/0/23344/coverbig.jpg?v=9d10413524bcf305175287c15b649bd1)
Elle se tourna lentement vers lui, une expression indéchiffrable sur le visage. Il la dominait, non seulement par sa stature, mais aussi par l'intensité de son regard, une lueur malicieuse qui ne laissait aucun doute sur ses intentions. Elisa sentit la pression augmenter, son esprit en proie à un tourbillon de pensées contradictoires. Elle savait exactement ce qu'il attendait, mais elle n'était pas du genre à céder facilement. Si Adrian pensait qu'elle allait simplement se laisser emporter par la tempête qu'il créait autour d'elle, il se trompait.
Elle se redressa, un sourire subtil étirant ses lèvres. « Je suis ici pour le travail, Adrian. Rien de plus. »
Mais il n'était pas dupe. Son sourire s'élargit, plus enclin à la provocation qu'à l'encouragement. « Ah, Elisa, toujours cette façade parfaite. Tu sais, parfois, je me demande si ce masque ne te pèse pas un peu. »
Il se pencha légèrement en avant, réduisant l'espace entre eux d'un pas déterminé. Elisa sentit une chaleur irrésistible se propager dans ses veines, mais elle prit une inspiration profonde, comme pour se ressaisir. Elle ne céderait pas. Pas maintenant. Pas ici.
« Tu as raison, peut-être que parfois il est lourd, » répondit-elle, la voix plus calme que ce qu'elle ressentait vraiment. « Mais il est nécessaire pour éviter de se perdre. »
Il l'observa, ses yeux scrutant chaque détail de son visage, comme s'il cherchait à percer les secrets qu'elle cachait. Un long silence s'installa entre eux, lourd de sous-entendus. Puis, Adrian posa une main sur la porte de la chambre et l'ouvrit lentement. « On verra bien combien de temps ce masque tiendra. »
Il entra dans la chambre sans attendre qu'elle le suive. Elisa se sentit comme piégée dans un tourbillon invisible, mais elle se força à avancer. Quand elle franchit le seuil, la pièce semblait étrangement vide, presque trop calme, comme si chaque meuble, chaque élément de décoration observait chacun de leurs gestes. Les rideaux lourds étaient tirés, créant une lumière tamisée qui ajoutait à l'atmosphère oppressante.
Adrian se dirigea vers le bureau, jetant un coup d'œil sur les documents qui y étaient étalés. « Je suppose que nous devrions discuter des détails de notre partenariat ici. » Il se tourna légèrement vers elle, un sourire en coin. « Mais peut-être que tu préfères autre chose. »
Elle s'approcha lentement du bureau, son regard perçant se posant sur lui avec défi. « C'est toi qui insistes sur le travail. Si tu veux discuter, alors faisons-le. Mais si ce n'est que pour jouer à tes petits jeux... je préfère partir. »
Il la regarda un instant, son sourire s'étirant davantage. « Ah, Elisa... toujours aussi fière. Mais ce n'est pas un jeu, crois-moi. »
Elle ne répondit rien, le défi dans ses yeux suffisant. Elle savait que le plus grand piège qu'Adrian pourrait lui tendre était de la forcer à se dévoiler, à montrer ses vulnérabilités. Mais elle ne voulait pas jouer selon ses règles. Elle se détourna de lui, observant la pièce avec une certaine froideur. Ses pensées se bousculaient : il fallait garder son calme, maintenir une distance. Surtout, ne pas lui donner ce qu'il voulait.
Il s'avança alors, brisant le silence. « Je t'ai observée, Elisa. Depuis le début. Tu n'es pas comme les autres. Tu as ce... feu en toi, ce quelque chose qui m'intrigue. »
Elle se tourna pour le regarder, son expression neutre. « C'est un défaut. Beaucoup trop de gens trouvent cela fascinant, mais cela ne change rien à la réalité. »
Il s'arrêta à quelques pas d'elle, leurs regards se croisant dans une tension palpable. « Peut-être. Mais j'aime bien les défis. Et toi, tu es un défi que je compte bien relever. »
Ses mots la percèrent comme une flèche, et Elisa dut se forcer à garder son calme. Tout en elle criait qu'il fallait fuir, s'échapper de cette situation avant que cela ne devienne plus qu'un jeu. Mais quelque part, au fond d'elle, une petite voix lui soufflait qu'il était trop tard pour reculer. Le piège était déjà tendu.
Sans un mot, il se détourna et se rendit vers la fenêtre. Il ouvrit légèrement les rideaux, laissant quelques rayons de lune filtrer dans la pièce. Un instant, ils se tenaient là, l'un à côté de l'autre, dans un silence lourd, presque irréel. Elisa le regarda en coin, une pointe d'incertitude émergeant. Pourquoi cette attirance pour cet homme ? Pourquoi ce besoin insensé de ne pas céder à sa volonté, tout en étant envoûtée par chaque geste qu'il faisait ?
Adrian se tourna soudainement, capturant son regard. « Ne fais pas semblant, Elisa. Je sais que tu ressens quelque chose. Et toi, tu sais bien que ce jeu... nous y avons tous les deux un rôle à jouer. » Il s'avança à nouveau, son regard plus intense que jamais. « La question est, combien de temps vas-tu réussir à faire semblant ? »
Le souffle court, Elisa se retrouva à la croisée des chemins. Elle pouvait soit accepter cette danse, soit continuer à lutter. Mais dans cette pièce, où l'air semblait se raréfier à chaque seconde, elle savait une chose : aucun d'eux ne sortirait indemne de ce jeu.
Le regard d'Adrian la fixait avec une intensité presque palpable, comme si chaque mot qu'il prononçait creusait davantage un fossé entre elle et la possibilité d'une sortie. Elisa sentit un frisson lui parcourir l'échine. Le jeu auquel il faisait allusion n'était pas simplement un échange de paroles ou de gestes innocents. Il s'agissait d'un duel, une bataille silencieuse mais implacable où l'un devaient s'incliner, où l'un des deux devrait céder. Et elle n'était pas prête à se soumettre.
Pourtant, malgré cette certitude, elle ne pouvait nier que quelque chose en elle vacillait, qu'un désir insidieux naissait de cette lutte. Un désir qui n'avait rien de rationnel, rien de logique, mais qui bouillonnait au fond de ses entrailles, comme une flamme qu'elle tentait désespérément d'éteindre.
« Tu penses que je vais céder, n'est-ce pas ? » répondit-elle d'une voix qui se voulait ferme, mais qui trahissait légèrement une incertitude qu'elle ne voulait pas admettre.
Adrian la contempla un moment, un éclat de malice brillant dans ses yeux. « Je pense que tu ne peux pas résister éternellement. » Il s'approcha encore d'un pas, tout en conservant une distance respectueuse, juste assez proche pour la faire se sentir vulnérable, mais pas assez pour qu'elle puisse le repousser physiquement. « Tous ont leurs faiblesses, Elisa. Même toi. »
Elle le défia du regard, refusant de se laisser intimider. « Et toi, Adrian ? Quelle est ta faiblesse ? »
Il se figea un instant, puis un sourire énigmatique se dessina sur ses lèvres. « Ma faiblesse ? » Il se moquait presque de la question. « Peut-être est-ce de vouloir tout contrôler. »
Elle serra les poings discrètement, ses ongles enfonçant légèrement la peau de sa paume. Elle n'était pas une âme naïve, elle le savait. Mais au fond, elle se demandait pourquoi ses mots l'ébranlaient. Pourquoi cette sensation de lui accorder un pouvoir qu'il ne méritait pas ?
« Alors tu crois que tu peux tout contrôler, n'est-ce pas ? » Elle détourna le regard, se forçant à ne pas céder à l'envie de le regarder une nouvelle fois. « Tout ce qui bouge autour de toi, tout ce qui respire dans ton périmètre. »
Un rire bas et presque amusé s'échappa de ses lèvres. « Non. Je n'ai jamais cru ça. Mais, j'aime bien m'assurer que ce que je veux est à portée de main. »
L'espace se tendait encore davantage, et Elisa savait que la ligne entre le désir et la peur devenait de plus en plus floue. Elle déglutit, s'efforçant de garder son calme. Un silence lourd s'abattit dans la pièce alors qu'elle chercha ses mots, le regard fixé sur le sol pour ne pas croiser celui d'Adrian. Ses pensées tourbillonnaient. Si elle le défiait davantage, si elle ne montrait aucune faille, peut-être qu'elle pourrait garder un semblant de contrôle. Mais si elle cédait une fraction de seconde, tout pourrait s'effondrer. L'air semblait de plus en plus lourd, saturé d'un trop grand nombre de non-dits, d'impulsions contradictoires.
« Il n'y a que les fous qui se laissent guider par leurs désirs, » dit-elle d'une voix basse, presque pour elle-même, espérant que ses mots sonneraient comme une vérité universelle.
Adrian s'approcha encore, et Elisa sentit son cœur s'emballer légèrement. « Mais que faire quand ces désirs te consument, Elisa ? Quand ils deviennent plus forts que ta volonté ? » Il posa une main légère sur le dossier de la chaise où elle s'était assise quelques instants plus tôt, et son souffle effleura l'air entre eux. Il était proche, si proche qu'elle pouvait presque sentir la chaleur de sa peau contre la sienne, une chaleur qui l'attirait malgré elle.
Ses pensées étaient embrouillées, et elle dut se mordre intérieurement pour garder son calme. Ce qu'il proposait, ce n'était pas simplement un défi, ni un jeu. C'était un test. Un test qu'elle ne savait pas si elle était prête à affronter. Mais il y avait cette part d'elle, peut-être la plus secrète et la plus profonde, qui avait envie de jouer à ce jeu. Pas pour céder, non. Mais pour le dominer à son tour.
« Je n'ai pas besoin de ce genre de distraction. » Elle se redressa, tentant de reprendre une posture plus assurée, mais sa voix trahissait une légère hésitation. « Et je suis ici pour le travail, pas pour... tes jeux. »
Adrian se mit à rire, un rire qui résonna dans la pièce comme un écho, une onde de choc. « Elisa... Tu me rappelles quelqu'un que j'ai connu autrefois. Quelqu'un de très déterminé, avec un masque presque aussi parfait que le tien. » Ses yeux brillaient d'une lueur curieuse, fascinée. « Mais je me demande combien de temps tu pourras garder ce masque. »
Elle ne répondit pas, mais l'ombre d'un sourire incertain effleura ses lèvres. Elle savait qu'il avait raison, d'une certaine manière. Ce masque qu'elle portait, cette façade de froideur et de contrôle, ne tiendrait pas éternellement. Mais avant qu'elle ne laisse tomber ce masque, elle devait comprendre quelque chose de fondamental : ce jeu, aussi dangereux soit-il, n'était pas qu'une simple question de désir. C'était une question de pouvoir. Et elle comptait bien ne pas se laisser déposséder de son propre pouvoir.
Elle se leva soudainement, se dirigeant vers la fenêtre, brisant ainsi l'intensité de l'instant. La brise nocturne effleura son visage, lui apportant un peu de réconfort. Dans cette pièce, avec cet homme, il y avait quelque chose de bien plus grand en jeu. Elle savait qu'elle ne pouvait pas sortir de ce voyage indemne. Mais la véritable question était : qu'allait-elle sacrifier pour en sortir victorieuse ?