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_ Pas encore. Il a quand même mis long aujourd'hui.
_ Je suis sûr qu'il traîne avec ses amis voyous que je déteste. Cet enfant est très têtu, il ne m'écoute pas. S'il s'amuse, il va reprendre la classe de Première.
_ Hum ! Laisse-moi retirer les beignets au feu. Tu peux rentrer papa, j'ai déjà fait à manger.
_ D'accord j'y vais, après je vais doser un long sommeil. Il fait super chaud on ne se croirait pas à l'Ouest olala, ce climat est inquiétant pour nos cultures.
_ A qui le dis-tu papa !
Entre-temps, Marlène est assise dans la cour de ses parents, elle mange du maïs. Une jeune fille l'approche, cette dernière tient entre ses mains un plastique. Marlène voit son invité approcher et court l'embrasser.
_ Eh Natacha, je ne savais pas que tu étais au village, tu es arrivée quand ?
_ Ce matin ma belle. Comment tu vas ?
_ Je vais bien comme tu vois. Je n'ai pas besoin de te poser la question ça se voit que tu rayonnes. Douala te convient à merveille, regarde-moi ces formes à la Beyonce et ce teint de métisse, tu es belle mon amie.
_ Merci ma chérie mais tu exagères, j'ai même noirci la chaleur de Douala oh. Et toi c'est comment à Yaoundé ?
_ Tout va pour le mieux. C'est mon paquet que tu as entre les mains ?
_ Euh non, en fait j'allais chez Abigaëlle, j'ai croisé ta mère qui m'a dit que tu étais là, je suis passée te saluer.
_ Ah d'accord je vois. Abi est au beignetariat, j'étais avec elle. Je présume que c'est son paquet que tu as entre les mains.
_ On peut dire. Cela ne veut pas dire que je ne t'ai rien apporté, c'est juste que je ne savais pas que j'allais te voir.
_ Ne t'inquiète pas je comprends. Pendant qu'on y est, je voulais qu'on parle de notre amie Abigaëlle, elle ne m'écoute pas quand je lui dis que son oncle et sa tante abuse d'elle. Tu vas la voir au beignetariat, elle ne ressemble à rien, aucune classe, aucune beauté, zéro charisme alors qu'elle n'a pas 24 ans. Tu ne vas pas me dire que c'est son look ; les filles de ce grand village s'habillent mieux qu'elles, elles se mettent en valeur. Parle lui et convainc là de quitter cette maison où elle est esclave sinon elle ne fera rien de sa vie.
_ Tu t'entends parler Marlène, tu veux que Abi quitte la maison de son oncle pour aller où ? Dis-moi, elle ira où ? C'est sa seule famille, elle n'a nulle part où aller et je ne suis pas d'accord avec toi lorsque tu dis qu'elle est traitée comme une esclave. Maman Jeanne a toujours bien traité Abi, elle l'a prise comme sa propre fille. Si elle n'a pas poursuivi ses études c'est parce qu'ils n'ont pas de l'argent tu vois bien qu'ils sont très pauvres.
_ N'importe quoi oui, mais ils ont envoyé leur fils à l'étranger tu me parles de pauvreté. Bref, je n'en parle plus.
_ Ok je vais la voir, on se verra après j'ai beaucoup de choses à te dire.
_ Ça marche.
Natacha prend congé de son amie. Elle reconnait bien le comportement de sa copine Marlène toujours en train de voir le mal où il n'y 'en a pas. Le trio constitué de Abigaëlle, Marlène et Natacha étaient inséparables lorsqu'elles étaient au primaire et au collège. Elles ont toujours fait chemin ensemble jusqu'au jour où cette sororité s'est vue dissocier à cause du départ des deux autres dans des villes différentes laissant Abi seule.
Au beignetariat, Abi est aux fourneaux, elle fait frire les beignets et les vend aux personnes qui en veulent. C'est en soirée lorsque les gens rentrent du travail qu'elle écoule sa marchandise. Les revenus varient selon les jours. Pendant qu'elle travaille son petit frère arrive. Il porte son sac accroché à son épaule droit et s'empresse de plonger la main dans la passoire qui contient les beignets chauds, sa sœur frappe sa main à l'aide de l'écumoire chaud.
_ Aiiiii Abi tu veux me brûler ou quoi !?
_ Quels sont ses manières. Tu trempes tes sales mains que tu n'as pas lavé dans mes beignets, tu es malade ?
_ Stuipp j'ai faim.
_ Va à la maison manger, les beignets c'est pour vendre et non pour partager. En passant ou étais-tu passé, les cours sont finis depuis. Papa t'attends à la maison.
_ C'est ça, tu le dis comme si j'avais peur de lui. Tu me donnes un beignet ou pas ?
_ Je ne te donne rien à moins que tu les achètes. Laisse-moi travailler.
Brice qui connaît bien sa sœur sait qu'elle restera campée sur sa décision, il cherche comment détourner son attention et soutirer un beignet avant de fuir. L'arrivée de Natacha arrive à point nommé. Les deux filles s'embrassent.
_ Mais regarde-moi cette beauté, s'exclame Abi, ma copine sois la bienvenue.
_ Merci ma puce. Tiens je t'ai ramené quelques vêtements et des accessoires de beauté.
_ Or ma puce il n'y a que toi pour me gâter ainsi. Merci beaucoup. Attends je te cherche une chaise.
Brice profite du fait que sa sœur soit sortie pour ramasser une poignée de beignets et disparaître sur le regard moqueur de Natacha. Cette dernière s'assoit sur le tabouret que lui a apporté Abi.
_ Toujours derrière les beignets toi.
_ Bah oui je fais faire quoi d'autres. Ta mère a dit à la mienne que tu arriveras à la fin de la semaine, je ne savais pas que tu étais déjà là.
_ Je n'ai pas voulu voyager avec mon père, il allait me saouler durant tout le voyage.
_ Ah donc il est encore à Douala.
_ Oui, il va revenir ce week-end. Ton petit frère est toujours si têtu, décidément il ne changera pas.
_ Ah ça ! Il m'épuise. Alors ma belle qu'elles sont les nouvelles, les études ça avance ?
_ Si tu avais un téléphone, on allait plus souvent communiquer. J'ai soutenu mon BTS comme je te l'avais dit la dernière fois que j'étais ici. Je ne sais pas si je vais continuer en licence.
_ Mais vas-y, tu ne perds rien. C'est bien d'avoir les diplômes, pas comme moi qui n'a que le Bac.
_ Ma chérie tu n'es pas très différente de nous autres avec les gros diplômes qui ne servent à rien. Peut-être que je vais rentrer au village cultiver les champs, le travail est dur en ville. Dis-moi comment je peux t'aider ?
_ Euh tu peux retirer les beignets dans l'huile pendant que je vais chercher du bois.
_ D'accord.
Abigaelle est très heureuse de retrouver ses copines, elle ne se sentira plus seule dans cette petite ville.