une vérité qu'elle n'avait pas encore comprise entièrement.
Léo soupira et la prit par les épaules, la serrant contre lui, peut-être un peu plus fort qu'il ne l'aurait voulu. Il savait qu'elle avait raison. Mais ce qu'il redoutait, c'était de la perdre. Tout ce qu'il avait découvert de son passé, du lien qu'ils partageaient, était à présent aussi fragile qu'un fil. Et ce fil pourrait se rompre, comme tout ce qu'il avait tenté de fuir, tout ce qu'il avait cherché à oublier.
- D'accord, dit-il enfin. On y va ensemble. Mais on ne fait pas de concessions. On trouve la vérité, et on la détruit. Quoi qu'il en coûte.
Elle hocha la tête, fermement. Elle n'allait pas reculer. Pas maintenant.
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Le lendemain, avant l'aube, ils se mirent en route.
Ils n'avaient pas parlé de ce qu'ils feraient s'ils se retrouvaient à nouveau face à l'Entité, ou si le cercle les engloutissait une seconde fois. Le chemin jusqu'au sanctuaire était aussi silencieux que la ville qu'ils quittaient. Seul le bruit de leurs pas résonnait dans la forêt qui les entourait.
Le sentier qu'ils empruntaient semblait plus sombre qu'avant, les arbres plus tordus, comme s'ils devenaient plus menaçants à chaque pas. Le vent soufflait plus fort, et l'air portait une odeur d'humidité mêlée à celle du sol battu. C'était comme si la nature elle-même se préparait à une confrontation, une lutte inévitable.
Quand ils arrivèrent enfin au cercle, il semblait encore plus imposant qu'avant. Les pierres, brisées mais puissantes, se dressaient dans l'obscurité, luisant d'une lueur sombre qui n'avait rien d'humain.
Léo s'arrêta au bord du cercle. Il se souvenait du moment où il avait brisé le pacte. De la douleur qui avait traversé son corps. Et de l'Entité, son regard perçant, infini.
- C'est ici, dit Maya d'une voix douce. C'est là que tout a commencé.
Léo n'eut pas le temps de répondre. Un bruit étrange, comme un frémissement de terre, se fit entendre. Et avant qu'ils ne puissent réagir, une silhouette surgit des ténèbres.
Orion.
- Vous êtes venus, murmura-t-il, sa voix grave résonnant dans la nuit.
Léo se tendit, prêt à réagir, mais Orion ne bougea pas. Il semblait différent. Plus... brisé. Comme si quelque chose en lui avait été dévoré.
- Léo... Maya... vous n'avez pas le choix. L'Entité se réveille. Il est trop tard pour fuir.
La terre vibra à nouveau. Un cri lointain, comme une plainte, s'éleva du sol. La brèche se rouvrait.
Léo serra les poings, le regard fixé sur Orion.
- Alors faisons-le. Faisons face à ce qui nous attend.
Et alors que les ombres s'agitaient autour d'eux, une nouvelle porte s'ouvrit dans l'obscurité. Une porte qui les entraînerait, inexorablement, vers la vérité.
Mais à quel prix ?