Chapitre 2 02

Léna restait allongée, son corps encore secoué par l'angoisse du rêve, le cœur battant la chamade dans sa poitrine. L'obscurité de la chambre, plus oppressante que jamais, semblait se resserrer autour d'elle. Elle tourna la tête lentement vers la table de chevet, où la bague reposait toujours. L'éclat de l'argent semblait plus vif, presque moqueur, comme si l'objet avait sa propre vie, son propre désir de se faire remarquer. Un frisson la parcourut, et elle se força à détourner les yeux, mais l'image de la bague gravée dans sa mémoire persistait.

Le rêve. C'était bien plus qu'un simple rêve. Il avait été trop réel, trop vivant. La voix, l'inconnu... tout cela avait un sens. Mais quel sens ? Et pourquoi elle ?

Elle se redressa brusquement dans le lit, s'accrochant aux couvertures comme pour se donner un peu de réconfort. Un regard vers l'horloge de la chambre la ramena à la réalité : quatre heures passées. Il était trop tôt pour sortir, mais trop tard pour retrouver un sommeil réparateur.

Léna se leva d'un bond, agitant ses bras dans l'air comme pour secouer les images de son rêve. La pièce semblait toujours aussi calme, mais la lourdeur de l'atmosphère ne la quittait pas. Elle s'approcha de la fenêtre, mais l'idée de la rouvrir et de regarder à l'extérieur la terrorisait. Elle savait que la réponse se trouvait là, dans la rue, quelque part sous la lueur faible des réverbères.

Elle tourna les talons et se dirigea vers la porte de son appartement, son esprit tournant en boucle. Il fallait qu'elle sorte, qu'elle fasse quelque chose pour calmer cette étrange agitation qui la rongeait. Mais où aller ? Qui pourrait l'aider dans cette situation qui la dépassait ?

Les réponses se cachaient dans l'obscurité, mais elle n'était pas sûre de vouloir les trouver. Et pourtant, elle savait qu'elle ne pourrait pas fuir plus longtemps. Quelque chose de bien plus grand qu'elle se tissait autour d'elle, et la bague semblait en être le centre.

Soudain, un bruit sourd éclata dans le silence de l'appartement. Un fracas métallique, provenant de la cuisine. Léna sursauta, le sang se glacant dans ses veines. Elle n'avait rien laissé traîner, aucune raison pour que quelque chose tombe de cette manière.

Sans réfléchir, elle attrapa son téléphone et appela Maëlys. Pas de réponse. Elle réessaya, puis encore une fois. Toujours rien.

Les mains tremblantes, elle raccrocha, l'esprit encore plus confus. Qui pouvait l'aider ? Et pourquoi cet étrange sentiment de ne pas être seule, d'être observée, d'être prise au piège dans un jeu dont elle ignorait les règles ?

Elle tourna le dos à la porte, prête à retourner dans la cuisine quand un autre bruit plus net, cette fois-ci provenant de l'entrée, la fit s'arrêter sur place. Une porte qui se fermait ? Non. La poignée avait été tournée. Quelqu'un... était là.

La peur lui serra la gorge. Elle s'avança à pas de loup, chaque mouvement mesuré. Elle s'approcha lentement de la porte d'entrée et, les mains moites, elle posa une oreille attentive. Rien. Pas un bruit.

Puis, avec une extrême précaution, elle déverrouilla la porte, l'ouvrant lentement pour apercevoir le hall sombre. Son cœur battait à tout rompre alors qu'elle se faufilait dans l'entrée, jetant des regards furtifs autour d'elle.

Il n'y avait rien. Pas une ombre. Pas un bruit.

Mais en tournant les yeux vers le sol, Léna aperçut une paire de chaussures soigneusement posée près du tapis d'entrée. De simples baskets, mais... elles n'étaient pas à elle.

Le souffle court, elle se pencha pour les observer de plus près. Il n'y avait aucune trace de boue, aucune éraflure. Elles étaient neuves. Presque trop neuves pour appartenir à quelqu'un qui se serait faufilé discrètement dans son appartement. Elles n'étaient pas là par hasard.

Elle se recula brusquement, un cri coincé dans sa gorge. Elle ne comprenait plus rien. Tout était en train de se brouiller autour d'elle. Qui avait pénétré son appartement ? Et pourquoi ces signes, ces objets mystérieux, semblaient se multiplier ?

Elle se tourna vers la porte, prête à la refermer, mais un son sourd la fit se retourner à nouveau. Cette fois-ci, il venait du fond du couloir, tout près de la cuisine.

Un souffle. Presque inaudible, mais distinct.

Quelqu'un était là.

Le sang de Léna se glaça dans ses veines. Elle savait qu'elle ne pouvait plus fuir. La porte d'entrée, ouverte sur l'obscurité, était un point de non-retour. Chaque fibre de son être lui criait de s'en aller, de courir, mais quelque chose la retenait. Une force invisible, une nécessité de comprendre. Pourquoi tout cela lui arrivait-il maintenant ?

Elle fit un pas en arrière, lentement, mais son pied heurta une chaise, produisant un bruit sec qui résonna dans l'appartement. Elle s'immobilisa, retenant sa respiration. La sensation d'être observée était plus oppressante que jamais. Puis, tout à coup, un bruit plus distinct résonna derrière elle, comme un souffle précipité. Il venait de la cuisine.

Elle tourna brusquement la tête, ses yeux cherchant la source du bruit dans l'obscurité. La pièce semblait calme, mais une ombre mouvante attira son regard vers le fond de la cuisine. Quelque chose... ou quelqu'un... se tenait là, dissimulé dans l'ombre.

Les muscles de Léna se tendirent, son esprit en proie à une panique grandissante. Elle aurait voulu crier, mais aucun son ne franchit ses lèvres. Elle s'avança, une lenteur calculée dans ses mouvements, comme si la peur était un poids qu'elle devait supporter pour avancer. Un pas après l'autre, elle se dirigea vers la source de l'ombre, chaque fibre de son corps vibrant d'appréhension.

Quand elle arriva au seuil de la cuisine, elle aperçut une silhouette dissimulée derrière le comptoir. Elle se figea, son souffle s'accélérant, son cœur battant à tout rompre.

- Qui est là ? demanda-t-elle, sa voix plus tremblante qu'elle ne l'aurait voulu.

Il n'y eut d'abord aucune réponse, seulement un silence pesant. Puis, lentement, une tête se leva de derrière le comptoir. Un homme, les traits familiers, mais dont les yeux brillaient d'une lueur étrange, presque surnaturelle. Mathieu.

Léna se figea, l'étonnement prenant le pas sur la peur. Pourquoi était-il ici, et surtout, comment avait-il pu entrer sans qu'elle ne l'entende ? Elle chercha des réponses dans ses yeux, mais il semblait aussi fermé qu'une porte verrouillée.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda-t-elle, sa voix plus ferme maintenant, bien que la tension restait palpable.

Mathieu s'avança lentement vers elle, son regard perdu dans la pénombre de la pièce. Il avait une attitude étrange, comme si chaque geste était mesuré, empreint d'une intensité nouvelle, mais aussi d'une grande difficulté à se contenir.

- Je... Je suis désolé. Je ne voulais pas te faire peur, dit-il enfin, sa voix basse, presque un murmure. Mais tu as commencé à comprendre. Tu n'aurais pas dû prendre la bague.

Léna sentit son cœur manquer un battement. Elle déglutit difficilement, ses yeux se dirigeant instinctivement vers la table de chevet, où l'anneau reposait toujours. Cette fois, elle savait que l'objet était bien plus qu'une simple curiosité, bien plus qu'un bijou. C'était un symbole. Un lien.

- La bague ? répéta-t-elle, son regard se fixant sur lui. Qu'est-ce que tu veux dire ?

Mathieu détourna brièvement le regard, comme si la question le mettait mal à l'aise. Il s'approcha davantage, franchissant l'espace entre eux avec une lenteur calculée, comme s'il pesait chaque mouvement. Léna ressentit l'ombre d'un danger, aussi palpable que l'air autour d'elle.

- C'est compliqué, dit-il en s'arrêtant à quelques mètres d'elle. Mais la bague te lie à nous, à moi... Elle t'a choisie. Ce n'était pas prévu, mais elle t'a choisie, Léna. Et maintenant, il est trop tard.

Un frisson parcourut le dos de Léna. Ses jambes tremblaient légèrement sous le poids des mots. La bague... elle l'avait choisie ? Qu'est-ce que cela signifiait ? Et pourquoi n'avait-elle rien vu venir ? Pourquoi avait-elle eu l'impression que tout cela était arrivé trop vite, trop brusquement ?

- Choisie pour quoi ? balbutia-t-elle, la peur et l'incompréhension se lisant sur son visage. Qu'est-ce que tu es vraiment, Mathieu ?

Il sembla hésiter un instant, ses lèvres se serrant comme s'il voulait garder le silence. Mais au lieu de cela, il se pencha légèrement vers elle, son regard planté dans le sien.

- Je suis ce que je suis. Mais la vérité, c'est que... je ne voulais pas te faire ça. Mais je n'ai pas eu le choix. Tu sais... il y a des choses dans ce monde que nous ne pouvons pas contrôler. Des forces anciennes, des pouvoirs qui dépassent tout ce que tu peux imaginer.

Léna n'arrivait plus à suivre. Chaque mot qu'il prononçait semblait la pousser un peu plus loin dans l'abîme de l'inconnu. Elle se sentait piégée, mais quelque chose en elle refusait d'accepter cette situation. Il y avait des réponses à trouver, et elle ne comptait pas les laisser lui échapper.

- Quelles forces ? Qui sommes-nous, Mathieu ? demanda-t-elle, sa voix prenant un ton plus autoritaire. Explique-moi ce qui se passe.

Il ferma les yeux un instant, comme pour chercher les mots, avant de les rouvrir, les yeux chargés d'une douleur presque palpable.

- Nous sommes liés par le sang, Léna. Et ta place dans tout ça est bien plus importante que tu ne le crois.

            
            

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