/0/23293/coverbig.jpg?v=45534e54ad36109b6f207435dbe4052f)
Hazel se tenait dans le grand hall, les bruits de la meute s'éloignant alors que Viktor passait près d'elle sans un regard, son silence presque assourdissant. Il ne l'avait pas adressée, ni réprimandée, même après l'humiliation publique du duel. Un froid étrange flottait dans l'air, comme une brume persistante, mais Hazel ne parvenait pas à comprendre ce qui en émanait. Viktor n'avait pas tenté de la marquer, de lui imposer une quelconque forme de soumission plus directe.
Il était, certes, un Alpha brutal, un être implacable, mais dans ses actions récentes, il avait laissé un vide que Hazel ne parvenait pas à combler.
Au début, elle s'était attendue à ce qu'il lui impose des gestes forcés, des caresses sans amour, des ordres déguisés en tendresse. Mais il n'en était rien. Chaque interaction avec lui semblait dénuée de la moindre affection cachée, comme s'il se contentait de la regarder et de lui imposer des règles sans jamais chercher à obtenir quoi que ce soit d'autre. Le même regard froid, un homme au commandement absolu, mais pas un geste, pas une parole marquée d'un quelconque désir. Il la tenait en respect, mais il ne cherchait pas à la briser par des gestes tendres qu'il aurait pu voir chez d'autres Alphas.
Hazel se mordit la lèvre en réfléchissant à cette différence. Les autres membres de la meute, ceux qui l'observaient depuis son arrivée, attendaient sans doute qu'il fasse un geste, qu'il impose sa domination d'une manière plus évidente. Mais ce qu'ils ignoraient, c'était qu'il ne le ferait pas. Viktor n'était pas comme eux. Il ne se donnait pas cette satisfaction. Il la laissait se débattre, l'observait se soumettre à sa propre volonté, non par une pression constante, mais par une indifférence qui semblait bien plus déstabilisante. Et cela, Hazel le savait, était plus dangereux encore. L'indifférence de Viktor la plaçait dans une position étrange : elle n'était pas une compagne pour lui, pas encore, pas de la manière dont il l'imaginait. Mais il n'était pas pressé de la faire s'engager dans une soumission totale. C'était comme si, d'une certaine manière, il la gardait pour lui-même, dans une attente calculée.
Cela n'était pas ce qu'elle avait imaginé. Dans sa rébellion contre lui, elle pensait qu'il aurait brisé cette résistance par des moyens plus directs, plus personnels, mais non. Il restait froidement distant, l'observant, comme une bête qui attend sa proie sans précipitation, sans empressement. Cela lui donnait un certain pouvoir. Elle ne savait jamais à quoi s'attendre de lui, et cela créait une pression constante, une vigilance dont elle ne pouvait se défaire. Elle se disait que c'était plus dangereux, bien plus dangereux que ce qu'elle aurait pu imaginer.
Mais un jour, alors qu'elle se retrouvait dans le jardin en compagnie de quelques autres membres de la meute, elle aperçut Viktor au loin, assis près du feu. Il n'était pas en train de la surveiller, pas du tout. Ses yeux semblaient perdus dans la lueur des flammes, et Hazel se sentit inexplicablement attirée par cette vision de calme apparent. Il n'y avait rien d'habituel dans son comportement : il n'agissait pas comme un Alpha typique, dominant et autoritaire. C'était comme si le poids du monde était suspendu au-dessus de lui, mais qu'il choisissait d'ignorer les attentes qui pesaient sur sa position.
Elle s'approcha lentement, ne sachant pas pourquoi elle se dirigeait dans sa direction, mais elle ressentait une étrange force la pousser vers lui. Au fur et à mesure qu'elle avançait, elle remarqua qu'il ne l'avait pas vue, ou du moins qu'il faisait semblant de ne pas la voir. Viktor était un homme de stratégie, et il choisissait toujours quand il souhaitait être vu, quand il voulait que ses actions aient un impact. Mais là, il était indifférent. C'était presque comme une invitation silencieuse à l'approcher sans craindre une réprimande.
Arrivée à ses côtés, elle s'arrêta, hésitante. Viktor tourna lentement la tête, et leurs regards se croisèrent. Ses yeux étaient d'un bleu perçant, mais dans cette lumière, ils semblaient plus insondables que jamais. Il ne parla pas immédiatement, se contentant de la scruter, comme s'il essayait de lire au plus profond d'elle-même. Puis, après un moment de silence, il se leva lentement et s'éloigna sans un mot.
C'était étrange. Il n'avait ni commandé ni demandé d'explication, il ne l'avait même pas ignorée. Il avait simplement agi comme si rien n'était. Pas un mot de plus, pas un geste. Hazel se sentit déroutée. Elle s'attendait à une interaction violente, à un ordre, quelque chose pour rappeler à l'ordre, mais non. Ce silence, cette distance calculée, cela la perturbait plus qu'elle ne l'aurait imaginé.
Le lendemain, alors qu'elle se promenait dans la forêt entourant la résidence de la meute, elle aperçut Viktor à nouveau, cette fois-ci dans un moment de solitude au bord d'une rivière. Il semblait pensif, seul dans ses pensées. Hazel s'approcha lentement, consciente de chaque mouvement, comme si elle pouvait observer sans être vue. Il ne la remarqua pas tout de suite, mais quand il tourna la tête, leurs yeux se croisèrent à nouveau. Cette fois, il sourit légèrement, un sourire presque imperceptible, comme s'il savait exactement ce qu'elle ressentait.
- Ce n'est pas ce que tu pensais, Hazel. Rien de tout cela ne doit se passer dans les conditions que tu imagines, dit-il d'une voix basse, mais claire.
Elle ne répondit pas immédiatement, surprise par sa déclaration. Il ne la dominait pas par des gestes forcés, comme les autres Alphas l'auraient fait. Il n'avait pas besoin de cela. Il avait choisi de la garder dans cette incertitude, et il s'en délectait. Il la poussait à chercher des réponses là où il n'y en avait pas, à remettre en question ses certitudes.
- Je sais que tu ne t'attendais pas à ça. Mais parfois, la patience est plus forte que la force brute, dit-il simplement, avant de se détourner, reprenant sa marche solitaire le long de la rivière.
Hazel se tenait là, presque figée, le regardant s'éloigner. Cette absence de geste affectueux, cette absence de tentative de l'attacher par des moyens conventionnels, l'avait laissée dans une confusion totale. Viktor était un Alpha. Mais il n'était pas comme les autres. Elle commençait à comprendre que, pour lui, la domination ne résidait pas dans l'affection forcée, mais dans cette maîtrise silencieuse et glaciale de l'esprit. Elle ne pouvait pas prédire ses mouvements, pas de manière précise, et c'était peut-être cela qui la perturbait le plus.
Hazel errait dans les bois, son esprit perturbé par les événements récents. La tension qui régnait au sein de la meute était palpable, mais elle ne savait pas encore à quel point. Elle s'était habituée à la froideur de Viktor, mais il restait toujours un mystère, un Alpha qui semblait se tenir à une distance presque infranchissable. Cependant, la vérité sur son passé, bien que partiellement murée dans l'ombre, commençait à se frayer un chemin dans son esprit.
C'est alors qu'elle croisa un ancien membre de la meute, un loup dont le nom avait depuis longtemps été effacé des archives de la meute. Il s'appelait Lorne, et il portait les marques d'un passé tumultueux, un homme qui avait quitté la meute dans des circonstances mystérieuses. Ses yeux, remplis de mélancolie, se posèrent sur Hazel dès qu'il la reconnut. Sans crier gare, il s'approcha d'elle avec la démarche lente et mesurée de ceux qui connaissent la douleur.
« Viktor n'a jamais été le même depuis... », commença Lorne, sa voix traînante, presque un murmure. Il jeta un regard furtif autour de lui, s'assurant qu'ils étaient seuls avant de poursuivre. « Il a perdu quelqu'un qu'il aimait profondément, quelqu'un qu'il ne pourra jamais remplacer. C'est cela qui l'a changé, tu sais. Avant, il était différent. Il était plus... humain, peut-être. »
Les mots frappèrent Hazel comme un coup de poignard inattendu. Viktor, l'Alpha froid et distant, avait un passé marqué par une perte profonde. Une douleur qu'il n'avait jamais laissée transparaître. Lorne poursuivit, détaillant, sans pour autant tout révéler, la manière dont cette perte avait façonné Viktor en l'homme qu'il était devenu aujourd'hui. « Il ne parle jamais d'elle, mais je sais. Nous savons tous qu'il la porte avec lui dans chaque souffle. Et toi, Hazel, tu es désormais une part de ce fardeau, même si tu ne le réalises pas encore. »
Les révélations de Lorne laissèrent Hazel désemparée, mais avant qu'elle n'ait pu digérer pleinement ses paroles, un bruit soudain dans les buissons attira son attention. Un piège. Elle n'eut que le temps de se rendre compte qu'elle était encerclée par des silhouettes furtives. Des membres de la meute, certes, mais des traîtres prêts à la trahir.
Elle tenta de se défendre, mais la situation tournait rapidement en sa défaveur. Les traîtres étaient plus nombreux et plus rusés qu'elle ne l'avait imaginé. Ils avaient préparé un piège habilement conçu pour l'isoler et l'éliminer. Hazel se battit avec ferveur, mais l'agression était trop rapide. Les crocs des traîtres se rapprochaient de sa peau, la menacent. C'était à cet instant que Viktor intervint.
Son apparition fut presque surnaturelle. Il fendit l'air avec une rapidité qui déstabilisa les attaquants. Viktor, dans toute sa puissance brute, se lança dans la mêlée sans une hésitation. Ses poings frappèrent avec une force inouïe, et les traîtres tombèrent les uns après les autres. Sa silhouette imposante, presque animale, brillait d'une rage contrôlée, une rage qui semblait décupler sa force. En un instant, la situation changea. Viktor balaya les assaillants comme un vent de tempête. Hazel, toujours sous le choc de l'attaque, se retrouva soudainement hors de portée du danger.
Lorsqu'il se tourna vers elle, essoufflé mais toujours aussi implacable, elle le fixa, ébahie. Il l'avait sauvée, mais il n'émit aucun mot de réconfort, aucun regard compatissant. C'était Viktor dans sa forme la plus pure : un Alpha capable de protéger son territoire, sans jamais se laisser submerger par des émotions superficielles. Mais, à travers son regard, Hazel perçut une étrange intensité, un lien tacite renforcé par ce sauvetage inattendu.
Il s'approcha lentement, ses yeux fixés sur elle comme s'il cherchait à en savoir davantage. « C'est ça, la meute », dit-il d'un ton sec, avant de la contourner sans un regard de plus. « Tu ne t'y attends jamais, et pourtant, il te faut toujours être prête. »
Hazel, bien que sauve, se sentait plus perturbée que jamais. Elle n'avait pas seulement été victime d'un complot, elle avait découvert un peu plus sur l'âme tourmentée de Viktor. Son passé et son présent s'entremêlaient, et elle se retrouvait, bien malgré elle, plus enchevêtrée dans cette toile qu'elle ne l'avait imaginé. Elle savait que, pour lui, il ne s'agissait pas d'une simple question de protection. Il y avait un profond changement, une transformation en elle qu'elle n'avait pas encore complètement appréhendée. Et Viktor, tout comme elle, savait que ce lien forcé, ce pacte imposé, les mènerait là où ni l'un ni l'autre n'avaient prévu d'aller.