/0/23293/coverbig.jpg?v=45534e54ad36109b6f207435dbe4052f)
Hazel s'avança dans la grande salle, son regard balayant l'assemblée. Leurs murmures s'éteignirent au fur et à mesure qu'elle pénétrait dans l'espace où les membres de la meute se rassemblaient. Les yeux se posèrent sur elle, certains remplis de curiosité, d'autres de jugement. Les rangs se séparaient autour d'elle comme si une barrière invisible marquait son passage.
Elle avait l'habitude du mépris, mais l'atmosphère ici était différente. Chaque louve et chaque loup la dévisageait comme si elle n'était rien d'autre qu'une intruse, une étrangère, qui n'avait pas sa place dans ce monde.
Un jeune loup, au regard perçant et à la posture arrogante, s'avança. Il la jaugea un instant avant de faire une remarque cinglante :
- C'est donc elle, la fameuse « compagne » du Grand Viktor ? Une humaine.
Les rires étouffés de quelques membres de la meute s'élevèrent autour de lui. Hazel garda la tête haute, mais la colère montait en elle.
Elle répondit d'une voix tranchante, sans laisser paraître ses émotions :
- Je ne vous demande pas de m'accepter.
Une louve plus âgée, aux cheveux d'un noir de jais, la toisa froidement depuis l'autre côté de la salle.
- Une humaine ne peut pas comprendre le poids des traditions. Tu n'es qu'un fardeau pour Viktor.
Les mots de la louve la frappèrent comme un coup de poing. La douleur du rejet était évidente dans les yeux de celle qui l'avait désignée ainsi. Elle était une étrangère dans cette meute, non seulement à cause de son statut d'humaine, mais aussi à cause de son refus d'accepter les règles impitoyables qui les unissaient.
Elle se redressa, décidée à ne pas se laisser faire.
- Si je suis un fardeau, c'est un fardeau que vous devrez apprendre à supporter.
Un rire rauque s'échappa d'un autre membre, plus imposant, sa stature de loup enragé ne laissant aucun doute sur sa nature sauvage. Il s'approcha de Hazel, presque menaçant.
- Qu'as-tu à offrir, humaine ? Hormis ta simple existence aux côtés de l'Alpha ?
Il n'attendait pas vraiment de réponse, et Hazel se rendit bien vite compte que cet affrontement ne finirait pas ici. Elle serra les dents, refoulant sa colère, mais sa voix demeura ferme :
- Je ne suis pas là pour vous plaire.
Elle se tourna alors vers Viktor, qui observait la scène sans intervenir, une lueur indéchiffrable dans ses yeux.
- Si vous avez quelque chose à dire à propos de moi, il est temps que vous me le disiez. Je préfère l'entendre directement de votre bouche plutôt que par les murmures derrière mon dos.
Le silence tomba une fois de plus. Les membres de la meute se dispersèrent, certains murmurant, d'autres se retirant dans l'ombre. Hazel n'avait pas gagné cette bataille, mais elle n'avait pas non plus cédé. Loin de là.
Elle sentait les regards peser sur elle comme une chape de plomb, mais elle ne les laissa pas l'atteindre. Viktor, toujours immobile, se rapprocha d'elle, son regard fixé sur elle.
- Tu t'es attirée des ennuis, tu le sais ?
Elle tourna la tête, ses yeux s'accrochant aux siens.
- Alors arrête de me les causer.
Le froid dans sa voix laissa place à une tension palpable, mais Hazel n'eut pas peur.
Elle n'avait pas peur de lui. Elle n'avait pas peur de ce monde. Elle n'avait pas peur de cette meute. Mais elle savait que cette résistance, aussi infime soit-elle, la marquerait à jamais comme une étrangère aux yeux de ceux qui régnaient ici.
Alors que l'assemblée commençait à se dissiper, une tension sourde se fit soudainement sentir. Des bruits de pas lourds et rapides résonnèren », des grognements distincts filtrèrent à travers les fenêtres ouvertes de la grande salle. La meute se figea instantanément, les regards se braquant sur Viktor, comme si tous attendaient sa réaction. Hazel, toujours sur ses gardes, scruta l'ambiance avec inquiétude.
Viktor se leva, son visage se durcissant en une expression impassible. Il n'avait pas besoin de parler pour que ses intentions soient claires. En un éclair, il se précipita vers la porte, ses muscles tendus comme des fils prêts à rompre. Hazel suivit son mouvement du regard, son cœur battant la chamade.
Soudain, les portes volèrent en éclats, et une meute de loups ennemis se précipita dans la pièce. Leur fourrure sombre comme la nuit et leurs yeux jaunes perçaient l'obscurité comme des prédateurs affamés. Ils étaient là pour un seul but : détruire, détruire tout ce qui appartenait à Viktor.
Hazel recula instinctivement, le corps tendu, mais elle n'eut pas le temps de fuir. Viktor, avec une vitesse et une précision inouïes, bondit au centre de la pièce. Un rugissement rauque échappa à ses lèvres, et en un instant, il se métamorphosa, se retrouvant dans la forme imposante d'un Alpha. Sa fourrure grise, presque argentée, brilla sous la lumière tamisée de la salle.
Les loups ennemis se reculèrent instinctivement, hésitant face à la puissance brute de Viktor. Mais ils étaient trop nombreux, et l'attaque semblait préméditée. Viktor se lança sur le premier d'entre eux, déchiquetant sa chair avec une violence inouïe. Les autres se ruèrent sur lui, mais chaque coup qu'il donnait semblait envoyé avec la force de centaines de loups. Le sol vibrait sous ses puissants coups, et les bruits des corps heurtant le sol résonnaient à travers la pièce.
Hazel resta figée, l'adrénaline la paralysant. Elle avait vu des combats entre loups, mais ce qu'elle observait maintenant dépassait tout ce qu'elle aurait pu imaginer. Viktor était une bête de guerre, son agilité et sa brutalité faisant de lui un monstre invincible. L'un des ennemis tenta de s'approcher d'elle, mais Viktor l'attrapa en l'air, le jetant contre un mur avec une facilité déconcertante.
La salle se vida progressivement de ses assaillants. Viktor se redressa, haletant, sa forme humaine réapparaissant lentement. Il passa une main sur son visage, essuyant le sang qui maculait sa peau, avant de se tourner vers Hazel, ses yeux perçant fixant la jeune femme avec une intensité nouvelle.
- Reste derrière moi, ordonna-t-il froidement.
Elle ne répondit pas, se contentant de hocher la tête, encore sous le choc de ce qu'elle venait de voir. Viktor venait de lui montrer une facette de lui qu'elle n'aurait jamais imaginée. Ce n'était pas seulement un Alpha impitoyable dans le monde des hommes. C'était un prédateur. Un tueur né.
Plus tard, après que les autres membres de la meute aient pris le contrôle des blessés et des corps, Viktor laissa Hazel seule un moment, alors qu'il s'éclipsait pour gérer les dernières conséquences de l'attaque. C'était son moment, sa chance.
Hazel se dirigea d'un pas furtif vers le bureau de Viktor, son esprit occupé par la violence qu'elle venait de contempler. Elle n'avait pas l'intention de se contenter de ce qu'on lui disait de lui. Elle voulait savoir. Elle avait besoin de savoir ce qui poussait un homme, un Alpha, à en venir à des actes aussi extrêmes.
Elle fouilla le bureau, manipulant chaque objet avec précaution. C'est alors qu'une vieille lettre, partiellement déchirée, attira son attention. Elle la saisit, ses doigts parcourant les bords usés du papier, découvrant des mots incomplets.
« ... désolé, mais la meute... ce n'est pas... tout ce qui reste... »
L'écriture était tremblante, presque effacée, mais la peur qu'elle décelait dans ces mots la frappa profondément. Hazel plia la lettre avec soin, la dissimulant sous sa chemise, avant de se redresser. Quel secret cachait Viktor ? Pourquoi cette lettre semblait-elle si importante qu'il l'aurait laissée, malgré la fragilité du message qu'elle contenait ?
À cet instant, Hazel comprit que l'ombre de Viktor n'était pas seulement faite de pouvoir et de conquêtes. Il y avait une histoire derrière lui, une douleur enfouie, qu'il ne partageait avec personne. Et elle comptait bien la découvrir, un morceau à la fois.