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Chapitre 1 : Le Poids du Silence .
_Point de vue d'Aurélia_
La voiture avançait lentement sur la route mouillée, les phares trouant à peine le voile opaque de la pluie. Assise à l'arrière, mes mains agrippaient le tissu de ma robe, comme si cela pouvait empêcher ma vie de se déchirer davantage. La robe blanche en satin semblait étouffer chaque souffle que je prenais. Ce mariage... cette mascarade... Je n'avais pas choisi cela.
- Vous allez bien, mademoiselle ? demanda mon chauffeur, un homme grand et imposant, avec des traits qui trahissaient des années au service d'hommes comme Maxence.
J'acquiesçai d'un mouvement de tête, incapable de parler.
Comment allais-je répondre à cette question quand tout en moi hurlait que je n'allais pas bien ?
_Quelques heures plus tôt_
- Tu n'as pas à t'inquiéter, Aurélia. Tout se passera bien, me répétait ma mère en ajustant le voile sur mes cheveux.
Son sourire, fragile et forcé, était un rappel cruel de la pression qui pesait sur nous. Elle voulait que je lui pardonne. Elle espérait que je comprenne que ce sacrifice était nécessaire. Mais comment pourrais-je ?
- Je n'arrive pas à croire que tu m'aies fait ça, murmurai-je, la gorge serrée.
Elle évita mon regard, ses mains tremblant légèrement.
- C'était la seule solution, dit-elle enfin. Maxence... il est notre seule chance de garder le domaine familial. Je n'avais pas d'autre choix.
- Pas d'autre choix ? C'est facile pour toi de dire ça. C'est moi qui dois épouser cet homme. Moi qui dois vivre avec lui. Tu ne sais même pas qui il est vraiment !
Je sentis les larmes monter, mais je refusai de les laisser couler. Pleurer ne m'aiderait pas.
- Aurélia, écoute-moi... Maxence est peut-être dur, mais il est juste. Et il t'offrira une vie... meilleure.
Je ris amèrement.
- Une vie meilleure ? En devenant la femme d'un homme que je ne connais même pas ?
Elle resta silencieuse. Nous savions toutes les deux qu'il était inutile de discuter davantage. J'étais déjà enchaînée par ce contrat avant même de dire "oui".
_Retour dans la limousine_
La voiture s'arrêta enfin devant le manoir Delacroix. Un édifice imposant, presque effrayant, se dessinait à travers les gouttes de pluie qui glissaient sur la vitre.
- On est arrivés, annonça le chauffeur en ouvrant la porte.
J'hésitai, mes jambes refusant de bouger.
- Courage, Aurélia, murmurai-je à moi-même en prenant une grande inspiration.
Je sortis de la voiture, retenant un frisson alors que le vent glacial me mordait la peau. Deux hommes en costume noir m'attendaient à l'entrée, leurs visages inexpressifs.
- Madame, M. Delacroix vous attend dans le salon principal, déclara l'un d'eux.
J'hochai la tête sans un mot et les suivis à l'intérieur. Le manoir, aussi grandiose qu'il était, ne respirait pas la chaleur. Chaque pas résonnait, comme si les murs eux-mêmes murmuraient leurs propres secrets.
Et puis, je le vis.
Maxence Delacroix.
Debout près de la cheminée, une main tenant un verre de whisky, l'autre dans la poche de son pantalon. Son regard, glacial mais perçant, se posa sur moi. Mon cœur s'emballa. Pas à cause de son charisme – bien qu'il en avait à revendre – mais parce que, dans ses yeux, je lisais une seule chose : le contrôle absolu.
- Vous êtes enfin là, dit-il d'une voix grave et posée. Aurélia, bienvenue dans votre nouvelle vie.
Je serrai les poings, ma colère prenant le pas sur ma peur.
- Ma "nouvelle vie" ? Vous voulez dire votre décision imposée, votre contrat ?
Un sourire amusé effleura ses lèvres.
- Je vois que vous avez du répondant. C'est une bonne chose. Mais permettez-moi de clarifier quelque chose : dans cette maison, je ne tolère pas les rebellions inutiles.
- Et moi, je ne tolère pas qu'on me traite comme une marchandise, répliquai-je, la voix tremblante mais ferme.
Son sourire disparut, remplacé par une expression neutre.
- Nous avons tous des rôles à jouer, Aurélia. Vous remplirez le vôtre, et je remplirai le mien.
[23/03 à 06:53] Microsoft Copilot: Je le fixai, refusant de baisser les yeux. Il me terrifiait, mais je ne voulais pas lui donner cette satisfaction.
- Je ne suis pas un pion dans vos jeux, Maxence.
Il s'approcha lentement, son verre toujours en main, et s'arrêta juste devant moi.
- Non, murmura-t-il, presque sur un ton doux. Vous êtes bien plus qu'un simple pion. Vous êtes la reine. Et dans mes parties, la reine est toujours protégée...
Je déglutis difficilement. Ses mots étaient peut-être flatteurs, mais je savais qu'ils cachaient un piège.
Assise seule dans ma chambre, je regarde par la fenêtre, le ciel gris reflétant parfaitement le chaos qui règne dans mon esprit. Dans quelques jours, je serai mariée. Mariée à un homme que je ne connais pas, que je n'ai pas choisi, et que je ne veux pas. Ce mariage n'est pas une union, c'est une transaction. Une décision prise par ma mère, sans jamais me demander mon avis.
Je ressens une colère sourde envers elle, une haine que je n'arrive pas à contenir. Elle m'a sacrifiée pour sauver ce qu'elle considère comme notre héritage familial. Mais à mes yeux, ce domaine, ces terres, ces murs froids, ne valent pas ma liberté. Elle dit qu'elle n'avait pas le choix, qu'elle l'a fait pour nous tous. Mais je sais que c'est faux. Elle l'a fait pour elle-même, pour préserver son image, pour ne pas perdre ce qu'elle croit être sa dignité.
Je suis jeune, trop jeune pour porter ce poids. À vingt ans, je devrais rêver d'amour, de voyages, de découvertes. Mais au lieu de cela, je suis enfermée dans une cage dorée, promise à un homme dont le nom seul suffit à faire frissonner. Maxence Delacroix. Un homme puissant, dangereux, et totalement étranger à mon monde.
Et pourtant, je suis encore vierge. C'est une chose que je n'ai jamais voulu précipiter, une décision que j'ai toujours considérée comme mienne. Mais aujourd'hui, cette virginité semble être une autre chaîne qui me lie. Elle est devenue un symbole de mon innocence, de tout ce que je vais perdre en entrant dans ce mariage.
Dans ma famille, je suis celle qu'on regarde avec des attentes silencieuses. L'aînée, celle qui doit tout porter, tout endurer. Mes frères et sœurs, plus jeunes, ne comprennent pas vraiment ce qui se passe. Ils voient ce mariage comme une solution, une manière de sauver notre maison, notre nom. Ils ne voient pas le sacrifice que cela représente pour moi.
Mon père, lui, aurait compris. Mais il n'est plus là. Il est mort il y a des années, emporté par une maladie qui a laissé ma mère seule et accablée. Depuis, elle s'est battue pour maintenir notre famille à flot, mais à quel prix ? Je me demande souvent ce qu'il aurait pensé de tout ça. Aurait-il accepté de me voir ainsi, vendue comme une pièce dans un jeu qu'il n'a jamais voulu jouer ?
Je ferme les yeux, essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. Ce mariage approche, et je ne peux rien faire pour l'arrêter. Mais une chose est sûre : je ne laisserai pas cette haine, cette colère, me consumer. Si je dois entrer dans cette union, ce sera avec ma tête haute, avec la certitude que, malgré tout, je reste Aurélia. Et personne, pas même Maxence Delacroix, ne pourra me voler cela.