Chapitre 4 04

Lyra se redressa, le sang coulant sur son poignet, brûlant la peau comme un poison. Elle ne ressentait ni la douleur, ni la peur, seulement cette furieuse nécessité de survivre. Elle tourna les yeux vers Elias, qui se battait contre le vampire imposant avec une intensité sauvage. Les éclats de lumière lunaire révélaient les muscles tendus, les mouvements rapides et précis. Mais Elias semblait aussi accablé par la fatigue, son corps ne répondant plus aussi bien qu'avant, comme si chaque coup de plus le rapprochait un peu plus de la fin.

Hector se releva lentement, son regard empli de haine et de dégoût. Il épousseta sa cape et s'avança de nouveau, tout en ricanant, ses dents encore éclatantes dans la lueur de la lune. Il était certain de leur victoire. Ils étaient deux, ils avaient l'avantage, et Lyra et Elias ne pouvaient pas espérer s'en sortir indemnes.

- Tu vois, Lyra, dit-il d'une voix glacée, tu es perdue. Il est trop tard. Kain ne permettra pas que tu échappes à son contrôle. Il a déjà tout prévu. Toi, moi, Elias, tout ça n'a plus de sens. C'est lui qui gagnera. Toujours.

Les mots d'Hector résonnèrent dans la tête de Lyra. Elle savait que Kain était puissant, mais elle refusait d'accepter cette fatalité. Une lueur d'espoir perça dans son esprit. Ils avaient encore une chance. Elle le savait, au fond d'elle. Le pouvoir qu'elle portait, celui qu'elle n'avait pas encore totalement compris, était leur seule issue. La clé de leur salut résidait dans son propre destin. Mais pour l'activer, elle devait prendre un risque immense.

D'un mouvement brusque, elle tendit la main vers Elias, attirant son attention. Leur regard se croisa, et dans cet échange silencieux, ils se comprirent. Il savait ce qu'elle comptait faire. Ils n'avaient pas le temps de réfléchir davantage. Ils devaient agir, et agir vite.

Elias poussa un cri guttural, un rugissement primal qui fit vaciller leur ennemi. Dans un instant d'inattention, Lyra sentit l'énergie des ombres se concentrer autour d'elle, comme un appel silencieux. Son corps réagit avant qu'elle puisse en comprendre la portée. Des éclats d'ombre se déployèrent autour d'elle, dans une danse fluide, presque hypnotique. Elle s'enroula autour d'Hector et du vampire plus imposant, les entravant dans une sorte de voile invisible, une prise mortelle.

Hector et son acolyte se figèrent, leurs regards fous cherchant à comprendre ce qui se passait. La force des ombres sembla les geler sur place, immobilisés dans une sorte de transe. Lyra se concentra, poussant ses pouvoirs au maximum, et une décharge d'énergie pure jaillit, frappant les deux vampires avec une violence inattendue. Ils hurlèrent, mais leurs cris furent étouffés par la puissance qui les enserrait.

- C'est le moment, Elias ! cria Lyra, sa voix tremblant de l'effort qu'elle déployait.

Elias, haletant, se lança sur le vampire imposant, profitant de la diversion pour lui infliger un coup mortel. Un cri strident s'échappa de la gorge du vampire tandis qu'il s'effondrait, sa vie s'éteignant en une seconde. Le combat était loin d'être terminé, mais c'était une victoire, une petite victoire qui pourrait faire toute la différence.

Lyra, les yeux brillants de concentration, relâcha les ombres d'un coup sec. Hector tomba à genoux, grognant de rage et de douleur, mais il n'était pas encore vaincu. Il leva un bras, prêt à frapper, prêt à riposter avec une puissance qu'il croyait encore avoir. Mais Lyra n'allait pas le laisser faire.

Elle s'élança vers lui, ses griffes acérées tendues vers lui comme des lames. Elle était rapide, plus rapide que jamais, et dans un ultime élan de désespoir et de colère, elle plongea ses griffes dans le cœur d'Hector, lui arrachant un dernier cri.

Mais au moment où elle pensa qu'elle l'avait enfin vaincu, un nouveau bruit se fit entendre, et cette fois, ce n'était pas un simple cri de douleur. C'était un rugissement. Le rugissement d'un autre prédateur, plus puissant, plus effrayant.

Lyra se tourna instinctivement, un frisson glacé parcourant son échine. La silhouette massive qui émergea des ténèbres était bien plus imposante que celle de Kain. Il s'agissait d'un loup, un gigantesque loup, avec des yeux d'un bleu incandescent qui semblaient percer l'âme.

Le loup ne fit qu'un pas, et l'air autour de lui sembla se condenser. Lyra ressentit une pression immense sur son cœur, une sensation de danger extrême. Ce n'était pas juste un loup, c'était un être ancien, un être qui détenait des pouvoirs bien au-delà de ce qu'elle pouvait imaginer.

- C'est Kain, murmura Elias d'une voix basse, presque angoissée.

Lyra n'eut pas le temps de réagir. Le loup bondit vers eux avec une rapidité fulgurante.

Lyra se précipita en arrière, son cœur battant à tout rompre alors que la silhouette massive du loup s'élançait dans leur direction. L'air vibrait sous la force de ses pas, un grondement profond résonnant dans tout le champ de bataille. Elias, qui avait à peine le temps de se relever, fit un bond en arrière, une main plaquée sur son torse comme s'il essayait de maîtriser la douleur qui le consumait.

Mais Lyra ne pouvait plus reculer. Elle sentait le pouvoir du loup à chaque respiration, une force brute, indomptable, et surtout... familière. Il y avait quelque chose dans cette présence qui la hantait. Une ancienne connexion, un fil invisible qui la reliait à lui, comme un écho de son passé. C'était Kain, dans sa forme la plus pure, la plus dévastatrice. Mais pourquoi ce loup était-il aussi différent de ce qu'elle avait connu ? Que cherchait-il réellement ?

Le loup s'arrêta à quelques mètres d'eux, son regard perçant rivé sur Lyra. Ses yeux brillaient d'une lumière surnaturelle, d'un bleu glacé, et dans ces prunelles, elle aperçut un mélange d'énigme et de défi. Il n'était pas ici pour tuer. Pas encore. Ce regard, empli de douleur et de désespoir, semblait la sonder profondément, comme s'il voulait qu'elle le reconnaisse, qu'elle comprenne.

- Lyra... La voix de Kain, faible et brisée, émergea de l'animal. Mais ce n'était pas la voix de l'homme qu'elle connaissait. C'était plus étrange, plus distordu, comme si l'âme de Kain s'était entièrement fondue dans cette forme bestiale. Je... je n'ai jamais voulu te faire du mal.

Les mots frappèrent Lyra comme un coup de massue. Elle haletait, les bras tendus, prêts à défendre sa vie et celle d'Elias, mais elle ne pouvait pas bouger. Elle était paralysée par la stupeur, incapable de comprendre ce qui se passait.

Elias, toujours aussi tremblant, regarda Kain, les yeux écarquillés, avant de se tourner vers Lyra.

- C'est lui. Sa voix était un murmure, rempli de doute et de crainte. C'est... c'est ce qu'il est devenu. Un monstre.

Kain fit un pas en avant, son corps frémissant de chaque fibre sous la pression de sa forme hybride, entre loup et humain, comme une créature déchirée par un destin qu'il n'avait pas choisi.

- J'ai dû me transformer, Lyra, dit-il, chaque mot tremblant de douleur. La malédiction qui me lie à toi, à tout ça, m'a forcé à changer. Je suis devenu... ça, pour pouvoir te protéger.

Lyra secoua la tête, cherchant à démêler la vérité des mensonges. Sa vision se brouillait sous le poids de ses pensées conflictuelles. Comment pouvait-elle encore lui faire confiance après tout ce qu'il lui avait fait subir ? Après tout ce qu'il avait mis en place pour la faire tomber dans ses filets ?

- Protéger ? Sa voix était glacée, pleine de rage contenue. Tu m'as trahie, Kain. Tu m'as laissée dans l'obscurité, sans réponses, sans savoir qui j'étais vraiment.

Le loup poussa un cri perçant, comme si les paroles de Lyra l'avaient frappé au plus profond. Une onde de choc, invisible mais palpable, secoua le sol sous leurs pieds. L'air se raffermit autour d'eux, une pression insoutenable qui pesait lourdement sur leurs épaules. Kain, ou ce qu'il était devenu, vacilla un instant, comme si la révélation de Lyra l'avait brisé un peu plus. Il leva les yeux vers elle, une lueur de regret et de souffrance traversant son regard.

- Je ne t'ai jamais oubliée, murmura-t-il, sa voix plus faible. J'ai cherché un moyen de t'atteindre, mais les forces en moi... elles m'ont consumé. J'ai dû choisir, Lyra. Entre toi et la survie de ce monde.

Les mots de Kain frappèrent Lyra comme une gifle. Il était là, devant elle, mais il n'était plus le même homme qu'elle avait connu. Ce n'était plus que l'ombre d'un être qu'elle avait aimé, un être brisé par ses propres choix. Ses yeux se remplirent de larmes alors qu'elle se tenait là, figée, prise entre la haine et la compassion. La colère bouillonnait en elle, mais au fond, une petite voix douce, presque imperceptible, lui soufflait qu'elle ne pouvait pas l'abandonner. Pas tout à fait.

Un cri de rage déchira l'air. Elias, qui avait observé la scène avec une intensité inquiétante, se jeta soudainement vers Kain, prêt à lui enfoncer une dague argentée dans le cœur. Mais avant qu'il ne puisse l'atteindre, le loup bondit vers lui, avec une rapidité et une violence inouïes. Un rugissement puissant déchira la nuit alors que les deux corps s'entrelacaient dans une lutte déchaînée.

Lyra se précipita en avant, son cœur battant la chamade. Elle ne pouvait pas laisser Elias mourir, pas maintenant. Ses instincts la poussaient à réagir, à intervenir, mais elle savait que tout cela était trop dangereux. Kain était puissant, trop puissant. Et plus encore, il semblait lié à elle d'une manière qu'elle ne pouvait pas encore comprendre.

Tout à coup, une vision éclatante traversa l'esprit de Lyra. Une image floue mais perçante, une prophétie ancienne, une relique oubliée. Un étrange symbole apparut dans son esprit, celui d'un loup aux trois yeux, celui qu'elle avait vu dans les rêves de Mira. C'était ça. C'était la clé.

Elle tendit la main, rassemblant toute son énergie pour canaliser le pouvoir qu'elle sentait grandir en elle. Un cri retentit alors que l'énergie se déchargeait dans une explosion de lumière pure. La silhouette du loup s'effondra sous la puissance du coup, son corps se tordant dans une convulsion furieuse.

Kain, dans son dernier souffle, se tourna vers elle, un léger sourire en coin.

- C'est toi, Lyra, dit-il, avant de sombrer dans l'obscurité. Tu es la clé de tout.

Et tout devint noir.