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Hazel s'échappa dès qu'elle en eut l'occasion, fuyant la demeure imposante où Viktor avait l'intention de la garder sous son contrôle. Il n'était pas un Alpha pour elle. Il n'avait jamais été qu'un inconnu dont la brutalité la révoltait. Elle préférait l'obscurité et l'indépendance. Les rires des autres membres de la meute, insensibles aux souffrances qu'elle endurait, se perdirent à mesure qu'elle s'éloignait. Aucun d'eux ne la comprenait, et aucun d'eux ne pourrait.
Ses pas la menèrent rapidement aux limites du domaine, à une vieille bâtisse que la plupart des membres ignoraient. Elle avait entendu des rumeurs à son sujet : c'était la demeure de Yara, une louve plus âgée, respectée, mais qui vivait à l'écart. Hazel n'y avait jamais mis les pieds, mais la solitude de l'endroit l'appelait. Elle y trouverait une sorte de réconfort, un peu de liberté, loin de la lourde présence de Viktor et de la meute qui semblait l'avoir jugée à tort.
Elle se présenta devant la porte, hésitante, mais le besoin d'échapper à sa réalité la poussa à frapper. À sa grande surprise, Yara répondit presque immédiatement, ses yeux perçant la nuit comme si elle savait exactement qui frappait à sa porte.
- Entre, Hazel. Je te sentais venir, murmura-t-elle d'une voix profonde.
Hazel la suivit sans un mot. Yara la laissa s'installer dans la pièce, sans chercher à la forcer à parler. Elle s'assit en silence, observant les gestes mesurés de la louve plus âgée, qui semblait toujours si calme, si posée.
- Je suppose que tu veux savoir pourquoi je vis ici. Pourquoi je me suis éloignée de la meute, dit Yara en s'asseyant en face d'elle. Hazel hocha la tête.
Yara la regarda un moment, une lueur d'amusement dans ses yeux.
- Tu cherches un refuge. Un endroit où tu peux être toi-même, sans avoir à plier sous l'autorité de Viktor. Mais crois-moi, ma petite, il ne faut pas t'enfuir. C'est là où tu risques de te perdre.
Hazel la regarda, étonnée.
- Mais comment pourrais-je accepter un tel fardeau ? Un Alpha qui me force à devenir une chose qu'il possède, une chose qu'il contrôle.
Yara sourit, une lueur de sagesse dans son regard.
- Ce n'est pas une question de contrôle. C'est une question de survie. Tu crois peut-être que tu peux t'échapper, que la liberté te reviendra si tu fuis, mais laisse-moi te dire une chose : dans ce monde, il y a bien plus que des chaînes visibles. Elles sont invisibles, plus cruelles que tout. Tu n'es pas encore prête à comprendre, mais un jour, tu le feras.
Hazel secoua la tête, refusant d'accepter cette vérité. Elle savait que la soumission ne serait jamais pour elle. Mais Yara avait une manière étrange de faire naître des doutes dans son esprit. Chaque mot qu'elle prononçait semblait renfermer une expérience qu'elle n'avait pas encore vécue. Une expérience douloureuse, mais nécessaire.
Les jours qui suivirent, Hazel se réfugia de plus en plus souvent chez Yara. La vieille louve devenait son abri, son refuge. Elle lui parlait rarement, mais sa simple présence semblait apaiser la douleur de ses pensées agitées. Elle avait pris l'habitude de s'asseoir en silence près de Yara, écoutant le bruit apaisant des bois autour de la maison. À travers ces moments partagés, elle se rendait compte que Yara, malgré son apparente tranquillité, portait une blessure aussi ancienne que la sienne.
Mais un matin, alors que Hazel s'apprêtait à quitter la maison, Yara la retint.
- Tu es prête, dit-elle avec un air grave.
Hazel tourna la tête vers elle, confus.
- Prête pour quoi ?
Yara la fixa droit dans les yeux, une lueur d'intensité brûlant dans son regard.
- Prête à comprendre que tu ne peux pas fuir Viktor éternellement. Prête à accepter que ta place est à ses côtés. C'est là que se trouve ton véritable pouvoir. Ce n'est pas dans ta fuite, mais dans ton acceptation. Tu n'es pas plus forte que lui, et le refus de ton destin ne te fera que souffrir davantage.
Hazel se leva d'un coup, le cœur battant dans sa poitrine. Elle ne supportait plus cette idée, cette voix qui la pressait de plier, d'accepter. Elle se détourna de Yara sans dire un mot, fuyant les paroles de la louve plus âgée. Elle n'était pas prête à accepter cette vérité, pas encore.
Mais le doute, semé dans son esprit, allait persister. Le monde dans lequel elle vivait n'était pas fait de simples décisions. C'était une danse délicate, entre pouvoir et soumission, entre acceptation et rébellion. Hazel en serait la première à en faire l'expérience.
Viktor, d'un pas mesuré, s'approcha de Hazel alors qu'elle se tenait sur la terrasse, la tête haute, défiant silencieusement tout ce qui l'entourait. Les bruits de la meute se calmaient autour d'eux, comme si le moment avait été soigneusement orchestré. Le vent soufflait à peine, mais Hazel sentait la tension qui s'installait dans l'air. Elle n'avait pas besoin de regarder pour savoir que Viktor se tenait derrière elle. Elle l'avait ressenti, sa présence imposante, plus qu'un simple Alpha. Il était celui qui commandait l'espace, qui dominait tout. Mais pas elle.
- Alors, tu te crois plus forte que tout ce que ce monde peut t'imposer, Hazel ? demanda Viktor, sa voix grave, tranchante.
Hazel tourna lentement la tête, ses yeux clairs ne cillant pas face à la menace qui émanait de lui. Il avait vu en elle une résistance qu'il ne pouvait accepter. Mais elle savait ce qu'il voulait. Il ne serait pas satisfait tant qu'elle ne se soumettrait pas. Pourtant, elle ne pouvait céder, pas maintenant.
- Je ne me soumets à personne, répondit-elle d'une voix ferme.
Un léger sourire glissa sur les lèvres de Viktor, mais il n'avait pas l'air amusé. Il était dans un autre état d'esprit, celui où la domination se mesurait non par des mots, mais par des actions.
- Alors prouve-le. Si tu tiens réellement à ce principe, montre-le. Combat-moi. Si tu gagnes, tu seras libre. Si tu perds, tu m'obéiras. Mais sache que dans ce duel, il n'y a aucune place pour l'hésitation.
Le silence tomba sur la scène, lourd et oppressant. Hazel fixa Viktor, ses poings serrés, son esprit embrasé par une rage qu'elle n'avait jamais ressentie à ce point. Elle savait que c'était un piège, mais le défi lancé à son honneur la forçait à accepter. Elle ne pouvait reculer, pas devant lui, pas devant sa propre rébellion.
La meute s'agglutina autour d'eux, formant un cercle. Les murmures se dissipèrent alors que les regards se tournaient vers le combat à venir. Hazel se posta en position, ses muscles tendus, sa concentration accrue. Chaque mouvement, chaque respiration, chaque instant comptait.
Viktor, lui, ne semblait pas pressé. Son regard fixait Hazel avec une froideur absolue, comme s'il était déjà assuré de la victoire. Il se tenait à peine sur ses jambes, son corps dans une posture détendue, mais ses yeux ne laquaient aucune pitié. C'était un Alpha, après tout, un prédateur né.
Hazel se lança la première, toute sa haine, toute sa volonté concentrées dans cette attaque. Elle se dirigea vers lui, rapide et précise, cherchant à surprendre. Mais Viktor l'avait déjà anticipée. D'un geste fluide, il saisit son poignet d'un seul mouvement et la repoussa violemment contre le sol. Hazel, surprenant même elle-même, roula sur le sol, se relevant immédiatement, mais le coup avait été porté avec une telle force qu'elle peinait à retrouver son équilibre.
Viktor la fixa, son regard désormais plus perçant, comme s'il savourait chaque instant de cette confrontation. Il savait qu'il était plus fort, mais il attendait, la laissant se relever une fois de plus. Il ne la laisserait pas se perdre dans une défaite trop rapide. Il voulait qu'elle le ressente, qu'elle le vive.
Hazel, pourtant, ne se laissait pas abattre. Ses yeux brillaient d'une intensité féroce alors qu'elle se remettait en position. Elle n'abandonnerait pas, quoi qu'il en coûte. Elle bondit à nouveau vers lui, plus rapide cette fois, mais Viktor l'évita d'un simple pas en arrière. Elle tenta une autre feinte, mais il la saisit à la gorge, l'étreignant avec une force inhumaine.
Elle lut dans ses yeux un éclat de dédain, comme si chaque mouvement de sa part n'était qu'un divertissement pour lui. Un jeu. Mais pour Hazel, ce n'était pas un jeu. C'était une lutte pour sa liberté, pour sa dignité. Ses griffes se resserrèrent autour de ses poignets dans une tentative désespérée de l'échapper, mais Viktor n'était pas de ceux qui perdent un combat. Il la repoussa avec une telle force que Hazel s'écrasa au sol une nouvelle fois, la douleur la traversant comme un éclair.
La meute regardait, silencieuse, ne comprenant pas pleinement ce qui se jouait. Viktor se tenait maintenant au-dessus d'elle, l'air supérieur, impitoyable. Hazel, à genoux, respirait lourdement, mais une lueur de défi brillait toujours dans ses yeux.
- Tu vois, Hazel, dit-il d'une voix calme, presque douce, c'est la différence entre nous. Tu n'es pas prête pour ça. Tu n'es pas prête à être mienne.
Il tendit la main vers elle, une offre qui n'avait rien de bienveillant. Il attendait, pas pour l'aider, mais pour l'assujettir.
Mais Hazel, brisée et rugissante de colère, recula instinctivement, se haussant de tout son corps. La défaite l'envahissait, mais elle se refusait à céder, à se soumettre sans lutter. Cependant, Viktor la regarda, comme s'il savait déjà qu'il avait gagné.
- Tu obéiras, Hazel. Pas maintenant, mais bientôt. Il n'y a pas d'échappatoire.
Les membres de la meute étaient muets, certains dévisageant la scène avec une forme de respect mêlée d'inquiétude. Hazel s'effondra au sol, les bras tendus, haletante, mais dans son cœur, la rébellion ne s'éteignait pas. Elle savait qu'elle ne se soumettrait jamais, même si elle avait perdu ce duel. La guerre n'était pas encore terminée.