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Le silence qui s'installa entre eux semblait plus lourd que l'air lui-même. Elisa était consciente de chaque mouvement, de chaque battement de cœur, comme si tout son être était suspendu à cette tension palpable. Elle avait beau chercher une échappatoire, une solution, une réponse qui pourrait briser ce moment d'incertitude, il n'y avait rien d'autre que lui, là, juste en face d'elle, avec ce regard qui semblait capable de pénétrer les moindres recoins de son âme.
Adrian ne bougeait pas, ne disait rien. Il se contentait de la regarder, comme s'il attendait une réaction, une réponse qu'il savait impossible à formuler. Elisa savait qu'il n'était pas un homme qui se contentait de la surface des choses. Il voulait plus, beaucoup plus. Il avait cette capacité à déstabiliser, à faire douter, à pousser chacun à dépasser ses propres limites. Et là, maintenant, il ne lui laissait aucune échappatoire.
"Tu as raison," dit-il enfin, sa voix basse et teintée d'un amusement à peine dissimulé. "Tu es ici pour le travail. Mais, Elisa..." Il s'avança encore, les yeux fixés sur elle, son souffle léger effleurant son visage. "Ne prétends pas que ce n'est pas plus compliqué que ça."
Elle se mordit la lèvre, cherchant à garder son calme. Son esprit tournait à toute vitesse, mais rien ne semblait suffire à remettre les choses à leur place. Elle aurait dû refuser, lui dire que ce jeu n'était pas pour elle, que les frontières professionnelles étaient sacrées. Mais sa voix restait coincée dans sa gorge, chaque mot effacé par la force de ce regard hypnotique.
Il était trop proche maintenant. Trop proche pour qu'elle puisse encore prétendre qu'il n'y avait rien de plus entre eux. Ses lèvres étaient à quelques centimètres des siennes, et pourtant, il ne les toucha pas. Il se contenta de l'observer, un sourire en coin, comme s'il savait exactement ce qui se passait dans sa tête. Et Elisa, bien que déstabilisée, ne pouvait s'empêcher de ressentir un certain frisson d'excitation face à cette domination subtile, presque imperceptible, qu'il exerçait sur elle.
Elle ferma les yeux un instant, comme pour rassembler ses pensées. Mais la vérité la frappait alors avec une force qu'elle ne pouvait ignorer. Ce qu'il lui proposait, ce n'était pas simplement un jeu de pouvoir, c'était un défi. Un défi qu'elle n'était pas sûre de vouloir relever, mais qu'elle ne pouvait s'empêcher d'affronter. Et au fond d'elle, un petit murmure, presque inaudible, lui disait que, peut-être, elle était prête à franchir cette ligne.
"Pourquoi tu fais ça, Adrian?" La question échappa de ses lèvres avant qu'elle ne puisse la retenir. "Pourquoi tu... veux ça ?"
Il se recula légèrement, comme s'il avait anticipé sa réaction. Il la fixa intensément avant de répondre, sa voix toujours aussi calme, mais avec un sous-entendu que seul elle pouvait percevoir. "Parce que, Elisa," commença-t-il lentement, "tu n'es pas comme les autres. Tu es... différente. Et c'est ce qui rend ce jeu si excitant."
Elle le regarda, perplexe, cherchant à comprendre. Mais ses mots n'avaient pas besoin d'être analysés. Elle savait qu'il cherchait à l'attirer dans une dynamique où il serait l'initiateur et elle, l'apprentie. C'était une danse qui ne pouvait se jouer que si elle acceptait de le suivre, si elle consentait à entrer dans cet univers complexe de pouvoir, de désir et de manipulation.
Elle se redressa soudainement, brisant cette proximité étouffante. Son regard se fit plus déterminé, une lueur de défi dans les yeux. "Je ne suis pas un jouet, Adrian."
Il la regarda, ses yeux sombres brillant d'une lueur nouvelle. Il n'avait pas l'air déstabilisé, bien au contraire. "Tu crois vraiment que tu as le choix, Elisa ?" dit-il d'un ton presque chuchoté, mais lourd de sens.
Les mots étaient simples, mais la question résonna dans l'esprit d'Elisa comme une cloche assourdissante. Avait-elle réellement le choix ? Ses jambes la portèrent sans qu'elle ne s'en rende compte, et elle se retrouva à faire les cent pas dans la chambre, chaque pas semblant l'éloigner un peu plus de la réalité qu'elle connaissait.
Le temps semblait s'étirer, se déformer autour d'elle, alors que la prise d'Adrian se resserrait, doucement mais sûrement. Elle s'arrêta finalement près du bureau, se forçant à reprendre son souffle. "Je suis ici pour accomplir une mission, Adrian. Pas pour jouer à un jeu de séduction."
Il s'approcha alors d'elle, aussi silencieux qu'un prédateur, et se pencha légèrement pour murmurer à son oreille : "Ce n'est pas un jeu de séduction, Elisa. C'est un jeu de pouvoir. Et tu verras... tu n'as aucune idée à quel point tu as déjà perdu."
Ses mots résonnèrent comme une sentence. Elle pouvait presque sentir la chaleur de sa présence derrière elle, et malgré ses protestations internes, un frisson parcourut son échine. C'était comme s'il avait déjà gagné, qu'il savait exactement comment la faire plier sans jamais avoir à la toucher.
Dans l'ombre de cette chambre imposante, Elisa se retrouva prise au piège d'un jeu dont les règles échappaient encore à sa compréhension. Et, plus elle résistait, plus la tentation devenait grande. La question, désormais, n'était plus de savoir si elle réussirait à garder ses distances, mais plutôt combien de temps elle réussirait à ignorer cette force irrésistible qui l'attirait vers lui.
Elle se détourna brusquement, ses mains s'appuyant contre le bureau pour se donner un peu de contenance. Son cœur battait la chamade, la tempête intérieure menaçant de tout emporter sur son passage. Elle avait l'impression d'être sur le point de craquer, mais elle refusait de lui accorder cette victoire. Pas maintenant. Pas comme ça.
Adrian ne bougea pas. Il se tenait là, immobile, observant chaque geste qu'elle faisait, chaque respiration qu'elle prenait, comme s'il voulait la lire à travers la moindre de ses réactions. Il savait, il sentait, qu'il avait mis le doigt sur quelque chose de fragile, quelque chose qu'elle elle-même n'avait pas encore compris.
"Tu crois vraiment que tu peux me défier, Elisa ?" dit-il d'une voix basse, presque un murmure. Il y avait une nuance de défi dans son ton, mais aussi une note d'excitation. Il savait qu'elle n'était pas indifférente, il savait qu'il avait allumé une étincelle, et il attendait qu'elle réagisse.
Elle se redressa, ses yeux s'accrochant aux siens, cherchant à percer cette façade de contrôle qu'il arborait avec une aisance déconcertante. Mais il n'y avait rien à y faire. À cet instant précis, il avait ce pouvoir, cette emprise. Elle ne pouvait pas le nier.
"Je ne suis pas une de tes conquêtes, Adrian," répliqua-t-elle, la voix plus ferme qu'elle ne se l'était imaginée. "Tu ne peux pas me faire céder avec tes manipulations."
Il s'avança alors d'un pas, et la distance entre eux se réduisit de manière presque imperceptible. "Tu sous-estimes ce qui se passe entre nous, Elisa," répondit-il en la surplombant, son ton un peu plus incisif. "Tu penses que tu peux garder le contrôle, mais regarde-toi. Regarde ton corps, ton souffle, la manière dont tu luttres contre l'attraction. Je suis le seul maître du jeu ici, et tu n'as pas encore compris que tu fais partie de ce jeu."
Ses mots eurent l'effet d'un coup de poing, frappant ses certitudes en plein cœur. Elisa ferma les yeux un instant, essayant de se reprendre. Pourquoi était-elle aussi vulnérable à ses provocations ? Pourquoi, alors qu'elle se savait plus forte que tout cela, sentait-elle le doute s'immiscer en elle, comme une brume persistante ? Elle avait beau se dire qu'elle ne se laisserait pas entraîner, quelque part, une petite voix lui murmurait que ce défi était plus grand qu'elle.
Elle se tourna vers lui, ses mains tremblantes d'une colère contenue. "Tu n'as pas le droit de jouer avec moi. Pas de cette manière. Je suis là pour mon travail, et rien d'autre."
Mais son visage, son regard, son sourire subtil qui ne la quittait pas... tout cela l'obligeait à se poser la question : était-elle en train de perdre cette bataille intérieure ? Était-ce son propre désir qu'elle combattait ? Car quelque chose en elle la poussait à ne pas fuir, à ne pas tout effacer d'un revers de main. Adrian était plus qu'un simple homme séduisant. Il représentait un challenge, une énigme à résoudre, et peut-être même un danger qu'elle n'avait pas encore mesuré.
"Je n'ai pas besoin de ton consentement, Elisa," dit-il d'une voix plus froide, plus calculée. "Je sais ce que tu veux, et je vais te le montrer. Ce n'est pas toi qui décides ici."
Le silence qui s'ensuivit était lourd, presque suffocant. Il n'y avait plus de place pour l'illusion. Elle savait ce qu'il attendait d'elle, ce qu'il souhaitait la pousser à faire. Mais à chaque mouvement qu'il faisait, il se rapprochait un peu plus du moment où elle devrait choisir. Choisir de se plier, choisir de lutter, ou peut-être choisir de tout abandonner. Mais la question la plus pressante, celle qu'elle refusait de poser à voix haute, restait suspendue dans l'air. Pourquoi le voulait-il ? Pourquoi lui ?
"Pourquoi me repousses-tu autant ?" demanda-t-il soudainement, brisant le silence d'une voix qui la fit frissonner. "Tu as peur de toi-même, Elisa ? Peur de ce que tu ressens ? Ou as-tu peur de moi ?"
Ses mots étaient comme des poignards, et elle eut l'impression de les sentir s'enfoncer sous sa peau. L'image d'Adrian n'était plus celle d'un simple patron charmeur et manipulateur. Il était devenu une énigme mouvante, un homme dont les intentions, pourtant claires comme le jour pour certains, étaient floues et imprécises pour elle. Elle savait qu'elle ne pouvait pas ignorer cette question. Pas plus qu'elle ne pouvait ignorer ce qu'il faisait naître en elle.
Elle fit un pas en arrière, mais ses jambes semblaient trembler, comme si la force de sa volonté se dissipait à chaque souffle qu'il prenait. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'Adrian n'était pas un homme qu'elle pouvait combattre de manière simple. Ce n'était pas un simple jeu de séduction. C'était un jeu de pouvoir, de domination, mais aussi de vulnérabilité. Et dans ce jeu, elle n'était pas certaine de pouvoir gagner.