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Le claquement sec de la porte résonna dans la pièce. Hazel, les bras croisés, fixait Viktor avec une rage sourde. Il venait d'énoncer ses règles, énoncées d'un ton glacial, comme des lois immuables auxquelles elle était censée obéir sans discussion.
- Tu ne quittes pas le territoire sans mon autorisation.
- Je vais où je veux.
La réponse était tombée immédiatement, sans la moindre hésitation. Le regard de Viktor s'assombrit, mais il ne réagit pas. Il continua.
- Tu ne parles à aucun mâle sans ma permission.
- Tu rêves.
Elle le vit serrer la mâchoire. Son calme implacable l'exaspérait autant qu'il la mettait au défi. Il ne cillait pas, comme s'il s'attendait à ce qu'elle finisse par plier sous son autorité.
- Tu dormiras dans mes appartements.
- Plutôt mourir.
Un silence tendu s'installa. Hazel sentait son cœur battre à tout rompre. Elle ne laisserait pas cet homme décider de son existence, même si tout dans cette union lui avait été imposé. Elle n'était pas un objet que l'on pouvait façonner à sa guise.
Viktor s'approcha lentement, chaque pas pesé, calculé. Il s'arrêta juste devant elle, si près qu'elle pouvait sentir sa chaleur écrasante.
- Ce n'est pas une négociation, Hazel. Tu es mienne.
Un grondement sourd monta dans sa gorge. Elle recula d'un pas, refusant d'être prise au piège par cette proximité oppressante.
- Je ne serai jamais tienne.
Viktor l'observa en silence, puis, lentement, un sourire apparut sur son visage. Pas un sourire tendre, ni amusé. Un sourire dangereux, empli d'une certitude implacable.
- Nous verrons.
Puis il tourna les talons et sortit, la laissant seule avec sa fureur brûlante.
Les jours suivants, Hazel mit un point d'honneur à défier chacune de ses règles. Elle quitta la maison dès l'aube, sans prévenir personne. Elle parla aux guerriers de la meute sans se soucier des regards. Elle refusa de rejoindre la table du dîner où Viktor régnait en maître. Chaque refus était une déclaration de guerre.
Mais Viktor ne réagissait pas. Il la regardait, impassible, chaque fois qu'elle brisait ses ordres. Ce silence la rendait folle. Elle s'attendait à des cris, à des menaces, mais il n'en faisait rien. Il attendait.
Jusqu'au jour où il décida de frapper.
Ce matin-là, Hazel se réveilla avec une sensation étrange. Quelque chose clochait. Elle se redressa d'un bond et comprit immédiatement : la porte de sa chambre était verrouillée de l'extérieur.
Elle bondit hors du lit, tira violemment sur la poignée. Rien.
Une vague de colère monta en elle. Il osait l'enfermer ? Il pensait réellement qu'elle se soumettrait à une cage ?
Elle frappa contre la porte.
- Ouvre-moi, espèce de tyran !
Aucune réponse. Son sang bouillonnait. Elle jeta un regard circulaire à la pièce, cherchant une échappatoire. La fenêtre.
Sans hésiter, elle s'élança, ouvrit les battants et évalua la hauteur. Ce n'était pas insurmontable. La forêt s'étendait au loin, silencieuse, l'appelant.
Elle sauta.
L'impact lui coupa le souffle, mais elle se redressa aussitôt. Elle courut, sentant le vent sur sa peau, savourant sa liberté.
Elle n'alla pas loin.
Une silhouette surgit sur son chemin. Viktor.
Il s'appuyait contre un arbre, les bras croisés, comme s'il s'attendait à cette scène depuis le début.
- Impressionnant, admit-il. Je me demandais combien de temps tu mettrais à essayer de fuir.
Elle recula, cherchant une issue.
- Je n'ai pas fui. Je suis sortie.
Un rire bref s'échappa de ses lèvres.
- Si tu veux jouer avec les mots, fais-le. Mais la vérité, Hazel, c'est que tu n'as aucun endroit où aller.
Elle le haïssait. Mais plus encore, elle se haïssait elle-même de sentir cette vérité peser sur ses épaules.
- Je préfère encore dormir dehors que sous ton toit.
Viktor ne répondit rien. Il s'approcha lentement, sans brutalité, mais avec cette force inébranlable qui lui était propre.
- Tu n'as pas le choix.
Elle se prépara à courir, mais il fut plus rapide. En un battement de cils, il était sur elle. Un bras autour de sa taille, une prise ferme, implacable. Elle se débattit, griffa, mordit même, mais il ne relâcha pas son emprise.
- Relâche-moi !
Il ne répondit pas. Il la souleva et la porta comme si elle ne pesait rien, ignorant ses coups.
Il l'emmena à travers la forêt, ses pas sûrs, imperturbables. Hazel, hors d'elle, martelait son torse de ses poings, mais il n'en avait cure.
Lorsqu'ils atteignirent la maison, il la posa à terre, lui fit face.
- Finis les jeux, Hazel. Tu ne m'obligeras pas à te mettre sous clé à chaque instant.
Elle lui cracha presque au visage :
- Essaie seulement.
Un éclair passa dans son regard. Cette fois, elle avait poussé trop loin.
Viktor attrapa son poignet et, d'un mouvement rapide, la tira contre lui. Son souffle chaud effleura sa peau tandis qu'il murmurait :
- Très bien. Tu veux la guerre ? Tu l'auras.
Il la relâcha et recula. Hazel, haletante, le fixa, son cœur battant à tout rompre.
La bataille venait de commencer.Hazel n'attendit pas une seconde de plus. Dès que Viktor la relâcha, elle recula d'un bond, prête à courir. Mais elle savait que fuir un Alpha relevait de l'impossible.
Elle pivota brusquement et s'élança, les muscles tendus, le cœur battant à tout rompre. Son souffle court se mélangeait au silence pesant de la nuit. Chaque pas résonnait dans le domaine, mais elle n'avait pas le luxe de la prudence.
Elle ne fit que quelques mètres avant qu'une ombre fondît sur elle.
Une poigne de fer la saisit par le bras et la tira violemment en arrière. Hazel lutta, tordit son poignet pour se libérer, mais Viktor anticipa son mouvement. En une fraction de seconde, il l'attrapa par la taille et la plaqua contre le tronc d'un arbre, emprisonnant ses poignets de ses mains puissantes.
- Tu es terriblement prévisible, murmura-t-il à son oreille.
Hazel se débattit comme une lionne, ignorant la brûlure de l'écorce rugueuse contre son dos.
- Et toi, terriblement arrogant !
Elle leva le genou pour tenter de lui porter un coup, mais Viktor, d'un simple mouvement, évita l'attaque et resserra son étreinte. Son souffle effleura sa joue lorsqu'il baissa la voix :
- Tu crois réellement pouvoir m'échapper ?
Elle le fusilla du regard.
- Si je dois passer ma vie à essayer, alors oui.
Un éclat sombre traversa ses prunelles. Pendant une fraction de seconde, il parut amusé, mais ce fut aussitôt remplacé par quelque chose de plus profond, de plus dangereux.
- Tu me sous-estimes.
Hazel se cambra, cherchant désespérément une faille dans sa force écrasante.
- Et toi, tu me sous-estimes aussi.
Brusquement, elle se pencha en avant et mordit son épaule de toutes ses forces. Viktor grogna, surpris par son audace, mais ne bougea pas. Son emprise sur elle ne se relâcha pas d'un millimètre.
- Mauvaise idée.
D'un geste rapide, il la souleva du sol et la porta sur son épaule comme un vulgaire sac. Hazel hurla, martelant son dos de ses poings.
- Repose-moi immédiatement, espèce de brute !
- Pas avant que tu comprennes que fuir est inutile.
Il avança à pas lents et maîtrisés vers la maison, sans même prêter attention à ses coups. Hazel se tordit, cherchant à se dégager, mais Viktor ne broncha pas.
- Tu n'as aucun droit de me traiter comme ça !
- Oh, mais j'en ai tous les droits, Hazel.
Elle sentit son sang bouillir d'indignation.
- Tu crois vraiment que tu peux me posséder comme un objet ?
Il ne répondit pas immédiatement. Lorsqu'il parla enfin, sa voix était plus basse, plus grave.
- Non. Mais tu es à moi. Que tu le veuilles ou non.
Hazel frissonna, non pas de peur, mais de colère pure.
Lorsqu'ils atteignirent la maison, Viktor la déposa brutalement sur le sol.
- Fuir n'est pas une option. Accepte-le.
Elle le défia du regard, essoufflée, tremblante de rage.
- Et toi, accepte ceci : je ne plierai jamais.
Un silence électrique s'installa entre eux. Viktor l'observa longuement, puis un sourire lent et dangereux étira ses lèvres.
- Nous verrons.
Il tourna les talons et disparut dans l'ombre, la laissant seule avec sa fureur.Hazel se tenait droite, le souffle encore saccadé, les poignets endoloris par l'emprise de Viktor. Il s'était éloigné de quelques pas, mais son ombre pesait toujours sur elle, imposante, inébranlable.
- Écoute-moi bien, Hazel, dit-il d'une voix froide et mesurée. Quitter cette meute, c'est te condamner à mort.
Elle croisa les bras, relevant le menton avec défi.
- Tu dis ça uniquement pour me garder prisonnière.
Viktor la fixa, impassible.
- Si c'était le cas, je n'aurais pas besoin de te prévenir. Je t'aurais simplement enfermée.
Son ton était calme, presque détaché, et c'était précisément cela qui irritait Hazel. Il parlait comme s'il connaissait déjà l'issue de leur affrontement, comme si sa victoire était inévitable.
- Je ne suis pas une enfant naïve à qui l'on fait peur avec des contes, répliqua-t-elle sèchement.
Viktor soupira, passant une main dans ses cheveux noirs.
- Ce n'est pas une menace imaginaire. Il y a des choses qui rôdent à la frontière. Des créatures qui ne respectent ni les lois des hommes, ni celles des loups.
Hazel haussa un sourcil, sceptique.
- Des créatures ?
Un rictus amer étira les lèvres de Viktor.
- Des chasseurs. Des loups bannis qui ont abandonné toute humanité.
Un frisson involontaire parcourut Hazel, mais elle refusa de le montrer.
- Et pourquoi devrais-je te croire ?
- Parce que tu es ma compagne, Hazel, et que je ne te laisserai pas mourir.
L'intensité de ses mots la déstabilisa une fraction de seconde. Mais elle ne céda pas.
- Je suis capable de me défendre seule.
Viktor secoua lentement la tête.
- Tu ne sais rien du monde extérieur. Rien de ce qui t'attend hors de ces terres.
Elle serra les poings, refusant d'être traitée comme une proie vulnérable.
- Je refuse d'être enfermée sous prétexte qu'il y a un danger dehors.
Un silence s'installa, lourd, pesant. Puis Viktor s'approcha, réduisant l'espace entre eux jusqu'à ce qu'elle puisse sentir la chaleur oppressante de son corps.
- Alors va, Hazel. Pars, si c'est ce que tu veux.
Elle le fixa, hésitante. Il la défia du regard, attendant qu'elle prenne cette décision.
- Mais sache une chose, ajouta-t-il d'une voix plus basse. Si tu quittes cette meute, tu ne survivras pas assez longtemps pour regretter ton erreur.
Le défi brûlait dans son regard. Hazel soutint son regard une seconde de plus, avant de tourner brusquement les talons et de s'éloigner.
Elle ne savait pas encore si elle allait partir. Mais elle savait une chose : elle ne se soumettrait jamais.