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Léna se leva brusquement, luttant contre la sensation d'étouffement qui l'envahissait. Elle ne pouvait plus rester là, à écouter les explications confuses de Mathieu. Tout cela était trop. La révélation de sa destinée, la présence de ces créatures, cette idée qu'elle n'avait plus de choix... C'était trop lourd, trop compliqué. Elle avait besoin de temps, de recul, mais surtout de réponses.
Mathieu ne la retint pas lorsqu'elle se dirigea vers la porte. Il ne semblait pas surpris, comme s'il savait que sa réaction était inévitable.
- Tu as besoin de comprendre, Léna. Je sais que c'est difficile. Mais tu n'es pas seule, je serai là, chaque fois que tu en auras besoin.
Ses mots se perdirent dans le silence de la pièce alors qu'elle franchissait le seuil de la porte. Elle n'eut même pas la force de répondre, ne lui accordant qu'un regard furtif avant de disparaître dans le couloir.
Dans les rues vides de la ville, Léna se retrouva seule avec ses pensées, l'air frais de la nuit caressant son visage. Tout ce qu'elle croyait savoir sur le monde venait de s'effondrer. Elle n'était qu'une simple humaine, avant de rencontrer Mathieu, avant d'être entraînée dans cet univers étrange et menaçant. Elle se demandait si elle n'avait pas rêvé tout cela, si elle n'était pas en train de perdre pied. Mais la marque sur sa peau, ce sentiment de puissance qu'elle ne comprenait pas, et la façon dont tout semblait converger vers elle, lui confirmaient que tout cela était bien réel.
Elle se laissa tomber contre un muret, ses mains crispées autour de ses bras. Ses yeux scrutaient la rue déserte, mais son esprit était ailleurs. Elle était perdue, elle ne savait plus qui elle était ni ce qu'elle devait devenir. Ce qu'elle ressentait pour Mathieu, ce mélange d'attirance et de peur, compliquait encore plus les choses. Il avait l'air sincère, mais pourquoi la choisir, elle ? Pourquoi l'impliquer dans cette histoire ?
Un bruit léger derrière elle la fit sursauter. Elle se tourna brusquement, son cœur battant la chamade. À quelques pas d'elle, une silhouette se dessina dans l'obscurité, à peine éclairée par la lueur des réverbères.
- Léna, murmura une voix grave, familière.
Son souffle se coucha dans sa gorge. Elle reconnut immédiatement cette voix. Mathieu. Elle se leva d'un bond, prête à prendre la fuite si nécessaire, mais il s'approcha d'elle avec une lenteur calculée, presque mesurée.
- Pourquoi tu es là ? demanda-t-elle, ses lèvres tremblantes.
- Je voulais te donner quelque chose. Un avertissement, une clé. Quelque chose pour t'aider à comprendre.
Il tendit la main, et dans la lumière faible, Léna aperçut un petit objet qu'il tenait dans sa paume. Un pendentif.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle, l'air suspicieux.
- C'est une clé, Léna. Une clé pour te guider. Si tu veux vraiment comprendre, tu devras le porter. Et chaque fois que tu douteras, chaque fois que tu voudras fuir, regarde-le. Il te rappellera pourquoi tu fais tout ça.
Léna hésita, les yeux fixés sur le pendentif. Une étrange lueur semblait émaner de l'objet, une lueur qui l'appelait, la poussait à accepter, à faire ce geste. Elle tendit finalement la main, se surprenant elle-même par cette impulsion, et accepta le pendentif. Dès que ses doigts effleurèrent l'objet, une chaleur étrange se répandit en elle, comme si une énergie nouvelle envahissait ses veines.
Elle se sentit envahie par une vision fugace, une image rapide, une scène du passé qui lui échappait. Des bribes d'un monde ancien, où des créatures se battaient, des guerriers et des entités aux pouvoirs inimaginables. Elle perdit l'équilibre un instant, mais Mathieu se précipita pour la soutenir.
- Respire, Léna. C'est normal. Le pendentif te connecte à l'énergie, à la vérité. C'est un lien que tu dois apprendre à maîtriser. Mais pour le moment, garde-le avec toi. Cela pourrait être ta seule chance de comprendre ce qui t'arrive.
Léna se remit sur pieds, le cœur battant la chamade. Elle déglutit difficilement, la gorge sèche.
- Pourquoi... Pourquoi moi ? murmura-t-elle, encore sous l'effet de la vision.
Mathieu lui lança un regard grave, mais il ne répondit pas immédiatement. Il observa l'horizon comme si une menace invisible se profilait dans l'air.
- Parce que tu as été choisie. Tu fais partie d'un jeu plus grand, Léna. Un jeu que tu ne peux pas ignorer, même si tu le voudrais.
La question de savoir s'il disait la vérité, ou s'il manipulait encore ses pensées, tourbillonnait dans son esprit. Mais quelque chose en lui, quelque chose dans la profondeur de ses yeux, la convainquait qu'il ne mentait pas. Au fond d'elle, Léna savait que sa vie ne serait plus jamais la même.
Alors qu'il se préparait à partir, Mathieu se tourna une dernière fois vers elle.
- Reste prudente, Léna. Les autres te surveillent. Et ils n'attendront pas que tu sois prête.
Sans un mot de plus, il s'éloigna dans l'obscurité, laissant Léna seule avec le pendentif dans sa main et une nouvelle réalité à affronter.
Léna resta immobile, le pendentif encore dans la paume de sa main, son cœur battant à un rythme effréné. L'ombre de la silhouette de Mathieu s'estompa dans les ruelles sombres, et un silence presque pesant s'installa autour d'elle. L'air, frais et humide, s'engouffrait dans ses poumons alors qu'elle tentait de reprendre le contrôle de ses pensées. Il lui avait dit que d'autres la surveillaient, qu'elle était une pièce dans un jeu plus vaste. Elle ne savait pas comment réagir, comment interpréter tout ce qui venait de se passer. Il y avait tellement de mystères, d'énigmes non résolues, qu'elle avait l'impression de perdre pied.
Elle serra le pendentif dans sa main, fermement, comme si cela pouvait l'ancrer dans la réalité. Mais au fond d'elle, un sentiment d'angoisse et de confusion se mêlait à un étrange frisson, comme si ce petit objet portait en lui un pouvoir qu'elle ne comprenait pas encore. Elle leva les yeux vers le ciel, observant les étoiles qui semblaient plus proches qu'elles ne l'étaient en réalité. Les pensées de Léna dérivèrent, se perdant dans un tourbillon d'incertitude. Pourquoi lui ? Pourquoi lui confier cette clé, cette responsabilité qui semblait bien plus grande qu'elle ne l'aurait imaginé ?
Elle sentit une vibration soudaine dans sa poche. Elle sortit son téléphone, un peu distraite, et vit qu'elle avait un message de Julie, sa meilleure amie. Un simple « Ça va ? » apparaissait sur l'écran. Léna se sentit un instant soulagée par cette normalité, ce petit geste rassurant.
Elle s'assit sur le muret du parc voisin, la lumière d'un lampadaire s'étendant autour d'elle, presque irréelle.
Avant de répondre à Julie, Léna scruta une nouvelle fois le pendentif. Quelque chose dans son éclat, une brillance douce mais persistante, semblait lui rappeler qu'elle n'échappait plus à ce monde qu'elle venait de découvrir. Elle le laissa pendre dans ses doigts, regardant chaque facette du bijou, mais une sensation étrange la frappa, comme si le pendentif la guidait vers une direction précise, comme une boussole invisible.
Ses pensées furent interrompues lorsqu'une silhouette familière apparut à l'autre bout du parc. Léna leva les yeux, surprise. C'était Mathieu. Il marchait à une allure rapide, ses traits marqués par une concentration qu'elle n'avait pas remarquée chez lui jusqu'à présent. Il semblait presque... pressé. Quelque chose n'allait pas, Léna le sentit instinctivement. Il ne la remarqua pas tout de suite, ses yeux rivés sur quelque chose au loin.
Un frisson la parcourut. Elle se leva immédiatement et s'éloigna de son point de repos, avançant prudemment dans sa direction, mais gardant une distance suffisante pour ne pas être vue. Ce qu'il faisait ici à cette heure de la nuit n'était pas normal. Elle n'avait pas besoin de le suivre pour savoir que quelque chose n'allait pas. Il était habité par une urgence qu'elle n'avait jamais vue chez lui.
À chaque pas qu'il faisait, Léna sentait une nouvelle pression sur son esprit, une sensation qu'elle ne pouvait pas encore identifier, mais qui la menaçait de l'engloutir. Elle accéléra le pas, curieuse mais inquiète. Elle devait savoir. Le voir revenir ici, après leur rencontre intense, après ses révélations... C'était trop de coïncidences pour que ce soit un simple hasard.
Elle arriva à un croisement où la lumière était moins dense, ce qui lui permit de se glisser discrètement derrière un arbre. Son cœur battait plus fort dans sa poitrine, l'attente augmentant chaque seconde. Mathieu s'arrêta finalement, s'adossant à un mur de briques, les bras croisés sur son torse. Il ne semblait plus chercher à se dissimuler. Il regarda brièvement autour de lui, comme s'il s'assurait qu'il n'était pas suivi, et c'est là qu'elle aperçut la silhouette derrière lui.
Elle avait bien vu quelqu'un se faufiler dans l'ombre. C'était une autre silhouette masculine, grande, mince, mais d'une prestance étrange. Il avançait lentement vers Mathieu, un sourire presque imperceptible sur ses lèvres. Léna se tassa contre l'arbre, son souffle retenu. Elle n'avait jamais vu cet homme auparavant, mais quelque chose dans sa posture et la façon dont il se déplaçait laissait présager qu'il n'était pas étranger à tout cela. Un frisson lui parcourut l'échine.
Le cœur de Léna se serra lorsqu'elle entendit un échange de voix, mais trop lointain pour qu'elle puisse comprendre les paroles. Elle se rapprocha lentement, mais le bruit de ses pas la trahit.
- Tu es bien là, Léna, murmura une voix qui la fit sursauter.
Elle tourna la tête brusquement. Une silhouette se tenait derrière elle, les yeux sombres, son regard fixant intensément la scène qu'elle venait d'observer.
Léna sentit son estomac se nouer. Il n'y avait aucun doute : ce nouvel arrivant savait qu'elle les avait vus. Et pire encore, il semblait l'attendre.
- Tu devrais repartir chez toi, dit-il calmement. Ce n'est pas un endroit pour toi.
Elle n'eut pas le temps de répondre. Le son d'un cri perça la nuit, violent et désespéré.