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Chapitre 3
Amara courait à perdre haleine, les échos de ses poursuivants résonnant de plus en plus fort derrière elle. Chaque souffle laissait une brûlure dans ses poumons, mais elle n'osait pas ralentir. Les soldats du roi étaient impitoyables et elle savait que si elle était capturée, la mort serait la seule issue. Elle s'enfonça encore plus profondément dans la forêt dense, les arbres formant une barrière presque impénétrable autour d'elle.
Ses jambes tremblaient de fatigue, et une douleur vive lui perça le côté gauche, là où l'un des soldats l'avait frappée plus tôt. Le sang coulait doucement, mais la peur d'être rattrapée suffisait à lui donner la force de continuer. Les bruits des chevaux et des hommes se rapprochaient. Une branche craqua sous le poids de son pied, et elle se figea, retenant son souffle.
Elle savait qu'elle ne pourrait pas les semer éternellement. Ses doigts serrèrent le pommeau de la dague qu'elle avait pris avec elle, le métal froid et rassurant contre sa paume moite. Mais ce n'était pas l'arme qui la sauverait, elle en était certaine. Il lui fallait un miracle, quelque chose d'imprévisible.
Soudain, une ombre passa devant elle. Elle cligna des yeux, n'étant pas sûre d'avoir vu ce qu'elle venait de voir. Mais lorsqu'elle tourna la tête, une silhouette massive émergea des ténèbres entre les arbres. Les yeux brillants, jaunes comme des flammes, fixaient Amara avec une intensité qui la glaça jusqu'aux os. Le cœur de la jeune femme se serra dans sa poitrine, et elle dut se pincer les lèvres pour ne pas crier. Il n'était pas humain, elle en était certaine.
Elle voulut faire demi-tour, fuir à nouveau, mais ses jambes refusaient de la soutenir. Elle se sentait piégée, acculée, comme une proie en pleine chasse.
« Ne t'enfuis pas », dit une voix profonde, basse, presque métallique, qui sembla résonner dans toute la forêt.
Amara s'arrêta, pétrifiée. Qui était cet être ? Et pourquoi semblait-il si... familier ? Il n'avait pas l'air hostile, mais le doute la tenait. Elle s'efforça de parler, mais la douleur dans son ventre et la peur qui l'enserrait la rendirent presque muette.
« Qui êtes-vous ? » réussit-elle à articuler, sa voix tremblante.
L'ombre s'approcha, lentement, sans un bruit, comme si le sol lui-même refusait de le trahir. Les branches autour d'eux semblaient se replier sous sa présence. L'air devint plus lourd, comme une pression invisible qui s'abattait sur elle.
« Un ami », répondit-il finalement, ses yeux se posant sur elle d'une manière qui était à la fois étrange et rassurante. « Tu es blessée. Suis-moi. »
Il fit un mouvement, et avant qu'Amara n'ait pu réagir, il s'élança dans les ténèbres, disparaissant presque instantanément. L'adrénaline courait encore dans ses veines, et l'angoisse de l'inconnu lui donnait le vertige. Mais dans un dernier élan de lucidité, elle sut que rester là, seule, était une condamnation certaine.
Elle ferma les yeux un instant, essaya de rassembler ses forces, puis se lança à sa suite, sans vraiment savoir pourquoi elle lui faisait confiance. Peut-être n'avait-elle pas le choix. La forêt semblait dévorer la lumière, l'engloutir à chaque pas. Chaque brin d'herbe, chaque arbre, semblait se mouvoir autour d'elle, comme si l'endroit lui-même était vivant.
Ils s'engagèrent dans un sentier étroit, caché par une végétation épaisse. Amara sentait l'humidité de l'air s'intensifier. Au fur et à mesure qu'ils s'enfonçaient dans l'obscurité, une sensation de froid mordant s'installa en elle, une froideur presque surnaturelle qui lui glaçait les os.
Les bruits de la chasse semblaient se dissiper derrière eux, mais la peur de se faire rattraper ne la quittait pas. Il y avait des bruits d'ailes, de bruissements furtifs autour d'elle, mais lorsqu'elle se retourna, rien. Rien d'autre que l'obscurité et les arbres.
« Vous ne pouvez pas les fuir », dit la voix profonde, semblant lire dans ses pensées. « Ce n'est pas ce que tu recherches. »
Elle s'arrêta brutalement, ses yeux cherchant à percer les ténèbres. « Qu'est-ce que vous voulez dire ? »
Le silence qui suivit était lourd, et il ne répondit pas tout de suite. Puis, d'une voix presque indifférente, il dit : « Je te guide, pour l'instant. Mais tu ferais bien de comprendre ce qui te poursuit. »
Elle n'eut pas le temps de répondre. L'ombre se détourna d'elle, et elle se hâta de le suivre sans poser d'autres questions. La forêt semblait se déchirer autour d'eux, se repliant sous la pression de leur passage. Elle ressentit alors un étrange changement, un frisson comme si le monde lui-même devenait plus vivant.
Ils arrivèrent finalement dans un endroit dégagé, où les arbres formaient un cercle autour d'une ancienne structure en ruine. Des pierres brisées et des murs effondrés témoignaient du passage du temps. Amara s'arrêta, son cœur battant plus fort, l'instinct lui criant qu'ils étaient arrivés au bout de leur chemin.
« Un sanctuaire... », murmura-t-elle, sans bien savoir pourquoi.
L'ombre se tourna vers elle. « Pas simplement un sanctuaire. Un lieu oublié. Un lieu où les forces anciennes résident encore. »
Amara sentit une étrange chaleur émaner des ruines, une chaleur douce qui semblait répondre à son propre corps. Elle se sentait... en sécurité, d'une manière inexplicable.
Le silence, pesant jusque-là, se brisa lorsqu'un éclat argenté apparut dans l'ombre. Une brume fine, presque éthérée, se leva des pierres, et Amara sentit une pression sur sa poitrine, une sensation qui lui était à la fois familière et étrangère.
Puis, dans l'obscurité, une silhouette se matérialisa, encore plus étrange que la première. Une créature humanoïde, enveloppée d'une lueur vacillante, les yeux brillants d'une lueur dorée.
« C'est là que ton destin commence », dit l'ombre qui l'avait guidée.
Amara sentit le sol sous ses pieds s'effondrer un instant, puis une main froide se posa sur son épaule. Elle tourna les yeux vers la créature. « Qu'est-ce que vous attendez de moi ? »
La créature sourit, un sourire aussi ancien que l'univers lui-même. « Ce que tu cherches ne se trouve pas dans la lumière, mais dans l'ombre. Viens. »
Amara n'hésita pas. Elle suivit la silhouette, les ruines s'ouvrant devant elle, révélant un chemin qu'elle n'aurait jamais cru possible. Et alors que le dernier rayon de lumière se dissipait derrière eux, elle comprit que sa vie venait de changer à tout jamais.